économie
Quel sera l’impact de la baisse du taux directeur de BAM sur le crédit et l’économie ?
Apr?s deux ans de stabilit?, le conseil de BAM a proc?d? ? la baisse de son taux directeur d?un quart de point le portant ainsi ? 2,75 %. Un geste plus que symbolique qui suit la tendance en Europe o? la BCE a continu? ? baisser son taux directeur.
Cette baisse n?aura aucun effet sur le cr?dit bancaire et sur la conjoncture actuelle. Son effet ne se produit g?n?ralement qu?? moyen-terme en esp?rant que des ?volutions n?gatives ne viendront pas l?annuler, en particulier celles de la liquidit? bancaire et du niveau des cr?dits en souffrance.
Ce geste de BAM co?ncide avec deux ?volutions parall?les. La premi?re ?volution est concr?tis?e par une morosit? conjoncturelle refl?t?e par un taux de croissance tr?s faible, qui ne doit pas d?passer 2,5 % cette ann?e selon les pr?visions de la banque centrale et du HCP, ce qui en de?? de la pr?vision gouvernementale de 4,2 %. Pour cause, l?output gap (ou ?cart de production) non agricole serait n?gatif et devrait le rester au cours des prochains trimestres selon BAM, ce qui signifie que le PIB non agricole devrait rester faible, en dessous de son potentiel. La seconde ?volution est remarqu?e au niveau du budget de l?Etat et du compte courant qui enregistrent des baisses de leurs d?ficits respectifs en comparaison avec les pics atteints en 2012, ce qui a eu un effet sur le recours du tr?sor au march? des adjudications devenu n?gatif, et donc sur la liquidit? bancaire, et sur les avoirs internationaux du pays qui se sont am?lior?s.
A ces ?volutions s?ajoute un taux d?inflation qui devrait avoisiner les 0,7 % en 2014 selon BAM, le rel?vement des factures de l??lectricit?, l?eau et l?assainissement et la baisse de la subvention au gasoil.
La d?cision de r?duire le taux directeur de BAM est corr?l? ? une baisse des avances de la banque centrale aux banques, dont les besoins en liquidit? ont baiss? ? la suite d?un recours moins important du tr?sor au march? des adjudications, accompagn? de remboursements plus importants et de restructurations dans le cadre de la gestion active de la dette int?rieure, en optant pour des maturit?s plus longues.
S?agit-il d?un coup de pousse pour la croissance ?
La baisse du taux directeur de BAM peut-?tre comprise comme un message pour les banques, afin d??viter une hausse des taux interbancaires et des taux de leurs cr?dits aux entreprises, en premier lieu les TPME. Les cr?dits qui sont octroy?s ? ces derni?res b?n?ficient d?un programme de refinancement similaire ? celui accord? aux m?nages. Ce message peut ne pas ?tre entendu en fonction des ?volutions ? venir, y compris l??volution de la demande de cr?dit et le niveau des cr?dits en souffrance.
Pour qu?une mesure de politique mon?taire produise l?effet escompt?, il faut que la politique budg?taire et la politique mon?taire soient coordonn?es. Cette coordination (Policy mix) est de la responsabilit? du chef du gouvernement, parce qu?elle est avant tout d?ordre politique. Il est normal que la banque centrale, dont l?objectif final est la ma?trise de l?inflation en agissant sur les taux d?int?r?ts comme objectif interm?diaire, soit conservateur, mais il est anormal, voire d?bile, que le gouvernement adopte le m?me conservatisme et se prive des bienfaits du volontarisme, surtout quand la morosit? s?installe et le ch?mage monte. Ce que nous propose le gouvernement dans son projet de loi des finances est pire que les recettes des mon?taristes d?pass?es partout. Cr?er un fonds pour le financement de la strat?gie d?acc?l?ration industrielle dot? de 3 MMDH, sans expliciter comment cette dotation sera d?bloqu?e, n?est pas le seul message qu?on attendait. Le probl?me se pose aujourd?hui, dans le cadre de notre mod?le ?conomique tel qu?il est, est un probl?me de consommation int?rieure, y compris celle de l?administration publique. Toute baisse de cette consommation se traduira par une baisse des investissements, une mont?e du ch?mage et une d?t?rioration de la situation ?conomique et sociale en g?n?ral.