Culture
Chronique « Cinéma, mon amour : LE MAROC UN PLATEAU DE TOURNAGE À CIEL OUVERT

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« Ce lieu est tellement beau qu'il vous procure une sensation de joie infinie, proche de l'extase. Mais je sais bien que je ne rendrai pas la moitié de cette beauté dans le film et c'est ce qui me torture. Pourtant, je regarde encore et c'est d'une telle beauté que l'extase l'emporte sur la souffrance ».
Bernardo Bertolucci. Lors du tournage de « Un thé au Sahara »
Depuis le début du cinéma avec la fameuse création des Frères Lumière en 1895, le Maroc, avec ses magnifiques riches et variés paysages et décors naturels ainsi que et son riche patrimoine architectural et culturel, s’est imposé comme l’une des destinations les plus prisées pour les tournages de films internationaux. Après les Frères Lumière, il a commencé à attirer l’attention des cinéastes dès les premières décennies du XXe siècle. Après le Protectorat, dans les années 1920 et 1930, le pays était déjà utilisé comme décor exotique pour des films muets et des productions françaises et européennes. Son architecture unique, ses déserts immenses et ses villes impériales animées offraient des décors naturels parfaits pour des histoires se déroulant dans des contextes variés, allant des films d’aventure aux drames historiques.
Abdelaziz El Bouzdaini (G) avec l’acteur John Cena
Le Maroc, avec ses paysages diversifiés allant des dunes du Sahara aux montagnes de l'Atlas, a toujours été une toile de fond fascinante pour de nombreuses productions cinématographiques internationales, les années 70 et 80 ont vu, avec l’émergence d’un cinéma national, le départ du développement d’une infrastructure cinématographique qui n’a pas cessé de prendre de l’ampleur, aboutissant notamment à la création de Studios de tournage à Ouarzazate, qu’on a fini par appeler Le Hollywood du Maroc, ainsi qu’à la constitution d’un noyau performant de sociétés et techniciens spécialisés d’une compétence pionnière en Afrique, reconnue sur le plan international. La production de ma première émission “Zawaya“ pour la télévision Nationale entre 1994 et 2001, puis la deuxième “Alam Cinéma“ de 2004 à 2008, m’avait permis de suivre de près l’évolution de ce secteur, d’autant plus que ces émissions ont été réalisées en collaboration avec le Centre Cinématographique Marocain.
Puis la récente visite officielle de Mr Abdelaziz El Bouzdaini, le directeur du CCM, aux plateaux de tournage de la superproduction “Matchbox“, du réalisateur américain Sam Hargrave avec les stars John Cena et Jessica Biel, à Casablanca m’a inspiré la consécration de ce numéro de ma chronique à ce sujet qui prend de plus d’ampleur dans le secteur cinématographique National.
UN PLATEAU DE TOURNAGE À CIEL OUVERT
En effet, la récente dynamique insufflée à l’industrie cinématographique par Mr Mohamed Mehdi Bensaid, Ministre de la Jeunesse, la Culture et la Communication, appuyée par la promulgation d’une nouvelle loi visant une modernisation et une promotion plus performantes et ouvertes, augure d’un avenir meilleur pour l’ensemble du secteur et de la profession. Mr El Bouzdaini a affirmé à l’occasion que “L'attraction de projets cinématographiques internationaux de cette envergure est le fruit de la stratégie nationale pour le développement du secteur cinématographique au Maroc, qui vise à renforcer l'infrastructure cinématographique et à développer les compétences locales à travers leur contact avec l'expertise mondiale ». Il a également rappelé que l’investissement dans le secteur a évolué sensiblement passant de 600 millions de dhs en 2022 à 01 milliard de dhs en 2023 pour atteindre 1,5 milliard de dhs en 2024. El la tendance continue de se confirmer en ce début de l’année 2025 par les deux blockmusters « The Odyssey » de Christopher Nolan et « Matchbox » de Sam Hargrave.
Cela signifie que le Maroc, qui a toujours attiré des réalisateurs en quête de décors exotiques et authentiques, va se confirmer comme un plateau de tournage à ciel ouvert, une destination digne des rêves des plus grands réalisateurs, exploitant ses atouts séculaires qui allient parfaitement tradition et modernité, offrant un cadre idéal pour raconter des histoires captivantes.
