Politique
Nominations surprenantes de ministres insolites- Par Samir Belahsen
Nawal El Moutawakel, en 1984 aux JO de Los Angeles, personne, en dehors du carré de l’athlétisme, ne la connaissait et ne l’attendait, quand à la surprise générale elle déboule comblant les Marocains d’une médaille d’or historique au 400 m haies. En1997, personne ne l’attendait non plus lorsqu’elle déboule pour occuper le portefeuille de secrétaire d’Etat à la Jeunesse et des Sports dans le gouvernement Filali II
“Rien n'est comparable aux qualités d'un ministre qui arrive si ce n'est les défauts d'un ministre qui part.”
Emile Banning / Réflexions morales et politiques
“Un ministre est toujours en équilibre entre un cliché et une indiscrétion.”
Harold Macmillan
Les Marocains viennent de découvrir la nouvelle équipe de ministres qui forment ce qu’il est déjà convenu d’appeler le gouvernement Akhannouch II.
Bien entendu, cette liste a mis fin à prés d’un an de spéculations sur les réseaux sociaux et sur les colonnes d’une certaine presse.
Nominations surprenantes, ministres insolites ? Il y en a toujours eu et partout dans le monde.
L'histoire est remplie de nominations de ministres insolites, dont certaines ont marqué les esprits.
Quelques exemples ?
La nomination par Caligula, de son cheval favori, appelé Incitatus, en tant que consul en 39 après J.-C. reste la plus célèbre. Consul à cette époque était quelque chose comme premier ministre.
Cette nomination de l’empereur romain Caligula est depuis le symbole de la suprématie de la politique sur la compétence.
Au XIXème siècle, l'entrée au gouvernement de James Barry qui avait dû se faire passer pour un homme pour exercer la médecine, il fut découvert être une femme après sa mort.
Les critères de sélection des ministres varient d'un pays à l'autre et d’une époque à l’autre.
En règle générale les chefs d'État et de gouvernements tiennent compte de plusieurs facteurs pour nommer des ministres.
Les critères courants incluent l'expérience politique, le réseau de contacts, l'expertise dans le domaine spécifique du ministère, la fidélité au parti ou au chef, la popularité auprès de la population, et parfois même des considérations régionales, ethniques ou tribales.
Une nomination est surprenante lorsqu’elle ne suit pas ces critères habituels.
Des ministres issus de domaines inattendus
Certains ministres ont été nommés dans des domaines inattendus. En France la musicienne Françoise Nyssen, avait été nommée ministre de la Culture en France en 2017.
Au Japon, le célèbre joueur de baseball, Wataru Kaji, avait été nommé ministre de la Reconstruction en 2012.
Au Maroc, en 2007, la championne olympique Nawal El Moutawakel avait été nommée Secrétaire d’Etat chargée de la jeunesse et des sports succédant à Mohammed El Gahs.
Ces nominations non classiques ont suscité l’étonnement et parfois la controverse, elles auraient permis d'apporter un regard différent sur des domaines traditionnellement associés à des profils plus classiques.
Des ministres inexpérimentés
Les nominations de ministres inexpérimentés ont souvent suscité des controverses et des débats.
En 2018, au Royaume-Uni, Esther McVey avait été nommée secrétaire d'État au Travail et aux Retraites malgré son manque d’expérience.
Au Canada, l'ancienne ministre du Tourisme Mélanie Joly avait été nommée ministre du Patrimoine canadien malgré son inexpérience dans ce domaine.
Ce genre de nominations soulève des préoccupations quant à la capacité de ces ministres à assumer pleinement leurs responsabilités et à prendre des décisions éclairées dans des domaines complexes surtout dans des ministères jugés techniques.
Les ministres controversés
Parmi ces nominations, on peut citer celle du ministre de la santé au Brésil, Nelson Teich, qui avait démissionné après quelques semaines en raison de désaccords avec le président.
Au Philippines, la nomination du chanteur Freddie Aguilar au poste de conseiller spécial pour les arts et la culture a été largement critiquée en raison de son manque d'expérience.
En France, la nomination de Gérald Darmanin en tant que ministre de l'intérieur avait suscité la controverse en raison d'accusations de viol qui pesaient contre lui.
Les ministres de profils atypiques
Les ministres de profils atypiques sont ceux qui ont été nommés à des postes ministériels malgré des antécédents professionnels inhabituels. On peut citer la nomination de Bono, le chanteur du groupe U2, en tant que ministre de la Coopération en Irlande.
Au Mexique, l'ancienne star de football Cuauhtémoc Blanco avait été nommée maire de Cuernavaca.
En Tunisie, Tarek Diab avait été nommé après le printemps arabe comme ministre de la jeunesse dans le gouvernement dirigé par Hamadi Jebali.
Ces nominations avaient soulevé des débats sur les qualifications nécessaires pour occuper de telles fonctions, ainsi que sur les motivations politiques derrière ces choix.
Les nominations de ministres insolites suscitent des réactions mitigées, certains applaudissent la diversité et l'ouverture d'esprit, alors que d'autres expriment leurs inquiétudes quant à la compétence et à l'expérience des nominés.
Parfois, ce débat public intense, est alimenté par des discours passionnés et des campagnes de soutien ou de condamnation sur les réseaux sociaux.
Les partisans des ministres insolites et surprenants soulignent leurs perspectives nouvelles et leurs compétences « uniques », tandis que les critiques mettent en avant les risques potentiels et les défis auxquels ils pourraient être confrontés.
Globalement, les réactions face à ces nominations reflètent aussi bien les tensions entre le désir de changement et les préoccupations liées à la stabilité et à l'efficacité du gouvernement que les clivages sociaux et politiques de l’époque
Quelles leçons peut-on tirer de tous ces exemples ?
Tout d'abord, ces nominations mettent en lumière la flexibilité et l'adaptabilité des systèmes politiques à travers le monde.
Elles reflètent les pratiques us et coutumes des élites politiques d'une époque...