Parlons “amnésie” même si la proposition est “indécente”

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Du plus loin que je puisse me rappeler jamais une pré campagne électorale n’a été marquée par autant d’indécence éthique et politique  que celle qui se déroule sous nos yeux aujourd’hui. Le Politique est à ramasser à la petite cuillère tant et si vrai qu’aucune idée ni programme ne viennent nous interpeller sur les grands et épineux problèmes de société qui alourdissent notre horizon. Tout s’articule autour de chicaneries, de délations et de diffamations lorsqu’elles ne sont pas infantiles, fondées où pas, ressemblent à des cours de recréations. Il est grand temps d’en siffler la fin, non pas, pour protéger ceux qui se sont rendus coupables de malversations, de détournements ou d’abus de pouvoir mais pour nous épargner des élucubrations d’élites politiques fondées désormais sur l’individualisme et l’égoïsme, évacuant à la marge les principes de valeurs éthiques et politiques qui ont été à la base de notre vouloir vivre en commun.

Je ne viens pas faire ici l’inventaire des propos qui jonchent les médias et les réseaux sociaux, ni porter un jugement de valeurs sur telle ou telle “affaire”. Je veux épargner aux lecteurs de ces propos, “la danse aux loups”, pour ne participer ni à qualifier ni à disqualifier un théâtre de l’ombre kafkaïen.

Avec de tels comportements, c’est la cohésion sociale qui risque de craqueler et faire place aux intégrismes de tous bords et de toutes espèces. 

Le discours populiste qui domine la scène politique est contre productif parce qu’il ne dégage que des débats éphémères et sans conséquences. Il n’engage rien de concret sur ni les indicateurs socio-économiques et culturels pourtant préoccupantes ni permette de formuler des propositions tendant à mettre en exergue, entre autres, le contenu du discours Royal à l’occasion de 16eme anniversaire de la fête du trône.

L’Etat de droit ne peut se développer dans un pays où tout un chacun s’érige en juge, par procuration partisane ou par simple enchantement, de faits et gestes de l’autre qu’il soit l’adversaire ou l’opposant. Un système d’apprentis juges n’est ni solvable ni viable. Tout un chacun se frayant une lucarne sur le public n’est pas en droit de s’ériger en juge ou de gravir une chaire pour clamer les hauts principes de la “morale”

“Tous pourri” devrait-on entendre dans les profondeurs d’une société qui a du mal à se reconnaître dans des hommes qui n’ont plus pour vocation que de se servir sans servir, de se barricader dans le silence devant tous les dépassements et ne plus parler que pour glorifier le système sécuritaire qui leur perme jusqu’à maintenant de croire à l’exception marocaine. 

Que faire devant un spectacle aussi désolant! Par où commencer et où en finir! 
Le boycotte des élections n’est pas une solution. Le processus démocratique ne peut-être sacrifier sur l’autel de faux prévôts et le “mihrab” d’éphémères prédicateurs. En décrétant une amnésie générale, l’Espagne post franquiste a su éviter de bien dangereuses tornades à ses élites politiques. C’est une solution parmi d’autres. Elle n’a pas le modèle de l’équité certes; elle a néanmoins l’avantage d’épargner de bien tristes et malheureuses situations.

*Ancien secrétaire général du Parlement, ancien ambassadeur