Si les années 1950 et 1960, le Maroc avait commencé à se faire un nom sur la scène cinématographique internationale grâce à la production de films emblématiques tels que "Lawrence d'Arabie" de David Lean ou "L’homme qui en savait trop" de Alfred Hitchcock, les années 80, 90 et 2000 ayant vu l'arrivée de productions encore plus prestigieuses comme "Kundun" de Martin Scorsese, "Un thé au Sahara“ de Bernardo Bertolucci ou encore "Gladiator" de Ridley Scott qui ont apporté une attention supplémentaire à la culture et à l'esthétique cinématographiques modernes, les années à venir vont asseoir définitivement les bases d’une industrie cinématographique plus florissante, au cinéma national propre comme à l’apport international.
En fin de compte, notre pays est passé d’une reconnaissance internationale à un statut de l’un des pays les plus avancés dans le monde du cinéma. Il faut espérer que le gouvernement continue les efforts de développement du secteur, notamment par les incitations fiscales permettant d’attirer plus de productions étrangères, renforçant ainsi la réputation du Maroc en tant que destination cinématographique privilégiée. La Chambre Nationale des Producteurs de Films a d’ailleurs présenté au CCM une proposition susceptible de renforcer l’apport du secteur, consistant à élargir les réductions fiscales de la Taxe Rebate comme suit : 10% à partir d’un budget dépensé de 400.000 dollars, 20% à partir d’un budget de 800.000 dollars et 30% au-delà d’un budget de 1.200.000 dollars. Cela contribuerait à renforcer la compétitivité de notre secteur en lui permettant de profiter pleinement des atouts naturels, patrimoniaux, culturels et architecturaux riches et variés de notre pays.
SÉLECTION DE FILMS TOURNÉS AU MAROC (LM)
« La Route inconnue » de Léon Poirier (1949) ; « Les Noces de sable » de André Zwobada (1949) ; « La Rose noire » de Henry Hathaway (1950) ; « Othello » de Orson Welles (1951) ; « Ali Baba et les Quarante Voleurs » de Jacques Becker (1954) ; « Oasis » de Yves Allégret (1955) ; « L'Homme qui en savait trop » de Alfred Hitchcock (1956) ; « Lawrence d'Arabie » de David Lean (1962) ; « Cent Mille Dollars au soleil » de Henri Verneuil (1964) ; « Marie-Chantal contre Dr Kha » de Claude Chabrol (1965) ; « Œdipe roi » de Pier Paolo Pasolini (1967) ; « Moïse Gianfranco Queimada » de Gillo Pontecorvo (1969) ; « De Bosio (1974) ; « L'Homme qui voulut être roi » de John Huston (1975) ; « Le Message » de Moustapha Akkad (1976) ; « Le Diamant du Nil » de Lewis Teague (1985) ; « La Dernière Tentation du Christ » de Martin Scorsese (1988) ; « Les Mille et Une Nuits » de Pilippe de Broca (1990) ; « un théau Sahara » de Bernardo Bertolucci (1990) ; « La Loi du désert » de Duccio Tessari (1992) ; « L'Enfant lion » de Patrick Grandperret (1993) ; « Marie de Nazareth » de Jean Delannoy (1995) ; « Kundun » de Martin Scorsese (1997) ; « Soleil » de Roger Hanin (1997) ; « Légionnaire » de Peter McDonald (1998) ; « Marrakech Express» de Gillies McKinnon (1998) ; « Furia » de Alexandre Aja (1999) ; « La Momie » de Stephen Sommers (1999) ; « Gladiator » de Ridley Scot (2000) ; « Loin » de André Téchiné (2001) ; « Alexandre » de Oliver de Stone (2004) ; « Iznogoud » de Patrick Braoudé (2005) ; « Kingdom of Heaven » de Ridley Scot (2005) ; « Il était une fois dans l'Oued » de Djamel Bensalah (2005) ; « Sahara » de Breck Eisner (2005) ; « Babel » de Alejandro González Iñárritu (2006) ; « Indigènes » de Rachid Bouchareb (2006) ; « L'ennemi intime » de Florent-Emilio Siri (2007) ; « Mensonges d'État » de Ridley Scot (2008) ; « Green Zone » de Paul Greengrass (2010) ; Des hommes et des dieux » de Xavier Beauvois (2010) ; « Inception » de Christopher Nolan (2010) ; « Prince of Persia : Les Sables du Temps » de Mike Newell (2010) ; « Né quelque part » de Mohamed Hamidi (2013) ; « Fugues marocaines » de Caroline Link (2013) ; « Queen of the Desert » de Werner Herzog (2015) ; « Mission: Impossible – Rogue Nation » de Christopher McQuarrie (2015) ; « Mimosas, la voie de l'Atlas » de Olivier Laxe (2016) ; « La Promesse de l'aube » de Eric Barbier (2017) ; « Marie » de D. J. Caruso (2024).