JUIFS ET MUSULMANS DE FRANCE, QUI SONT LES PYROMANES : 4/5 - PIERRE-ANDRE TAGUIEFF, L’UTILE ARTIFICIER AU SIONISME – PAR DRISS AJBALI

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Pour P-A Taguieff (photo), l’antisémitisme participe d’une confusion qui a la faiblesse de mettre sur le même plan les enfants d’Abraham, les descendants d’Issac et d’Ismaïl et d’amalgamer juifs et arabes. Ces derniers, surtout, peuvent alors se targuer de l’impossibilité d’être antisémites. Il a alors créé pour eux et pour leurs sympathisants le concept de la judéophobie.

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Dégage, une injonction effervescente* dans un verre d'eau - Par Driss Ajbali

Dans la troisième partie consacré à la Fondation 2 mars, Driss Ajbali a décortique comment cette fondation a réussi la ‘’hamassisation’’ de l’image de la jeunesse des banlieues françaises. Dans cette quatrième partie de la série d’articles aux Musulmans et Juifs de France, l’essayiste démontre comment P-A Taguieff, par une pirouette intellectuelle, a tenté de concéder le sémitisme, tout le sémitisme aux seuls arabes en « israélisant » et en « sionisant » tous les juifs du monde.

En publiant son rapport, le 27 mars 2000, le CNCDH français fit état d’une augmentation substantielle de manifestations de racisme avec, en particulier, un « brutal accroissement des actes antijuifs ». Cela apparut comme un indice de la banalisation de l’antisémitisme dans la société française. Pierre-André Taguieff faisait partie des rédacteurs du rapport.

En janvier 2002, 3 mois après la déflagration du 11 septembre, alors qu’il présidait la fondation « 2 mars », le même Pierre-André Taguieff, publiera un livre, La Nouvelle judéophobie.  Rare et jusqu’à là, peu utilisé le concept judéophobie sera privilégié par ce penseur au mot antisémitisme.

Lire la première partie :  JUIFS ET MUSULMANS DE FRANCE, QUI SONT LES PYROMANES – 1/5 : LA FIN D’UN CYCLE ET D’UN MYTHE – PAR DRISS AJBALI

Au passage et au même moment, apparut, comme par réaction chimique et par un parallélisme de forme, le terme Islamophobie, jusqu’à là, tout aussi inexistant. Porté par Tariq Ramadan, Le Monde diplomatique et bientôt par le Collectif contre l’Islamophobie, qui se voulait l’avocat zélé de l’Islam, au moment même où le ministre de l’intérieur, un certain Nicolas Sarkozy, s'éprouvait à mettre en place le Conseil du culte musulman, qui s’avèrera plutôt inculte.

La thèse de Taguieff est la suivante : l’antisémitisme participe d’une confusion. Il indique certes l’inacceptation des « sémites ». Il a cependant la faiblesse de mettre sur le même plan les enfants d’Abraham, les descendants d’Issac et d’Ismaïl et d’amalgamer juifs et arabes. Ces derniers, surtout, peuvent alors se targuer de l’impossibilité d’être antisémites puisqu’ils sont, de fait, sémites. L’intérêt du terme judéophobie, c’est qu’il spécifie et d’explicite le rejet du juif dans sa nouvelle dimension.

Autant l’antisémitisme des Nazis fut basé sur une conception supérieure de la race aryenne, autant la judéophobie véhicule l’amalgame entre « juif », « israélien » et « sioniste ».  Autant l’antisémitisme européen était développé par de puissants esprits, Edouard Drumont, Charles Maurras, Lucien Rabatet ou Céline. Autant la nouvelle Judéophobie, plus inculte, puise sa sève dans la glorification des victimes d’Israël et du sionisme, qui sont les palestiniens.

Lire la deuxième partie : JUIFS ET MUSULMANS DE FRANCE, QUI SONT LES PYROMANES - 2/5 : DE L’IMMIGRÉ AU MUSULMAN – PAR DRISS AJBALI 

Et si la nouvelle Judéophobie se répand dans le monde arabe et musulman, elle contamine, dans le même temps, les anticolonialistes, les anti-impérialistes, les anti-américains, les anti-racistes et surtout les antisionistes. Pour Taguieff le « pro-palestinisme compassionnel est ainsi jumelé à un anti-israélisme compulsionnel », avec comme soubassement le « mythe répulsif » d'une « figure démonisée » : «les Juifs-Israélien-sioniste ».

