Idi Amin, Kadhafi et Trump... les années passent, les hommes trépassent et se ressemblent - Par HatIm Betioui 

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Les Italiens se souviennent encore d'un moment marquant où Berlusconi a publiquement embrassé la main de Kadhafi, ce qui a suscité de nombreuses critiques et moqueries dans les médias italiens et internationaux

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Chaque époque a ses hommes. Leaders, génies ou même fous. L’ancien président ougandais Idi Amin Dada a fait sensation à travers le monde avec ses frasques et ses folies. Il n'était pas le seul à se distinguer par l'excentricité et la folie politique, puisqu'il y a eu des dirigeants et des chefs d'État classés dans cette catégorie, parmi lesquels l'ancien, et peut-être futur, président américain Donald Trump.

Quand Berlusconi a embrassé la main de Kadhafi

La mémoire du monde est encore marquée par les extravagances du colonel Mouammar Kadhafi, qui a régné sur la Libye pendant 42 ans, et était connu pour ses discours étranges et ses déclarations provocantes. Il était passionné par les discours interminables et non conventionnels. Parmi ses propositions les plus célèbres figure son appel à la création d'un seul État réunissant Israël et la Palestine, qu'il avait baptisé "Isratine".

Il y avait aussi Silvio Berlusconi, l'ancien Premier ministre italien, connu pour son comportement controversé et son attitude inhabituelle. Berlusconi ne cessait de faire des commentaires sarcastiques et parfois insultants en public. Sa vie personnelle était également entachée de scandales, y compris les célèbres "fêtes bunga bunga" qui ont terni son image politique, ainsi que sa relation avec une mineure marocaine nommée Karima el-Mahroug, connue sous le nom médiatique de "Ruby".

Berlusconi et Kadhafi formaient un duo parfaitement complémentaire en raison de leurs nombreuses excentricités des deux côtés de la Méditerranée, bien que leurs relations aient été compliquées et pleines de bizarreries et de paradoxes.

Les Italiens se souviennent encore d'un moment marquant où Berlusconi a publiquement embrassé la main de Kadhafi, ce qui a suscité de nombreuses critiques et moqueries dans les médias italiens et internationaux, cet acte étant perçu comme un signe de soumission et de flatterie envers Kadhafi. Ils se souviennent également de ses visites en Italie, où il apportait avec lui un grand nombre de tentes bédouines qu'il installait dans les jardins des hôtels de luxe où il séjournait, en tant que symbole de l'identité libyenne. Lors de l'une de ses visites en 2009, il a invité des centaines de femmes italiennes à assister à une conférence sur l'islam, au cours de laquelle il leur a offert des exemplaires du Coran.

Les excentricités de Trump

De nos jours, il semble que le candidat à la présidence américaine Donald Trump détienne avec distinction le monopole des excentricités et de la folie, sans oublier le comportement inhabituel de certains dirigeants de notre région arabe. 

La dernière excentricité de Trump s'est produite lors d'un meeting électoral en Pennsylvanie, le 14 octobre dernier, lorsqu'il a soudainement interrompu son discours pour transformer la réunion en un concert musical qui a duré 40 minutes. Trump a demandé à ce que des chansons qu'il aime soient jouées et s'est mis à danser et se balancer sur scène, laissant l'audience perplexe.

Les réactions à ce comportement ont été variées, certains des spectateurs appréciant ce qu'ils considéraient comme un moment spontané, tandis que d'autres, y compris des analystes politiques, ont critiqué cet acte, estimant que le comportement de Trump était étrange et préoccupant quant à son aptitude mentale. La candidate à la présidence Kamala Harris a également exprimé son inquiétude à propos de la santé mentale de Trump sur les réseaux sociaux.

Les actions extravagantes de Trump ne sont surpassées que par celles d'Idi Amin Dada, qui a dirigé l'Ouganda de 1971 à 1979 et fut l'un des dirigeants africains les plus controversés du XXe siècle. Son règne a été marqué par la tyrannie et l'instabilité politique.

Les records d’Amin Vs ceux de Trump

Né en 1925 (selon certaines sources, en 1923), Amin a rejoint l'armée britannique dans les années 1940, durant la période coloniale, et a servi dans le "King's African Rifles". Pendant cette période, il est devenu un boxeur réputé et a remporté le titre de champion de boxe poids lourd de l’Ouganda entre 1951 et 1960. Ce qui est amusant, c'est qu'après être devenu président, il aimait provoquer des diplomates étrangers en leur lançant des défis de boxe et les invitait à des safaris pour prouver sa force et son esprit d'aventure.

Après l'indépendance de l'Ouganda en 1962, Amin fut intégré dans l'armée nationale, où il gravit rapidement les échelons pour devenir un leader militaire influent.

En janvier 1971, il organisa un coup d'État contre le président Milton Obote, alors en déplacement à Singapour pour assister à une conférence du Commonwealth, profitant de l'instabilité politique et économique croissante du pays. Amin prit le pouvoir et se proclama président, inaugurant un règne de huit ans marqué par des politiques brutales, notamment des purges ethniques et des violations des droits humains.

Sa folie et son arrogance atteignirent leur apogée lorsqu'en 1978, il décida d'envahir la Tanzanie, dans le but de consolider son pouvoir. Cette décision se retourna contre lui : les forces tanzaniennes, aidées par des opposants ougandais, ripostèrent et prirent la capitale Kampala en 1979, entraînant sa chute. Amin s'enfuit en Libye, puis en Arabie Saoudite, où il obtint l'asile. Il y vécut une vie relativement modeste, avec des restrictions sur ses déplacements et l'interdiction de retourner en Ouganda. Il y resta jusqu'à sa mort le 16 août 2003.

Amin avait devancé Saddam Hussein de 12 ans dans l'invasion d'un pays voisin, et les deux régimes finirent par s'effondrer à cause des conséquences désastreuses de ces invasions.

Les impénétrables voies du Seigneur

Si Idi Amin détient le record du nombre de ses mariages — il avait au moins six épouses, sans compter ses nombreuses concubines, et plus de trente enfants —, Donald Trump, lui, détient le record des "mensonges", qu'ils soient blancs ou noirs. Il mérite d'être inscrit dans le Guinness World Records après que le journal New York Times a recensé plus de 30 000 déclarations trompeuses ou fausses émises par lui durant son mandat, de janvier 2017 à janvier 2021, grâce à une base de données dédiée à ce sujet.

Parmi ses déclarations, on trouve : "J'ai gagné les élections" après le scrutin de 2020, ou encore sa promesse que le mur frontalier avec le Mexique serait financé par les Mexicains, ainsi que sa déclaration selon laquelle le coronavirus disparaîtrait "comme par miracle", en contradiction avec les preuves scientifiques qui montraient que la pandémie nécessiterait des mesures sérieuses et étendues pour être contrôlée.

Hier ressemble tant à aujourd'hui. Idi Amin est parti, et Kadhafi l'a suivi, chacun ayant perdu sa boussole à sa manière. Trump, quant à lui, continue allègrement à marcher sur leurs traces, avec ses frasques. C’est que l’Omniscient a ses raisons que la raison de ses créatures ne connait point.

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