Culture
Vus et entendus au Festival international du film de Marrakech
L’actrice et productrice américaine Jessica Chastain, présidente du jury : ‘’Le Festival international du film de Marrakech est un symbole de résilience à travers l’art et le cinéma’’
Anurag Kashyap, un passage réussi du théâtre au cinéma
Le talentueux cinéaste indien, Anurag Kashyap, est revenu, mardi à Marrakech, sur certains aspects de sa riche carrière, notamment son brillant passage du théâtre au cinéma.
"Mes débuts dans le milieu artistique se sont déroulés sur scène. Toutefois, ils ont pris un tournant décisif lorsque je me suis retrouvé derrière la caméra en tant que réalisateur", a-t-il confié lors d’une rencontre dans le cadre de la section "In Conversation with…" de la 20ème édition du Festival international du film de Marrakech.
"Interpréter des rôles de théâtre et les répéter à maintes reprises devenait monotone, surtout lorsque la pièce rencontrait du succès auprès du public et que nous devions l’interpréter des mois durant sur différentes scènes", a noté Anurag Kashyap, soulignant que le cinéma constitue, en revanche, une plateforme de liberté et de vitalité, où chaque instant est différent.
"Le théâtre a facilité mon accès au monde du cinéma, même si cela a pris beaucoup de temps", a-t-il reconnu, ajoutant que "ma place aurait dû être derrière la caméra dès le début. Toutefois, le théâtre m’a énormément aidé dans ma mission de réalisateur, notamment en ce qui concerne la gestion des acteurs".
Anurag Kashyap dont les films ont connu un franc succès à l’échelle nationale et internationale, a affirmé ne pas considérer ses œuvres comme avant-gardistes ou en avance par rapport à leur temps, expliquant que "l’idée selon laquelle le cinéma est détaché de la société est complètement fausse".
Né en 1972, Anurag Kashyap est un réalisateur, producteur, scénariste et acteur reconnu du cinéma indien. Il a reçu plusieurs récompenses, dont quatre Filmfare Awards. Il a été acclamé pour ses films Gangs Of Wasseypur (2012), Ugly (2013), Psycho Raman (2016), Dev.D (2009), et Black Friday (2007). Il est l’un des réalisateurs du Seigneur de Bombay (2018-19), première série indienne de Netflix. Son dernier film, Kennedy (2023), était en sélection officielle au Festival de Cannes.
"In Conversation with …" est l’un des rendez-vous les plus attendus du festival. Il s’agit d’un moment de débat et d’échange avec un large éventail d’invités de renom comme l’acteur et réalisateur australien Simon Baker, le talentueux réalisateur marocain Faouzi Bensaïdi, le réalisateur français Bertrand Bonello, l’acteur américain Willem Dafoe, l’acteur danois Mads Mikkelsen, l’acteur et réalisateur américano-danois Viggo Mortensen, l’actrice écossaise Tilda Swinton, le réalisateur et scénariste russe Andreï Zvyagintsev, et l’acteur, réalisateur et scénariste américain Matt Dillon.
La force du cinéma marocain réside dans cette jeune génération de réalisateurs
L’écrivaine franco-marocaine, Leila Slimani, qui fait partie du jury de la 20ème édition du Festival international du film de Marrakech, juge que le cinéma marocain se taille "une place importante" sur la scène internationale, soulignant que cette nouvelle génération de cinéastes marocains "raconte un lieu mais en même temps parle à tout le monde" faisant en sorte que tous ceux qui regardent un film marocain quelles que soient leurs nationalités ou leurs cultures se sentent concernés par cette histoire.
‘’J’espère et je suis certaine, a-t-elle dans un entretien avec la MAP que dans les dix prochaines années la production cinématographique nationale continuera à se développer et pourquoi pas concurrencer les films français, américains et anglais’’.
Evoquant l’adaptation cinématographique de son roman "Chanson douce", l’écrivaine l’a qualifié d’expérience "assez étrange" et "très agréable" à la fois, affirmant qu’elle arrivait à reconnaître son histoire et qu’en même temps elle ne lui appartenait plus vraiment, puisque quelqu’un d’autre l’avait repris à son compte, choisissant des acteurs et un décor.
"C’est comme si c’était une autre dimension et je voyais mon livre vivre sa vie", a-t-elle poursuivi.
Matt Dillon : Les personnages plus importants que le scénario
L’acteur, réalisateur et scénariste américain Matt Dillon affirme qu’il accordae plus d’importance aux personnages d’un film qu’au scénario.
Aimant "se mettre dans la peau d’un personnage et devenir quelqu’un d’autre", le géant du grand écran a exprimé, lors d’une rencontre organisée dans le cadre de la section "In Conversation with…" de la 20ème édition du Festival international du film de Marrakech, sa reconnaissance à l’égard des premiers réalisateurs avec lesquels il a collaboré.
Dillon, qui favorise l’improvisation à la connaissance exacte du scénario, a dit apprécier la liberté de jeu que lui ont donné certains réalisateurs pour donner vie aux personnages et aux scènes.
Passionné et créatif, le héros de "Drugstore Cowboy", "Crash" et "The House that Jack Built" interprète avec brio les rôles les plus complexes, grâce à sa culture "encyclopédique" qui lui permet d’explorer le vécu de chacun des personnages et de comprendre ses traits psychologiques.
"J’essaye de ne pas être un maniaque de contrôle et m’accorde la possibilité de me perdre", a-t-il confié aux nombreux cinéphiles venus l’écouter.
Le FIFM, un symbole de résilience à travers l’art
Le Festival international du film de Marrakech est un symbole de résilience à travers l’art et le cinéma, a indiqué la présidente du Jury de la compétition officielle, Jessica Chastain, lors d’une table ronde, tenue mardi en marge du Festival.
Évoquant la résilience de ce rendez-vous cinématographique d’envergure, l’actrice américaine oscarisée a mis en avant l’importance de la création artistique comme étant un reflet de l’humanité, ainsi que le rôle du festival en ces temps difficiles d’incertitude et de défis complexes.
"L’art est synonyme de l’humanité, notamment le cinéma. C’est comme une machine à cultiver l’empathie", a relevé Jessica Chastain, soulignant la nécessité d’explorer différents perspectives et récits pour élargir sa vision du monde.
Mettant en relief l’importance de ce Festival qui se distingue des autres évènements cinématographiques par sa qualité unique et son audace, l’actrice américaine a qualifié le Festival de Marrakech de "rebelle", car il présente des récits nouveaux, repoussant les limites et remettant en question la narration conventionnelle.