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ELECTIONS PROFESSIONNELLES : GALOP D’ESSAI OU TEST ? Par Mustapha SEHIMI
Élection des chambres professionnelles à Errachidia
Les résultats provisoires des élections professionnelles du 6 août courant ont été annoncés par le ministre de l’Intérieur. Ce qu’il faut en retenir ? Le premier rang au RNI avec 638 sièges (28,61%) surclassant ainsi tous les autres partis. Le PAM, premier en 2015, est ainsi relégué en deuxième position avec 363 sièges (16,28%) ; il est suivi du PI (360), du MP (164), de l’USFP (146), de l’UC (90) du PPS (82) et du PJD (49). Les « indépendants » (SAP), eux, ont remporté 271 sièges (12,15%) pratiquement dans le même étiage qu’en 2015 (258).
Les 12.195 candidatures déposées pour pourvoir les 2.230 membres des chambres professionnelles (agricultures, commerce, industrie, services, artisanat, pêches maritimes) donnent une moyenne nationale de l’ordre de six sièges pour chaque siège, traduisant une hausse de 7,27% par rapport à 2015. En affinant, l’on peut observer que ce chiffre se décline différemment suivant les chambres - une moyenne de 8 (artisanat), de 6 (commerce, industrie, services et de 3 (pêches maritimes). La participation à ces élections, avec 47,24% a été plus forte qu’en 2015 (43%). Ainsi, 882.736 électeurs et électrices sur un total de 1.866.790 ont été identifiés dans ce corps électoral professionnel.
Un regain de participation qui ne doit pas conduire à conclure rapidement à une éventuelle projection pour les scrutins du 8 septembre prochain (communes, régions, Chambres des représentants). De la même façon, ce serait hasardeux de simuler, sur ces bases-là, des indicateurs pour les résultats des partis politiques à cette échéance. Pour autant, l’on peut observer pour ce scrutin du 6 août, le doublement des élus du RNI par rapport à 2015, preuve d’une grande mobilisation de ce parti, sous la houlette de son président Aziz Akhannouch. Cet élan se vérifiera-t-il dans quatre semaines ? Par ailleurs, il vaut de noter le tassement d’une formation comme le PI ou encore le recul d’autres tels le PAM, l’USEP, l’UC, le MP et celui encore plus net du PJD avec 49 élus seulement, soit une chute de 75% par rapport à 2015 (196). Preuve que dans ce monde professionnel pluriel, la formation islamiste est en grand recul par suite en particulier de l’offensive et de la reconquête « activiste » du parti de la colombe.
L’on notera, par ailleurs, la sous-représentation des femmes avec seulement 171 candidates élues, soit 7,67%. Ce n’est pas vraiment encore un saut qualitatif même si le chiffre des candidates (3.055) est plus de quatre fois et demi celui de 2015, soit le quart du total des candidatures. Mais il reste que leur taux d’éligibilité frappe par sa médiocrité. Elles représentent un quart des candidatures mais elles ne remportent que 7,67% des sièges alors d’un principe d’égalité genre aurait dû les voir gagner quelque 550 sièges…
Ce scrutin du 6 août est le premier rendez-vous électoral devant se poursuivre par d’autres échéances en septembre – octobre. Il a contribué à mettre en marche les partis qui étaient en « mode veille » depuis le début de la pandémie Covid-19 en mars 2020. Des dispositifs ont été ainsi mis sur pied ; les appareils ayant désormais l’œil rivé sur la suite de l’agenda électoral. Un échauffement. Et un galop d’essai. Pas un test grandeur nature des prochains résultats, surtout ceux de la Chambre des représentants où le corps électoral est celui des 15,7 millions d’électeurs inscrits et pas celui d’électeurs des chambres professionnelles.