Le phare Sidi Bouafi à el Jadida et les inscriptions portugaises, du rayonnement local à la reconnaissance nationale

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Le phare Sidi Bouafi se dresse majestueusement à 67,2 mètres au-dessus des eaux, avec une tour de 46 mètres de hauteur diffusant un puissant faisceau visible à plus de 30 miles nautiques. Il a été  construit entre 1914 et 1916 par des prisonniers allemands

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Longtemps considérés comme des composantes emblématiques du patrimoine des Doukkala et de la ville d’El Jadida en particulier, le phare Sidi Bouafi et les inscriptions portugaises se veulent désormais un facteur de rayonnement à l’échelle nationale, voire à l’international.

Dans une démarche de préservation de ces éléments de richesse historique et patrimoniale du pays, le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication vient d’officialiser le classement du phare Sidi Bouafi et des inscriptions gravées sur pierre de la Cité Portugaise d’El Jadida comme monuments historiques nationaux. Publiée au Bulletin Officiel le 24 octobre 2024, cette décision vise à protéger et valoriser ces sites, témoins de de l’authenticité de l’histoire et du patrimoine marocains.

Le phare Sidi Bouafi se dresse majestueusement à 67,2 mètres au-dessus des eaux, avec une tour de 46 mètres de hauteur diffusant un puissant faisceau visible à plus de 30 miles nautiques. Construit entre 1914 et 1916 par des prisonniers allemands, ce phare forme, selon Jilali Derif, secrétaire général de l’Association Doukkala Mémoire, "un triangle stratégique avec les phares du Cap Saint-Vincent au Portugal et de Trafalgar en Espagne, ajoutant ainsi une dimension géographique et culturelle à son rôle maritime".

M. Derif souligne également l’importance symbolique de ce phare en tant que patrimoine local, notant que des légendes populaires ont été tissées autour de ce monument, mêlant le réel au merveilleux. Une illustration, dit-il, de cette relation qui s’est nouée au fil des décennies entre la population locale et ce monument.

L’autre déclaration en monument historique national concerne les inscriptions gravées sur pierre de la Cité Portugaise. Datant de l’occupation portugaise au XVIe siècle, elles rappellent la fondation de Mazagan et les spécificités de l’art architectural portugais présent dans différents bâtiments historiques de la ville balnéaire. Selon Aboulkacem Chebri, archéologue et directeur du Centre d’Études et de Recherches sur le Patrimoine Maroco-Lusitanien à El Jadida, ces inscriptions, découvertes en partie grâce aux recherches du début du XXe siècle, révèlent des aspects méconnus de l’histoire de l’influence mutuelle et des échanges civilisationnels entre le Maroc et le Portugal.

Ces gravures lapidaires soulignant le caractère historique des traces de l’ancienne présence portugaise, ajoute M. Chebri, pour qui la décision du ministère de tutelle reflète l’engagement du Maroc à valoriser et protéger des témoins architecturaux uniques de son passé, sensibilisant ainsi le public à l’importance de préserver ce patrimoine.

"La protection de ces sites est une réponse à l’appel des associations locales et une reconnaissance de la valeur historique et culturelle de ces monuments", rappelle M. Chebri. Par ce geste, l’inscription du monument met en lumière la richesse historique d’El Jadida, encourageant de nouvelles recherches pour entretenir le rayonnement culturel de ces œuvres, qui témoignent de l’histoire authentique du Royaume et de la volonté d’en faire un vecteur de développement présent et futur.

A rappeler que la déclaration du phare Sidi Bouafi et des inscriptions portugaises d’El Jadida comme monuments historiques nationaux s’inscrit dans le cadre de la loi n° 22.80 relative à la conservation des bâtiments historiques. Le texte interdit toute modification des monuments sans autorisation préalable, répondant ainsi aux appels de la société civile locale et de plusieurs experts.

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