économie
La CSMD et les défis de pénurie d’eau au Maroc
Le Maroc est déjà considéré en stress hydrique avec seulement 500 m3 d’eau douce par habitant et par an, contre 2 500 mètres cubes en 1960.
Le nouvel or bleu apparaît comme un enjeu majeur multidimensionnel, notamment dans des pays d’Afrique sub-saharienne et d’Afrique du Nord. Les prévisions pour le Maroc estiment ainsi à 80 % la perte de ses ressources en eau dans les 25 prochaines années.
Le World Ressources Institute (WRI) indique que le Maroc atteindra un niveau de stress hydrique extrêmement élevé d’ici 2040. Le stress hydrique est l’état dans lequel se trouve une région lorsque sa demande en eau dépasse ses ressources disponibles. On estime qu’une région est en stress hydrique lorsqu’elle passe sous la barre symbolique des 1 000 m3 d’eau douce par habitant sur une période d’un an. Selon l’ONU, le Maroc est déjà considéré en stress hydrique avec seulement 500 m3 d’eau douce par habitant et par an, contre 2 500 mètres cubes en 1960.
Cette baisse s’explique par des périodes de sécheresse récurrentes et par l’aridité naturelle de certaines régions du Maroc. La raréfaction des pluies liées au réchauffement climatique et la surexploitation des nappes phréatiques sont des causes significatives de la pénurie d’eau douce, qui affecte durement des régions comme Drâa-Tafilalet, Rhamma tout comme les zones de montagne de manière globale. Tandis que les grandes agglomérations comme Casablanca ou Marrakech sont relativement épargnées.
Partant de ce constat, la Commission Spéciale sur le Modèle de Développement (CSMD) souligne la nécessité de préserver les ressources en eau, à travers une meilleure valorisation de la ressource et une gestion plus rigoureuse de sa rareté.
Elle indique que la question de l’eau se situe parmi les plus urgentes à traiter par une approche intégrant pleinement sa rareté et donnant la primauté à sa préservation à long terme, pour les générations actuelles et futures.
Dans ce cadre, la Commission a fait quatre propositions :
- la réforme de l’organisation du secteur ;
- le renforcement de la transparence sur les coûts de la ressource à chaque étape de sa mobilisation ;
- la mise en place d’une tarification qui reflète la valeur réelle de la ressource et la rationalisation des usages et de la gestion de sa rareté ;
- la mise en place d’une Agence Nationale de Gestion de l’Eau (ANGE), qui doit remplacer la Commission interministérielle de l’eau pour faire converger les politiques publiques et sectorielles avec une déclinaison régionale par bassin hydraulique.
Egalement la CSMD signale que les besoins en eau ne pourront être satisfaits à l’avenir sans la mobilisation des ressources non-conventionnelles et sans la préservation des ressources souterraines. Comme elle insiste sur la nécessité de rationaliser l’usage des eaux souterraines, à travers des modes d’exploitation tenant compte de la capacité de régénération des nappes phréatiques.
En outre, la CSMD juge opportun de recourir massivement au dessalement de l’eau de mer en vue d’assurer un complément sûr d’approvisionnement en eau des villes côtières, de libérer des ressources en eau supplémentaires pour les périmètres irrigués et de réduire significativement les pertes d’eau.
De l’avis de la CSMD, la maîtrise du coût de l’énergie et le recours à une tarification appropriée qui valorise au mieux la ressource pourront rendre ce créneau attractif pour les investissements privés et les partenariats public-privé.
Du point de vue de la CSMD, le traitement et la réutilisation des eaux usées et eaux pluviales doivent être rendus systématiques pour répondre aux besoins des périmètres irrigués et soulager la pression sur les barrages, ce qui nécessite la mise en place d’un cadre réglementaire permettant l’intégration effective des eaux traitées dans la planification de l’eau, et la définition des responsabilités dans la prise en charge du traitement et des frais de suivi de la qualité des eaux usées traitées, ainsi que les normes de réutilisation sécurisée et saine des eaux usées, conformément aux normes établies par l’Organisation Mondiale de la Santé.