 La judéophobie se manifestera rapidement dans les quartiers de France. La preuve par le rapport du CNCDH comme parle recensement du ministère de l’intérieur, dirigé alors par Daniel Vaillant, qui rapporta que du « premier octobre 2000 au début novembre 2001, environ 200 agressions antijuives ont été déclarées ». « La menace » était un fourre-tout qui pouvait contenir aussi bien un tag sur une synagogue, qu’une injure ou une agression physique.  Avec ses saillies mordantes, Churchill ne disait-il pas « Je ne crois aux statistiques que lorsque je les ai moi-même falsifiées ».

Force est de reconnaitre que les acteurs de ces menaces étaient généralement des jeunes issus des quartiers de France, maghrébins, musulmans et le plus souvent ignares et incultes. Ils s’étaient découvert une passion nouvelle pour les questions géopolitiques. Ils se sont palestinisés par procuration. Taguieff en a profité pour en faire l’illustration de sa théorie. Il a par cette cabriole conceptuelle rendu à Brasillach ce qui était à Brasillach et à Abdelhak ce qui est devenu Abdelhak.

En 2017, Yan Moïx, fécond auteur et brillant phraseur, aura dans son livre Terreur, une formule plus stylée : L’antisémitisme du dernier siècle était une intelligence malade. L’antisémitisme actuel est une bêtise en bonne santé » 

Lire la troisième partie : JUIFS ET MUSULMANS DE FRANCE, QUI SONT LES PYROMANES - 3/5 : LA FONDATION ''2 MARS''

Dans un extrait tiré de son livre, La Nouvelle Judéophobie on peut lire « Dès l ‘automne 2000, la force des images jouent dans le sens anti-israélien, lorsque la séquence de la mort, filmée en direct, du jeune Mohamed passe et repasse sur toutes les chaines de télévision. La représentation victimaire du palestinien est massivement réactivée, et renforcée par la compassion maximale qu’éprouve le téléspectateur pour un enfant tué au cours d’un affrontement. Le postulat de l’innocence de la victime ne pouvait trouver meilleurs supports médiatiques. L’image du palestinien devient celle d’un enfant martyrisé par une armée impitoyable. La légende du meurtre rituel, véhiculant le stéréotype du « juif cruel » et sanguinaire fournit un schème d’interprétation : Tsahal devient l’armée tueuse d’enfants innocents. Voilà qui suffit à faire oublier les images des Fedayins attaquant les crèches de kibboutzim dans les années 1970 ». Ariel Sharon, premier ministre de l’époque, pouvait, selon la grille de lecture des nouveaux judéophobes, passer pour le nouvel Adolf Hitler.

La démonstration de ce penseur aboutira à trois redoutables et puissantes conclusions :

  • Tout antisionisme est un antisémitisme.  17 ans plus tard, un texte qui « élargit la définition de l’antisémitisme à l’antisionisme » sera adopté, en 2019, par l’Assemblée nationale française provoquant dans le monde l’ire de nombreux juifs antisioniste.
  • la déconstruction de l’antiracisme (ce nouveau fascisme selon Finkielkraut)
  • L’invention de la figure de l’islamogauchiste dont Jean-Luc Mélenchon incarne aujourd’hui la figure tutélaire. Celui-ci est non seulement accusé, pour des raisons électorales, de faire des clins-d ‘œil aux islamistes mais, ce qui est plus avilissant, d’opérer, sur l’échiquier politique, une migration de l’antisémitisme qui passerait de l’extrême droite vers la gauche. 

La pédagogie étant l’art la répétition, à force d’être rabâchées de manière quasi industrielle, depuis 21 ans, ces idées ont fini par imbiber dans la société. Ils constituent de depuis le 7 octobre 2023, les éléments du débat.  

Il n’a donc pas suffi à ce penseur de manipuler la version biblique. Il a, par une pirouette intellectuelle, tenté de concéder le sémitisme, tout le sémitisme aux seuls arabes en « israélisant » et en « sionisant » tous les juifs du monde, devenus pour le coup les explicites victimes de la nouvelle judéophobie qui prospère dans 22 pays arabes et surtout dans les quartiers de France.

Bravo l’artiste

 

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