Nasser Bourita relance à Rabat la dynamique de paix autour de l’incontournable solution à deux États

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Saluant les rôles moteurs de l’Arabie saoudite, de la Norvège et de l’Union européenne, Bourita a également exprimé le soutien du Maroc à la co-présidence franco-saoudienne de la prochaine conférence de New York.

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Dans un contexte marqué par l’aggravation du conflit à Gaza, la 5ᵉ réunion de l’Alliance globale pour la solution à deux États s’est ouverte à Rabat sous l’égide du Maroc et des Pays-Bas. Le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, y a livré un discours fort et lucide, rappelant que cette solution demeure l’unique boussole pour une paix juste, globale et durable au Moyen-Orient.

Rabat, carrefour diplomatique pour une paix réaliste

Réunissant plus de 50 délégations internationales, la 5ᵉ réunion de l’Alliance globale pour la mise en œuvre de la solution à deux États a été lancée à Rabat sous le thème : « Maintenir la dynamique du processus de paix : leçons tirées, réussites et perspectives ». Cette rencontre, fruit d’un partenariat entre le Maroc et les Pays-Bas, se veut une plateforme diplomatique d’action, en vue de soutenir l’établissement d’un État palestinien viable et souverain, avec Al-Qods-Est pour capitale.

Trois axes structurent les discussions : l’impact des précédents processus de paix, le renforcement des institutions palestiniennes, et les bases économiques d’une paix durable. Les conclusions de Rabat seront présentées lors de la Conférence de haut niveau à New York, en juin 2025.

 La solution à deux États n’est pas une chimère, mais une exigence politique

Dans son discours d’ouverture, Nasser Bourita a affirmé avec force que la solution à deux États est « la seule option où personne ne perd », soulignant qu’elle garantit la liberté et la dignité aux Palestiniens, la sécurité aux Israéliens, et la stabilité à toute la région.

Pour le Maroc, qui préside le Comité Al-Qods, cette solution ne relève ni du slogan creux ni de l’utopie diplomatique : elle est un « engagement moral et un choix réaliste qui ne supporte ni délai ni tergiversation ». Le ministre a critiqué ceux qui préfèrent exploiter la cause palestinienne à des fins idéologiques, sans jamais agir concrètement : « Certains ne donnent même pas un sac de riz mais brandissent les grands discours ».

Le Maroc, fidèle à son rôle de médiateur silencieux mais constant

Rappelant la continuité historique de l’engagement marocain, Bourita a souligné que sous les règnes successifs de feu Hassan II et du Roi Mohammed VI, la diplomatie marocaine s’est toujours investie dans la recherche de compromis, « parfois dans le silence, toujours avec sagesse et efficacité ».

Le discours royal au Sommet arabe de Bagdad sert aujourd’hui de référence pour sortir de l’impasse : arrêt immédiat des violences, aide humanitaire sans conditions, fin des démolitions en Cisjordanie, soutien à l’UNRWA et reconstruction de Gaza sous supervision palestinienne.

Trois axes pour relancer le processus politique

Bourita a articulé l’approche de l’Alliance globale autour de trois priorités : Tirer les leçons des succès passés pour prouver que la paix est possible lorsque la volonté politique existe ; renforcer l’Autorité nationale palestinienne, seul partenaire légitime - une nécessité à la réussite de la solution à deux États, et non une condition préalable à la reconnaissance de l’État palestinien, car la souveraineté des peuples ne saurait être conditionnée -; et, last but not least, ancrer la dimension économique de la paix, avec des projets concrets capables de jeter les bases d’une intégration régionale. À ce titre, l’Agence Bayt Mal Al-Qods, bras opérationnel du Comité Al-Qods, est appelée à jouer un rôle moteur.

Mais Bourita a prévenu : « Aucun soutien économique ne saurait remplacer une solution politique. Nous ne voulons pas de calmants, mais un traitement de fond au conflit. »

L’Alliance, un espoir pour la région

Saluant les rôles moteurs de l’Arabie saoudite, de la Norvège et de l’Union européenne, Bourita a également exprimé le soutien du Maroc à la co-présidence franco-saoudienne de la prochaine conférence de New York.

Il a conclu son intervention sur un appel clair : « Nous sommes à un moment de bascule historique. Notre alliance peut être ce catalyseur qui redonne souffle au processus de paix et fait de la solution à deux États une réalité, non plus une aspiration. »

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