L'affairisme … Par Samir Belahsen

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Par affairisme, qui souvent expose une saine économie des affaires à des confusions malencontreuse, désigne ici une forme de corruption systémique où des intérêts personnels et privés s'opposent aux objectifs collectifs

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« N'ayez jamais peur d'élever la voix pour l'honnêteté, la vérité et la compassion contre l'injustice, le mensonge et la cupidité. »

William Faulkner

“La pire des corruptions n'est pas celle qui brave les lois ; mais celle qui s'en fait à elle-même.”

Louis de Bonald

L'affairisme, un phénomène complexe et souvent controversé, prend une ampleur significative au Maroc en cette année 2025, si l’on croit les news et les analyses formulées par les leaders politiques de la majorité comme de l’opposition. Ce phénomène façonne non seulement l'économie nationale, mais également le climat politique. 

Par affairisme, qui souvent expose une saine économie des affaires à des confusions malencontreuse, désigne ici une forme de corruption systémique où des intérêts personnels et privés s'opposent aux objectifs collectifs, engendrant des réseaux d'influence inaccessibles au citoyen Lambda.

En usant des arrangements opaques entre les décideurs politiques et des acteurs économiques, l'affairisme crée un environnement propice à l'enrichissement illicite, distordant ainsi les fondements même de la démocratie, de l’égalité des chances et de la transparence. 

La montée en puissance de réseaux obscurs est susceptible de transformer le paysage politique marocain, remettant en question la loyauté aux institutions et la confiance du public.

On est à un carrefour décisif 

Alors que le pays cherche à s'engager sur la voie des réformes économiques et politiques, l'affairisme n'est pas seulement un défi à relever, mais un puissant catalyseur ayant le potentiel de redéfinir les relations entre l'État et les citoyens. La manière dont ces dynamiques se jouent influencera la gouvernance, les libertés politiques et l'engagement civique. Ces nouvelles élites affairistes pourraient, par ailleurs, exercer un contrôle disruptif sur les processus électoraux à venir, augmentant la portée de la manipulation systématique et entravant les aspirations à un changement démocratique réel et authentique.

Présent dès les débuts de l’indépendance par nécessité, celle de créer un capital et une bourgeoisie nationale modernes, l’affairisme va vivre une accélération notable au milieu des années 1980 avec l’apparition de l’idée au sein des partis dits historiques de l’ouverture sur ‘’le notabilités locales’’ au nom de gains électoraux, perdant ainsi leur ragard moral du fonctionnement de la société et de l’État, les libérant de toute censure institutionnelle crédible. Ce ‘’nouveau’’ comportement vient consolider une pratique courante au sein des partis dits administratifs.

Quelles sont ses répercussions potentielles sur le climat politique marocain ?

En scrutant et en analysant les interactions entre pouvoir politique et intérêts privés, on peut mesurer l'impact de cette dynamique sur le tissu social marocain. Cette analyse deviendra essentielle pour envisager des solutions constructives visant à restaurer la confiance et à promouvoir un environnement politique plus inclusif et équitable.

L'affairisme

L'affairisme, concept aux ramifications multiples, se définit comme une tendance marquée à privilégier les intérêts privés et à rechercher des gains personnels au détriment des préoccupations collectives ou éthiques. Au Maroc, l'affairisme se manifeste par des comportements opportunistes au sein des dynamiques de pouvoir, influençant les décisions économiques et sociales, mais aussi les fondements mêmes de la démocratie. Ce phénomène est intrinsèquement lié à la corruption, à la collusion favorisée entre des élites économiques et politiques et aux conflits d’intérêt où les enjeux d’intérêt personnel mènent à des pratiques déloyales.

Cette culture de l'affairisme se solidifie plus dans un environnement marqué par l'absence de transparence et de régulations strictes. Des individus et des groupes arrivent à naviguer dans les interstices du système légal en toute impunité. 

On aboutit à une constellation de pratiques qui transforme les institutions publiques en outils d'enrichissement personnel, créant des inégalités économiques et sociales flagrantes. Cela peut se traduire par le favoritisme dans l'attribution de contrats publics ou par la manipulation des lois pour favoriser des intérêts privés, entre ententes et monopoles et ‘’chennaqas’’ (littéralement ceux qui vous étouffent en vous tenant par la gorge). 

Globalement, là où l’affairisme prospère, on observe non seulement un affaiblissement de l'État de droit, mais aussi une érosion de la confiance publique dans les institutions et dans le processus démocratique au risque d'intensifier les tensions sociales et d'affaiblir le tissu démocratique, exacerbant les fractures entre différents segments de la population. 

Ainsi des intérêts mal intégrés peuvent peser lourdement sur l'avenir du pays.

La lutte contre l'affairisme exige une réponse collective et consciente. Une réponse d’abord politique ancrée dans les valeurs de transparence, d'honnêteté et de responsabilité, sans lesquelles il sera difficile de bâtir une société équitable et résiliente. Une réponse juridique efficace car c’est le sentiment d’impunité qui favorise la culture de l’affairisme.

Les partis politiques

Les partis politiques ont joué un rôle déterminant dans la façon dont l'affairisme a évolué et s'est intégré dans le paysage politique Marocain. Ils ont agi à la fois comme des acteurs de changement et des facilitateurs des dynamiques de pouvoir, souvent en naviguant, chacun à sa manière, dans un contexte où les interconnexions entre les affaires et la politique sont devenues de plus en plus prononcées. 

Aujourd’hui, cette interconnexion nécessite une analyse rigoureuse de la façon dont les partis ont non seulement répondu aux enjeux économiques, mais aussi comment ils ont façonné les intérêts privés et collectifs par le biais de leurs structures et de leurs stratégies.

Des partis politiques marocains, qu'ils soient de gauche, de droite ou du centre, ont utilisé leur influence pour établir des réseaux de parrainage qui favorisent l'accès aux ressources et opportunités économiques. 

Ils ont créé une culture où les conflits d'intérêts peuvent prospérer, des leaders politiques étant fréquemment liés à des entreprises privées par des rapports financiers. 

Des comportements opportunistes ont émergé, ils ont été tolérés et dans certains cas encouragés alors que les partis politiques ont la responsabilité d'éduquer et d'impliquer leur base électorale dans la lutte contre l'affairisme. 

Aujourd’hui, les propositions claires pour limiter l'influence des intérêts privés sur les décisions politiques, doivent devenir des priorités, les partis devraient s’engager à jouer un rôle proactif contre les dérives de l'affairisme afin de favoriser un climat politique plus sain, et instaurer une culture politique fondée sur l'éthique, l’intérêt général et le service au bien commun. 

Ce n’est en intégrant cette vision que les partis politiques pourraient contribuer à la réduction de l'affairisme mais également revitaliser la confiance des citoyens dans leurs institutions.

La trajectoire de l’avenir politique du Maroc dépendra de la résolution collective de ses dirigeants et de ses citoyens. Une société civile robuste, associée à une citoyenneté vigilante et participative et des partis plus éthiques sont essentiels pour orienter la nation loin des pièges de l'affairisme. Les leaders doivent prendre conscience que s’attaquer aux causes profondes de ce problème systémique engendrera un effet d'entraînement de changements positifs, permettant aux citoyens de reprendre leur pouvoir et de rétablir la confiance dans leurs institutions politiques. Le Maroc pourra aspirer à cultiver une atmosphère politique caractérisée par l’intégrité, la résilience, et une représentation véritable, assurant ainsi un futur meilleur et plus équitable pour ces citoyens, tous ses citoyens.

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