Pour une nouvelle alliance stratégique – Par Ahmed Charaï

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Joe Biden à son arrivée en Pologne le 25 mars 2122 -: «Pour l'amour de Dieu, cet homme ne doit pas rester au pouvoir» a-t-il déclaré. Quelques minutes après le discours, la Maison Blanche a précisé que Joe Biden n'avait pas appelé à un «changement de régime» en Russie, mais que «Poutine ne peut pas être autorisé à exercer un pouvoir sur ses voisins ou sur la région».

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Des frustrations compréhensibles, et des impatiences prévisibles – Par Ahmed  Charaï

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Dans ‘’POUR UNE NOUVELLE ALLIANCE STRATEGIQUE’’ Ahmed Charaï donne sa lecture du discours de Joe Biden en Pologne qui a fait couler tant d’encre, tandis que Gabriel Banon évoque les incidences monétaires de la guerre d’Ukraine dans sa chronique consacrée aux DESSOUS DE LA GUERRE D’UKRAINE. Abdelahad Idrissi Kaitouni dédie la sienne, LA CRISE UKRAINIENNE, UN VERITABLE TOURMENT POUR L’ALLEMAGNE, aux implications pour Berlin de ce conflit. Autant de points de vue et d’éclairages qui offrent aux lecteurs de faire en trois chroniques le tour de la question à travers des regards autres qu’exclusivement occidentaux

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Les mots sont forts. Le président américain Joe Biden s'en est pris à Vladimir Poutine lors d'un discours prononcé à Varsovie (Pologne), le 26 mars, en implorant : «Pour l'amour de Dieu, cet homme ne doit pas rester au pouvoir». Quelques minutes après le discours, la Maison Blanche a précisé que Joe Biden n'avait pas appelé à un «changement de régime» en Russie, mais que «Poutine ne peut pas être autorisé à exercer un pouvoir sur ses voisins ou sur la région».

Pourtant, le président américain a eu depuis le début une ligne politique claire à l’encontre de Moscou. Une ligne qui se veut à la fois réaliste - sur les sanctions américaines - et intransigeante, basée sur la pression économique et une cohésion du bloc occidental. Une ligne incarnée par trois hommes : le secrétaire d’État, Antony Blinken, le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan et le directeur de la CIA, William Burns.

Un discours offensif que l’équipe de Joe Biden présentait comme «majeur». Pendant près d'une demi-heure, le locataire de la Maison Blanche a dénoncé «les mensonges» de son homologue russe pour justifier l'offensive armée sur l'Ukraine, qualifiant notamment la dénazification de prétexte «cynique» et «absurde».

Le président américain a aussi accusé la Russie «d'étrangler la démocratie, sur une terre qui ne lui appartient pas». «Nous faisons face à l'ambition de quelques-uns qui souhaitent prendre le dessus sur les autres», a-t-il poursuivi, accusant «le dictateur» Vladimir Poutine de vouloir «obtenir le contrôle absolu et déstabiliser l'ordre international» pour nourrir son «projet impérial». Mais «cette guerre est d'ores et déjà un échec stratégique», a assuré Joe Biden.

L'administration Biden a imposé une série de sanctions économiques à la Russie, interdisant même les importations de pétrole, de gaz et de charbon russes. Les États-Unis ont fourni 1,2 milliard de dollars d'aide à l'Ukraine depuis janvier 2021, et le Congrès a récemment adopté un programme de dépenses comprenant 13,6 milliards de dollars d'aide supplémentaire à la même Ukraine. Pour souligner davantage le sérieux de Washington, le Pentagone a déployé 7.000 autres soldats en Europe.

L'Europe a fait preuve d'un courage surprenant face à cette crise. En l'espace d'une semaine, l'Allemagne est passée du maillon faible du cordon de l'OTAN à sa cheville ouvrière. Sous Angela Merkel, le budget de la défense allemande était chroniquement en deçà de ses engagements envers l'OTAN, et le marché énergétique du pays est tombé dans une profonde dépendance vis-à-vis des exportations énergétiques russes. Après l'invasion de l'Ukraine, le chancelier allemand Olaf Scholz s'est joint aux efforts des États-Unis pour étendre les sanctions de l'Union européenne à l'encontre de la Russie et a engagé la somme colossale de 100 milliards d'euros dans le budget de la défense de l'Allemagne.

La Suède et la Finlande, qui ont longtemps gardé leurs distances avec l'OTAN, ont publiquement lancé l'idée de rejoindre l'alliance. Même la Suisse, toujours neutre, a rejoint le régime des sanctions dans un rejet clair de l'invasion russe.

La Chine qui, pas plus tard que février, a déclaré que «l'amitié entre la Chine et la Russie n'a pas de limites, il n'y a pas de domaines de coopération interdits» - s'est, elle aussi, efforcée d'adopter un ton plus neutre depuis le début de l'invasion. Le président Xi a appelé à une «retenue maximale» dans le conflit. Pékin a de nombreuses raisons de se protéger. En effet, l'assaut punitif des sanctions occidentales dirigées contre la Russie a suscité des craintes généralisées parmi les entreprises chinoises de se retrouver prises dans la même architecture de sanctions qui a décimé l'économie russe.

L'une des plus grandes forces de l'Amérique est sa capacité à convoquer et à coordonner une coalition d'alliés partageant les mêmes idées.

Afin de construire une coalition durable pour contenir l'agression russe, Washington devra rassurer ses alliés traditionnels, que malgré le retrait d'Afghanistan, l'Amérique est toujours profondément attachée à leur sécurité. En Europe d'aujourd'hui, ce message est positivement reçu.

Toutefois, les inquiétudes concernant l'engagement de l'Amérique envers ses principaux alliés du monde arabe, avec une perception d'indifférence à leurs préoccupations de sécurité nationale, ont poussé un certain nombre de ces pays à développer leurs propres relations avec Moscou. Ces relations ont été en partie cultivées comme une protection contre le retrait américain. L'administration Biden est amenée à être plus audible envers ces demandes. Cela va grandement contribuer au renforcement de la nouvelle alliance stratégique américaine.

Les Américains n'ont qu'à tendre la main à leurs nombreux amis et alliés dans le monde, pour construire ensemble un avenir meilleur enraciné dans la démocratie, l’espoir, la dignité et la liberté