MOBILISATION DE LA COMMUNAUTÉ JUIVE MAROCAINE ET A L'ETRANGER - Par Mustapha SEHIMI

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Le secrétaire général actuel du Conseil des communautés israélites du Maroc (CCIM), Serge Berdugo, sait la mort dans l'âme qu'il ne peut pas rempiler.

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A n'en pas douter les communautés juives marocaines et à l'étranger ont accueilli avec reconnaissance et fierté le communiqué du cabinet royal en date du 13 juillet dernier sur le nouveau dispositif relatif à leur organisation. 

Publié à l'issue du Conseil des ministres, présidé par SM le Roi, ce texte élaboré en application des instructions du Souverain, Amir Al Mouminine, a été présenté à cette occasion par le ministre de l'intérieur, Abdelouafi Laftit, dont le département a en charge les cultes dans le royaume. La nouvelle articulation se décline, il faut le rappeler, autour de trois instances : le Conseil national de la communauté juive au Maroc, la commission des juifs marocains à l'étranger et la Fondation du judaïsme marocain. Le premier organe a pour mission de "veiller à la gestion des affaires de la communauté juive marocaine, la sauvegarde du patrimoine et du rayonnement culturel du judaïsme et de ses valeurs marocaines authentiques". Il aura au niveau régional des comités pour gérer les questions et les affaires quotidiennes des membres de la communauté. 

Agenda

Comment ces instances - nationales et régionales - seront élues ? Il est prévu prochainement des textes d'application précisant et organisant les conditions et les modalités de ce processus. Un agenda qui commence déjà à intéresser les membres de cette communauté. Celle-ci compte quelque 3.500 personnes dont le gros évidemment à Casablanca. Tout le monde connaît tout le monde et ce depuis des lustres : des enfances partagées, des parcours, des relations familiales croisées, sans oublier des intérêts. Il n'y a pas un "réseau" identifié et installé, mais plutôt de multiples réseaux. Le subjectivisme n'est pas à évacuer : tant s'en fait. Les égos non plus avec leur lot de rivalités. Au fond une microsociété -avec ses codes ... 

De quoi compliquer l'élection des membres du futur Conseil national, ainsi que des comités régionaux. L'idée de trois régions avance: Nord (Casablanca/ Rabat / Tanger), Est (Meknès/ Fès/ Oujda) et Sud (Marrakech/ Essaouira, Agadir). Reste la délicate question des ressources humaines appelées à diriger tant le Conseil national que les organes régionaux. Déjà, ici et là, des contacts s'organisent et se multiplient même. Il n'y a pas encore de "candidats" déclarés mais des candidats à la candidature testant les électeurs. C'est de l'informel, du relationnel, mais sans se découvrir vraiment : une sorte de teasing qui reste encore voilé et feutré. Le secrétaire général actuel du Conseil des communautés israélites du Maroc (CCIM), Serge Berdugo, sait la mort dans l'âme qu'il ne peut pas rempiler. Son âge avancé - il a quatre-vingt-cinq ans ; son bilan aussi largement sujet à caution  (taxe cacher, spoliation immobilière de dix huit biens ayant appartenu à des juifs esseulés) etc.

Profils : le « trop plein »… 

Cela dit, quels sont les traits du futur président du Conseil national ? Il doit réunir plusieurs qualités : une crédibilité personnelle, une expérience professionnelle reconnue, une disponibilité aussi sans oublier un profil non pas clivant mais fédérateur. En même temps, on devrait s'opérer un renouvellement générationnel. Selon les premières indications disponibles, la figure de Victor El Baz s'impose en pole position. Il est PDG de la Centrale Automobile Chérifienne. Un businessman de premier plan, respecté de tous, connu et apprécié pour son sens du patriotisme et son indéfectible attachement au Maroc. En avril 2020, il a fait un don généreux d'un montant de 50 millions de DH au Fonds spécial de lutte contre la pandémie Covid-19 au Maroc. D'autres noms commencent aussi à circuler : le chirurgien Richard Abitan, personnalité Casablancaise, Jacky Kadoch, président de la communauté juive de Marrakech, Serge Mamane, fils de Victor Mamane, Eddy Toledano aussi ainsi que Pierre Siboni, président du cercle SOC de Casablanca et Jacques Knafo, opérateur culturel (Mozaik).

En interne toujours, c'est une nouvelle institution, la Fondation du judaïsme marocain, avec notamment ces missions : promouvoir et veiller au patrimoine immatériel judéo- marocain, sauvegarder ses traditions et préserver ses spécificités. Les profils qui reviennent déjà sont au Maroc et à l'étranger : Maxime Karoutchi, auteur et mélomane est l'un d'entre eux; Yannick Assor née Soussana aussi ; Orna Baziz ( professeur honoraire à l'université de Jérusalem, native de la capitale sousssie et qui a publié l'année dernière un livre "Agadir" - un récit du tremblement de terre de 1960 (éditions La Croisée des Chemins) ; Abigaïl Assor, écrivaine, Myriam Abikcer , professionnelle au long cours dans l'évènementiel au Maroc ; Gad Ibgui ( directeur du Centre Elie Wiesel de Paris) etc. 

A l'international, c'est aussi le " trop plein" pour ce qui est des personnalités de premier plan. L'on peut avancer les noms suivants: Asher Knafo, écrivain ; Richard Attias publicitaire ; Sydney Tolédano de la maison Dior  ; Simon Keslassi (Canada) ; Marc Lasry (Etats -Unis), gestionnaire de fonds ; Vanessa Paloma Elbaz (Université de Cambridge) ; Michel Sicsu (historien), Yan Delegado ; Valérie Bengio etc. 

Le consultant international Gabriel Banon est également cité comme étant incontournable compte tenu de son parcours et de son carnet d'adresses, de même que Liliane Shalom, ancienne présidente de l’association américaine des juifs séfarades.  Et puis, les contacts pris avec les uns et les autres se retrouvent tous pour proposer Yehuda Lancry. Natif de Bejaâd, il a une longue carrière : diplomatique comme ambassadeur d’Israël à Paris et à New York (ONU); il a été aussi parlementaire et vice-président de la Knesset. Une visibilité et une crédibilité reconnues conjuguées à un profond attachement au Maroc.

Lors de la prochaine rentrée en septembre-octobre, ce processus d'une nouvelle institutionnalisation de la communauté juive marocaine va avancer pour être finalisé d'ici la fin de l'année sans doute. Celle-ci est désormais responsabilisée. Un cahier de charges. Une obligation de résultat même. En même temps, prendre sa pleine part, sur des bases nouvelles, à l'édification d'un Maroc moderne, pluraliste, démocratique et solidaire. La perspective ? Un choix de société éligible à la vision royale de SM le Roi dès son intronisation, voici vingt-trois ans.