Pétrole marocain – Par Seddik Maaninou

5437685854_d630fceaff_b-

Le Roi Hassan II (1961-1999) et Valéry Giscard d'Estaing, président de la France (1974 - 1981)

1
Partager :

Je trouve difficile de ne pas partager avec vous les observations et critiques que je reçois après la publication de l'un de mes articles sur le site "Quid". Souvent, je suis satisfait de l'écho que ces articles reçoivent, mais d'autres fois, je me dis que j'ai peut-être manqué de justesse. Le but de cette introduction est de partager certaines des réactions que j'ai reçues après la publication de mon article intitulé "Questions qui me tourmentent".

Records impressionnants

Un lecteur m'a signalé que j'avais soutenu l'idée de demander le départ de ceux que j'avais appelés les "barons du sport", faisant référence à certains présidents de fédérations qui se sont éternisés dans leurs postes sans réussir à découvrir ou promouvoir des talents dans les différentes disciplines sportives. Un autre m'a dit : « Vous auriez dû également mentionner certains hauts fonctionnaires de l'État qui, eux aussi, ont battu des records de longévité à la tête de plusieurs administrations… » Il a cité quelques noms et j'ai réalisé à quel point ses propos étaient frappants. Les secteurs évoqués incluaient notamment les Habous (biens religieux), la planification, les médias, la résistance, la sécurité, les banques, et bien d'autres. Il m'a également alerté sur le fait que plusieurs conseils spécialisés sont dirigés par des personnes âgées, comme si le Maroc manquait de jeunes talents. J'ai pris cela comme une remarque constructive, sans remettre en question les compétences ou les contributions de ces personnes à la nation. Cependant, j'ai ressenti la nécessité d'insuffler un nouvel élan pour réaliser encore plus de progrès.

Une lettre de réprimande

Revenant sur les "barons" dans le domaine du sport, j'ai reçu une lettre d'un président d'une fédération sportive, réagissant à mes propos sur la nécessité de changement. Il a estimé que cela portait atteinte à des personnalités qui sacrifient leur confort personnel et la vie de leur famille pour le succès du sport. Il m'a écrit : « Nous vous respectons et apprécions votre travail, mais le sport est un domaine dans lequel vous n'avez pas d'expertise, donc vous ne devriez pas soutenir ce que d'autres avancent. » J'ai senti que sa lettre avait été rédigée sous l'effet de la colère, surtout quand il a ajouté : « Il semble que vous avez écrit votre article après la prière de l'après-midi », une allusion à une vieille croyance selon laquelle les habitants de Salé deviennent fous après cette heure. Il m'a ensuite appelé et confirmé qu'il souhaitait rester à la tête de la fédération, qu'il ne voyait aucun inconvénient à cela, et que ses efforts commençaient à porter leurs fruits. Il s'est excusé s'il avait été un peu dur dans certaines de ses remarques.

Une critique justifiée

Parmi les critiques que j'ai reçues, il y a celle de (M.G) de "Quid" qui m'a reproché de « ternir l'image de certains tout en brouillant celle des autres. » Il a ajouté : « Ce que vous dites sur le défunt roi Hassan II omet les erreurs qui ont été commises, et toutes ses déclarations n'étaient pas toujours correctes. » J'ai trouvé cela pertinent, ce qui m'a poussé à fouiller dans mes souvenirs. Après trois jours, je me suis rappelé du vendredi 13 octobre 1978, lorsque Hassan II a ouvert la nouvelle session législative. Le roi avait alors surpris les députés en déclarant : « Dans quelques mois, Dieu nous accordera d'énormes réserves pétrolières qui couvriront nos besoins internes… » Il ajouta : « Regardez la carte, nous pouvons dire que le Maroc est libre, avec son pétrole, de par sa position stratégique et géographique, libre pour la commercialisation en Europe et en Amérique. »

Les parlementaires ont chaudement applaudi cette annonce, et la joie était palpable. Je me souviens d'avoir interrogé le ministre des Affaires étrangères, Mhammed Boucetta, sur cette découverte, et il m'a dit qu'il était lui-même surpris par cette annonce, considérant cette découverte comme un bouleversement profond dans les équilibres géopolitiques de la région.

Une belle plaisanterie

J'ai immédiatement entrepris des recherches. J'ai contacté un ami travaillant pour le magazine "Jeune Afrique", d'origine tunisienne, pour qu'il cherche des informations sur la société qui aurait découvert le pétrole. J'ai également contacté d'autres amis à Londres, d'origine arabe, ayant des connexions dans les cercles économiques. Après quelques jours, il est apparu qu'une société, enregistrée en Suisse, prétendait posséder un avion renifleur capable de détecter des poches de pétrole simplement en survolant les zones concernées. Cet avion avait survolé Paris et découvert des poches de pétrole importantes. Cette nouvelle avait incité le président français Giscard d'Estaing à en informer Hassan II, qui avait alors fait venir l'avion et ses experts au Maroc. Ils ont survolé plusieurs régions du pays, et les premiers rapports indiquaient l'existence de poches de pétrole dans les montagnes du Rif. Cela avait poussé le roi à faire cette annonce, mais après quelques semaines, les Français, et plus tard les Marocains, ont réalisé qu'ils avaient été bernés par une bande d'aventuriers. L'histoire s'est terminée sans faire de bruit, et il est évident qu'Hassan II n’était pas convaincu des résultats qui lui avaient été présentés, puisqu'il avait déclaré : « Vous devez imaginer ce que cela serait, si cela se produisait, nous aurions passé un moment agréable avec de beaux rêves… » Ce qui, en réalité, s'est effectivement produit.

Sans espoir

On peut dire que l'histoire de la découverte du pétrole au Maroc est une vieille histoire qui refait surface de temps en temps, comme si elle était une vérité, avant de disparaître, pour réapparaître à nouveau. Ce qui est étrange, c'est que plusieurs entreprises se sont succédé pour effectuer des forages, mais aucune n'a réussi à trouver ce que les Marocains espèrent pour répondre aux défis du développement et des infrastructures. Je me souviens qu'Hassan II avait dit une fois : « Dieu merci, nous n'avons pas de pétrole, car cela ferait de nous un peuple dépendant de la rente, alors que nous avons bâti notre nation par notre travail et notre sueur ». Malgré cela, j'aimerais bien que nous trouvions au moins de quoi couvrir nos besoins internes. 

lire aussi