Culture
PCNS: ''L'identité africaine de la culture marocaine'', une recherche dans les inter-influences entre le Maroc et son continent
Nezha Alaoui M’Hammdi, qui a présidé avec et Larabi Jaïdi à la réalisation de l’ouvrage - 06072023-Rabat
Rabat,- La présentation de l'ouvrage "L'identité africaine de la culture marocaine", jeudi à l'Université Mohammed VI Polytechnique de Rabat (UM6P), en présence d'une pléiade de personnalités des mondes de la culture et des arts a décliné une exploration de l'identité africaine de la culture marocaine en rassemblant des réflexions d'artistes marocains et d'acteurs culturels.
L’ouvrage, produit par le Policy Center for the New South (PCNS), comporte trois niveaux d'expression : les différentes dimensions (anthropologique, économique, politique et historique) des liens et des traces de l'Afrique dans la culture marocaine, les actions infrastructurelles soutenant cette dimension culturelle à travers les espaces dédiés à la création artistique, les professionnels qui promeuvent les artistes africains et la diffusion de ces œuvres, outre des portraits d'artistes marocains mettant en lumière leur inspiration africaine et leur contribution à la création culturelle africaine, notamment dans les domaines du cinéma et de la musique.
Il fait découvrir, analyse et documente la richesse de l’identité africaine de la culture marocaine, ainsi que ses œuvres et signes souvent méconnus du grand public. Il appelle à une meilleure reconnaissance des arts et à des politiques publiques favorables au secteur culturel.
Pour Larabi Jaïdi, Senior Fellow au PCNS, cet ouvrage axé sur la question de l'identité africaine de la culture marocaine rassemble plusieurs acteurs de la scène culturelle en vue de s'interroger et d'approfondir la réflexion autour d'une question fondamentale, eu égard à la diversité et la richesse de la culture marocaine où nombre d'influences s’imbriquent et s’enchevêtrent.
Cette publication met la lumière sur la contribution marocaine à l'évolution de la culture africaine, et l'impact et l'influence de la culture africaine sur l'évolution de la production de la créativité culturelle, a-t-il relevé, notant que la culture est de plus en plus reconnue comme un vecteur de développement.
Selon ce chercheur, le patrimoine se veut un facteur immatériel de création de la richesse, alors que les industries culturelles sont une source de valeur, d’emploi dans un monde ouvert aux courants des échanges des biens et des services, ajoutant que le souci est de s'interroger dans le monde d'aujourd'hui qui connaît une montée très puissante des industries créatives et culturelles, sur la place de l'Afrique dans ce nouveau paysage.
De nos jours, la mondialisation est humaine et culturelle traversée par des tensions entre l'homogénéisation des valeurs, des modes de vie et de consommation et la volonté de sauvegarder le patrimoine identitaire, a-t-il considéré, soulignant que la culture est au centre du soft power dans un monde en turbulence où le hard power tend à imposer l’ordre de la puissance.
Cet ouvrage qui a réuni une kyrielle d'artistes, de critiques d'art et d'institutions s'activant dans le domaine culturel, met en avant le patrimoine culturel en Afrique qui offre du contenu à une évolution des industries culturelles en phase avec le monde contemporain, a indiqué M. Jaïdi, ajoutant que ce travail qui renforce l'ancrage continental du Maroc et son importante contribution à la culture africaine, dresse un bilan des défis à surmonter pour renouveler la présence du Royaume sur la scène africaine et mondiale.
Nezha Alaoui M'Hammdi, Senior Fellow au PCNS, a indiqué de son coté que cet ouvrage, dont la réalisation a pris beaucoup de temps, est l'occasion de célébrer notre culture profondément africaine, mettant en avant la richesse de la dimension africaine de la culture marocaine.
La culture au-delà de l'identité peut être mise à profit pour créer un levier en matière des industries culturelles, a-t-elle relevé, rappelant que depuis plusieurs années les pays africains se sont engagés dans une bataille pour parvenir à rapatrier leur patrimoine culturel.
Elle a, par ailleurs, souligné l'importance d'encourager la connaissance de la richesse et de la diversité du patrimoine, de l'art et de la créativité africains, notant que cette renaissance culturelle n'est pas nouvelle mais le fruit d'un long processus entamé il y a longtemps et qui nécessite la synergie des efforts de l'ensemble des acteurs politiques et de la société civile.
Selon Mme Alaoui M'hammdi, l'objectif est de transformer l'art africain en quelque chose de plus élaborée qui puisse prendre sa place à l'international car dans le monde des industries créatives et culturelles, l'Afrique ne représente malheureusement que 5 pc, alors que l'Afrique est un berceau de l'humanité mais aussi de l'inspiration culturelle.
Réalisé sous la direction de Nezha Alaoui M'hammdi et Larabi Jaïdi, l’ouvrage incarne la vision du Policy Center for the New South de renforcer l'ancrage continental du Maroc et de produire un nouveau narratif sur l'Afrique. Il encourage la collaboration entre les acteurs culturels pour promouvoir le développement du secteur et l'ouverture à la culture africaine en tant que source d'inspiration et de dialogue.
En effet, les industries culturelles et créatives jouent un rôle crucial en Afrique, offrant un potentiel considérable pour le développement économique et social du continent. Ces industries englobent un large éventail de secteurs tels que la musique, le cinéma, la littérature, les arts visuels et la mode, qui contribuent à l'épanouissement des cultures africaines et à la projection de leur rayonnement à l'échelle internationale.
L'Union africaine a affirmé son engagement en choisissant en 2021 pour thème annuel "Arts, culture et patrimoine : leviers pour construire l'Afrique que nous voulons". Elle souligne le rôle crucial des secteurs de la créativité et de la culture dans la réalisation des objectifs de développement de l'Agenda 2063. Des progrès significatifs ont été réalisés, tels que l'élaboration du guide de mise en œuvre de la Charte de la renaissance culturelle africaine, l'inclusion du Grand musée d'Afrique dans les projets phares de l'Agenda 2063 et la création de la Commission africaine de l'audiovisuel et du cinéma (AACC).
Ces industries ont un pouvoir transformateur en favorisant l'échange et le dialogue interculturels, créant ainsi des ponts entre les communautés, les pays et les continents. Elles jouent un rôle essentiel dans la promotion de la compréhension mutuelle, de la coopération et de la paix.