L’Afrique a besoin de leadership pas de leaders

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«Les barrières à l’entrée dans la société politique doivent être brisées, la démocratie n’est pas un événement unique, mais l’institutionnalisation d’un processus» 

La fondation du milliardaire soudanais Mo Ibrahim a profité de la session de «Leadership for Africa» au Rwanda, pour délivrer plusieurs messages. D’abord Mo Ibrahim a remis le prix de son organisation à Ellen Johnson Sirleaf, alors qu’il s’est abstenu de délivrer ce prix pendant deux ans. Sirleaf a réussi à sortir son pays, le Liberia, de la guerre civile et à assurer une transition tranquille, sans violence aucune. Le second message est dans le choix de Kigali comme lieu de cérémonie de la remise de ce prix. Le Président Kagame a réussi à faire de son pays un lieu de stabilité, de progrès, de réussite économique, après l’épreuve du génocide.

Mais, au-delà, il y a eu des positions très fortes sur l’actualité et le devenir de l’Afrique. Mo Ibrahim a cité l’exemple de la Suisse pour signifier que le plus important c’est la crédibilité des institutions et non pas les leaders.

Ellen Johnson Sirleaf, première femme présidente en Afrique, a fait un discours où elle a insisté sur la nécessité de l’intégration de la femme, de son accès aux responsabilités, mais aussi que la bonne gouvernance c’est l’offre de services publics aux citoyens et non pas uniquement la mission régalienne.

«Les barrières à l’entrée dans la société politique doivent être brisées, la démocratie n’est pas un événement unique, mais l’institutionnalisation d’un processus», a déclaré la lauréate du prix de la fondation Mo Ibrahim.

«Nous partageons tous la conviction que la gouvernance responsable et la prestation de services, sont les principales responsabilités du gouvernement», a confirmé le Président rwandais Paul Kagame. Tous les participants sont d’accord qu’une telle idée de la gouvernance est inséparable de la démocratie.

Kagamé est président de l’Union Africaine, il a été très clair sur le cas de la république démocratique du Congo, l’ancien Zaïre. Il rappelle à Joseph Kabila qu’il a des frontières avec 9 pays, dont le Rwanda, et qu’il est normal que 9 pays s’inquiètent de l’instabilité qui se profile à l’intérieur de la RDC. Joseph Kabila refuse de se plier à la constitution et de partir. Kagamé ne cache pas qu’il se pourrait que les pays frontaliers s’investissent dans ce dossier.
En fait, les problèmes démocratiques, et ceux liés à la gouvernance économique, ont été au centre des débats mais de manière liée, imbriquée. Mo Ibrahim plaide pour un leadership des institutions et non pas des hommes ou des femmes. Ce qui est rassurant, c’est que les participants, y compris d’anciens chefs d’Etat, soutiennent cette position. C’est le signe que ces questions, ces options fondamentales, ne sont plus occultées par la simple gestion des conflits. Il est maintenant établi que pour éliminer les turbulences, il faut aider à une gouvernance responsable, seule à même d’imposer la paix.

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