chroniques
UKRAINE, SI ON DISAIT LA VERITE ? – Par Gabriel Banon
La doctrine Brzezinski, approuvé par Henri Kissinger, qui demande de considérer toujours la Russie comme un ennemi, est toujours à l’œuvre dans la politique étrangère de Washington
Depuis quelques jours, que dis-je, depuis quelques semaines, les médias occidentaux se déchainent contre ce criminel Poutine, le Président de la Fédération russe. L’Occident, unifié derrière la puissante Amérique, court au secours de Kiev.
Bruxelles menace, même l’Espagne va de son coup de menton. La guerre est donc pour demain !
Aucun des nombreux experts-autoproclamés qui se succèdent dans les médias, ne se hasarde à expliquer au moins les origines de la crise. Pour la survie de l’Ukraine, l’OTAN doit se déployer dans le pays. Il faut savoir que l’Ukraine est un pays pourri, gangréné par la corruption, d’en bas au sommet de l’Etat.
Il faut remonter à la chute du mur de Berlin pour trouver les raisons réelles de l’importance donnée par Moscou à l’Ukraine. Lors de la chute du mur de Berlin, Gorbatchev et Bush père se sont accordés sur différents points : Moscou ne s’opposera pas à la réunification de l’Allemagne et démantèlera le pacte de Varsovie, Washington prendra, de son côté, l’engagement de démanteler l’OTAN, devenu sans objet, et aucun militaire américain ne sera positionné aux frontières de la Russie.
Mais c’est ignorer que la doctrine Brzezinski, approuvé par Henri Kissinger, qui demande de considérer toujours la Russie comme un ennemi, est toujours l’âme de la politique étrangère de Washington. Favoriser le développement du pays le plus vaste du monde, mettrait en péril la pérennité de l’hégémonie américaine sur l’Occident dit Kissinger.
Grace à la réunification et l’aide massive des Américains, l’Allemagne battue est devenue une puissance économique qui compte. Depuis, les États-Unis, avec la complicité du Royaume-Uni, ont poussé Bruxelles à une course vers l’Est, intégrant des anciennes républiques soviétiques en leur imposant l’OTAN.
Maintenant, observons la carte, on constate que les forces de l’OTAN (américaines) sont présentes aux frontières de la Russie, esquissant un encerclement, mais avec un trou béant, l’Ukraine. Il faudrait donc, pour parfaire l’encerclement, que l’OTAN se déploie en Ukraine, chose d’ailleurs promise, comme l’entrée dans l’Union européenne.
Patatras, Poutine, le président russe ne l’entend pas de cette oreille. Après avoir récupéré la Crimée, il masse ses troupes à la frontière de l’Ukraine et menace : « l’OTAN pénètre en Ukraine, et ce pays deviendra terre russe, d’autant plus qu’une majorité de la population est russophile ». Si elle ne parle ni anglais, français ou espagnole, elle parle par contre russe.
Alors, c’est la guerre ? Non, pour plusieurs raisons. Il faut se référer aux déclarations des deux présidents : américain et russe. Poutine : « si vous voulez la guerre, pas de problème, mais attention, elle ne sera pas conventionnelle ». Jo Biden lui, menace Poutine de terribles sanctions, mais précise : « il n’y aura pas d’intervention militaire. »
Il faut savoir que pendant que l’Amérique cherchait à obtenir une bombe de plus en plus puissante et destructrice, la Russie cherchait à obtenir une bombe, la plus petite possible, devenant une arme tactique. Aujourd’hui, Moscou a une grande avance sur Washington dans l’armement nucléaire tactique, pouvant être utilisé dans un conflit conventionnel, redoutable avance.
Pour les sanctions, du fait de l’insignifiance des échanges économiques américano-russes, leur impact est nul pour Moscou. Mais des sanctions de l’Union européenne auront plus d’impact, mais avec le risque de voir l’Europe grelotter et l’Allemagne en crise économique. Poutine, en fin stratège s’est, malheureusement pour l’Europe, rapproché encore un peu plus de la Chine. C’est déjà grâce à elle, qu’il avait contré l’attaque des américains sur le rouble. Une guerre perdue par Washington, mais dont peu de médias ont parlé.
L’Occident, les États-Unis en tête, auraient dû plutôt accueillir l’enfant prodigue qui rejoint le monde capitaliste, accepte la loi du marché et l’entreprise privée. Poutine, qu’on accable de tous les maux, a rétabli l’ordre et la sécurité dans le pays, mit au pas les apparatchiks du KGB, de l’ordre dans le système bancaire. Il a redonné sa place à sa diplomatie dans le monde et imposé la Russie, devenue incontournable, dans le monde arabe en ébullition. Il a en outre permis le retour de la religion et redonné sa place à l’Église orthodoxe russe. Pour tout cela, les russes lui sont reconnaissants et le soutiennent dans leur grande majorité.
Non, malgré tous les cassandres qui annoncent une guerre imminente, aucun antagoniste n’a intérêt à y aller. Le discours français est électoraliste, l’espagnole comme le bruxellois, utopiques.
L’Union européenne est bien embarrassée aujourd’hui, avec l’intégration de ces pays de l’Est qui ne remplissaient pas tous les conditions pour intégrer l’Union. (Voir ma dernière chronique sur la Pologne)