LE REGIME DE BANANES - Par Naïm Kamal

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Le régime des colonels autopromus généraux n est réduit à racler les fonds de la marmite du travestissement de l’histoire pour se donner une contenance inexistante

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Ni Francophobes ni francophiles – Par Naïm Kamal 

On peut s’appeler Mandla Mandela, ou même être un parfait homonyme de Nelson Mandela. Etre le petit fils ou le fils de l’icône sud-africaine de la lutte contre l’apartheid. Sans pour autant être plus signifiant qu’une spatule  à laquelle le régime des colonels autopromus généraux est réduit à recourir pour racler les fonds de la marmite du travestissement de l’histoire pour se donner une contenance inexistante et égratigner au passage le Maroc voisin.

Plus célèbre pour ses frasques extraconjugales et ses déboires judiciaires, il se pointe à Constantine en représentant d’un ANC (Africain National Congres) en décrépitude avancée sur la voie de la FLN–isation. Se présente en légataire universel de l’héritage militant de son grand-père, et en mandataire du combat du peuple sud-africain oublié depuis le démantèlement de l’apartheid et à ce jour dans la misère des Townships. Mais les choses étant ce qu’elles sont en Afrique du Sud, Mandla est, au choix, une usurpation de combat ou une captation crapuleuse de Madiba. Plus probablement les deux. Dérisoire et insignifiant à la fois.

Comme est dérisoire et insignifiant aussi ce ‘’donnez-lui des bananes, le Marocain est un animal’’ scandé à gorges déployées semble-t-il à l’ouverture du CHAN 2023. Banane ça rime en arabe avec hayaouane, mais c’est une rime pauvre comme disait l’ancien président français François Mitterrand quand on lui hurlait ‘’Mitterrand Fous le camp’’. Sans compter que pour donner des bananes aux Marocains, il faudrait d’abord en acheter au Maroc. Car jusqu’à nouvelle ordre, ce beau et nutritif fruit du bananier, cher et rare en Algérie, est inaccessible aux Algériens.

Certains ont vu dans ce piètre slogan une expression de racisme, ce qui n’est pas tout–à-fait exact, même si la référence à la banane renvoie au singe et trahit l’idée que certains Algériens se font de leurs semblables africains. Parce que et jusqu’à plus ample informé, les Algériens n’ont pas la blondeur raciste de la sulfureuse Brigitte Bardot ni la présumée supériorité des ségrégationnistes WASP (Anglo-Saxon blanc et protestant) américains qui pendant longtemps ont fourni les contingents de l’ancêtre des suprémacistes with, le Ku Klux Klan.Mais il est vrai aussi que le régime algérien se trompe beaucoup et souvent sur son propre compte.

Trêve de conneries !

Passez-moi l’expression et passons à autre chose ! L’Algérien Abdou Semmar, qui anime avec fougue et talent depuis la France le site d’opposition Algérie Part, est sorti à la suite du refus algérien d’autoriser un vol marocain direct sur Constantine pour ne donner tort à personne et raison à aucun. Dos-à-dos, il renvoie Maroc et Algérie. Pour la noble cause. Il prêche la réconciliation, invite intellectuels et acteurs de la société civile à œuvrer pour le rapprochement entre les deux pays, en appelle à l’UA, aux grands pays arabes et aux puissances mondiales pour pratiquement imposer aux deux voisins de s’assoir à une même table. Il ne comprend pas non plus la haine qui s’est installée entre les deux pays et refuse son alimentation. Comment ne pas y adhérer ?!

J’ai eu le plaisir de partager avec Abdou Semmar quelques débats sur Maghreb = Monde de Maghreb Intelligence et j’ai eu à toucher du doigt son souci, chaque fois qu’on converse autour de nos deux contrées, de ne pas s’aliéner une partie de son auditoire algérien sensible aux thèses du régime pour rester audible auprès d’elle. Ce qui est compréhensible.

Je sais aussi qu’il n’ignore pas que le Maroc par la voix la plus autorisée, celle de son Roi, a appelé Alger, pas une, pas deux, mais plusieurs fois à des négociations directes sans conditions et sans escamotage d’aucun sujet. A chaque fois, ses invitations ont été reçues par ou le silence, ou des déclarations dédaigneuses, ou de grosses et grossières manœuvres militaires à ses frontières.

Lui-même a récemment fait référence au ridicule de cette politique de la tension permanente et de l’escalade continue. Lui-même, condamné à l’exil et condamné à mort par contumace juste parce que c’est un journaliste d’investigation opposant, sait dans sa vie et dans sa chair combien les décideurs de son pays sont peu prédisposés à l’échange et à la négociation. Alors s’il croit possible de convaincre le régime des bananes de discuter, on est preneurs.