Le Nouveau modèle de développement : Le chantier d’un règne

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Cérémonie de présentation du rapport général de la Commission Spéciale sur le modèle de Développement

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Rabat - Le rapport général élaboré par la Commission Spéciale sur le modèle de Développement (CSMD) s’appuie sur l'identité et l'histoire millénaire du Maroc et offre une vision du Maroc de demain, a affirmé, mercredi à Rabat, le président de la CSMD, Chakib Benmoussa.

Dans une déclaration en marge d'une conférence de presse consacrée à la présentation du rapport sur le nouveau modèle de développement, M. Benmoussa a indiqué que le rapport se base principalement sur les valeurs d'ouverture et de dialogue qui caractérisent le Royaume, ce qui permet au citoyen marocain de jouir d'une identité citoyenne renouvelée.

Le rapport fixe les étapes d'une nouvelle marche vers les objectifs escomptés et définit les choix stratégiques, comme il évoque les mécanismes de suivi et de mobilisation de tous les acteurs concernés et de l'ensemble des citoyens.

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Chakib Benmoussa lors de sa conférence de presse

Cette vision tend à atteindre l'équité en permettant à tous les citoyens de renforcer leurs capacités et leur esprit d'initiative et d'innovation et d'améliorer leurs conditions de vie, outre la création d'un climat de confiance dans le cadre d'une responsabilité collective, a-t-il ajouté. Il s'agit également d'ouvrir la voie à des réformes profondes au niveau de gestion des services de l'Etat afin de responsabiliser tout un chacun quant à l'importance de la participation à la marche de développement.

Une série d'obstacles freinent l’élan de développement

La Commission Spéciale sur le Modèle de Développement (CSMD) a identifié une série d'obstacles à l’origine de l’essoufflement de l’élan de développement et de la faiblesse de sa rentabilité, a ecoere indiquée président de la Commission, M. Chakib Benmoussa.

Parmi ses obstacles figurent l'absence d’une vision stratégique globale et à long terme, partagée et assumée par tous les acteurs de la gouvernance publique, ainsi que des réformes élaborées en silos, sans repères ou référentiels lisibles ne favorisant pas la cohérence d’ensemble autour de priorités compatibles avec les ressources réellement disponibles et les capacités effectives des acteurs.

Le deuxième obstacle réside dans la lenteur de la transformation structurelle de l'économie freinée par la faible ouverture sur de nouveaux acteurs innovants et compétitifs. Ces freins sont associés à des coûts de facteurs de production non compétitifs et à un système de régulation peu efficient, mais aussi à des mécanismes d’incitation économique non optimisés qui réduisent la prise de risque, alimentent les logiques de rente dans les secteurs traditionnels et préservent des intérêts étroits, au détriment de l’intérêt général.

Le troisième obstacle concerne les capacités limitées du secteur public en matière de conception et de mise en œuvre des politiques publiques et de services publics accessibles et de qualité dans les domaines essentiels à la vie quotidienne et au bienêtre des citoyens.

De même, la persistance dans l'administration d’une culture de la conformité plutôt qu’une culture de leadership et de la performance produit de la démotivation et dissuade la prise d’initiative et la production spontanée d’idées et de projets.

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Déclaration de Chakib Benmoussa

Le quatrième obstacle tient à un sentiment d'insécurité et d’imprévisibilité qui limite les initiatives, en raison d’un décalage entre certaines lois comportant des "zones grises" et les réalités sociales, d’une justice qui pâtit d’un manque de confiance et d’une bureaucratie tatillonne.

Les pesanteurs bureaucratiques, la complexité des procédures administratives et le nombre élevé d'autorisations requises entravent la dynamique entrepreneuriale et la prise d’initiative.

Ces quatre obstacles sont aussi le résultat de représentations culturelles qui consacrent la concentration et le monopole comme moyen de gestion optimale des chantiers de développement et considèrent que les citoyens, les jeunes, le secteur privé et la société civile ne sont pas suffisamment qualifiés pour être partenaires de développement.

Pour surmonter ces obstacles et réaliser un élan de développement qui répond aux aspirations de la société, la Commission prône une nouvelle doctrine organisationnelle : celle de la complémentarité entre un Etat fort et une Société forte. Un Etat qui est porteur d'une vision pour le pays et ses citoyens et veille à sa mise en œuvre. Un Etat qui garantit la sécurité, la dignité et les libertés des marocains, qui les protège face aux fragilités et aux crises et qui offre le cadre propice au déploiement de toutes les énergies au service du développement du pays et en faveur du bien commun et de l’intérêt général.

Une nouvelle ambition nationale à l'horizon 2035

Le rapport général élaboré par la Commission Spéciale sur le modèle de Développement (CSMD) se base sur une nouvelle ambition nationale à l'horizon 2035, a affirmé par ailleurs le président de la CSMD, Chakib Benmoussa.

Cette ambition, qui s'inscrit dans une référence commune de développement, comprend des objectifs clairs et mesurables, dans le cadre d'une série de choix stratégiques ayant une dimension transformatrice.

Le nouveau modèle exige un pilotage pour le changement, qui puise son efficacité non seulement des leviers de changement et de la mobilisation des sources de financement et des partenariats, mais aussi à travers des mécanismes de suivi et d’impulsion qui soutiennent la possession collective de tous les chantiers transformateurs et qui garantissent les conditions nécessaires à sa réussite.

Le nouveau modèle proposé constitue un point de départ vers une nouvelle étape, pour aller de l'avant dans le projet sociétal du Royaume, sous la sage conduite de SM le Roi Mohammed VI, ce qui souligne la nécessité d'ancrer les valeurs de citoyenneté responsable et agissante, de renforcer le sentiment d'appartenance à la Nation et d'incarner l'identité marocaine enracinée dans l'histoire, et riche par la diversité de ses affluents culturels et par son attachement aux valeurs d'ouverture, de dialogue et de modération.

Il est le fruit d'une année de travail acharné, à travers des réunions, des rencontres, des concertations et des séances d'écoute, menées par la Commission, pour dégager une perception claire et pratique du Maroc auquel nous aspirons, le Maroc de demain où l'élément humain se trouve au cœur des priorités des politiques publiques, notant que cela contribuera à faire du Maroc un pays prospère, qui intègre tous ses citoyens, veille à la durabilité de ses ressources naturelles et qui valorise toutes ses compétences au sein du pays comme à l'extérieur.

Le Maroc [souhaité] sera une force capable de faire face aux défis et crises aux dimensions régionale et internationale, et de transformer ses répercussions en opportunités en faveur du développement de notre pays.

Le positionnement géographique du Royaume, son patrimoine culturel, ses valeurs religieuses en harmonie avec les valeurs humaines nobles, ainsi que les liens forts et séculaires entre la Monarchie et le Peuple, qui ont été le socle des grandes transformations qui ont jalonné la trajectoire de développement de notre pays à travers son histoire, sont tous des facteurs qui ouvrent la voie au Maroc pour se hisser au rang des pays pionniers qui incarnent les valeurs de dialogue, d'ouverture et de partenariat, au service du bien-être de ses citoyens et en contribution à la construction d'un monde meilleur.

Cette ambition a été traduite en objectifs de développement ciblés, qui propulseraient le Royaume dans beaucoup de domaines dans le tiers supérieur des différents classements mondiaux des Nations. Cette ambition requiert une mobilisation générale des compétences nationales, en vue de donner une forte impulsion au développement, dans un contexte mondial marqué par l'intensité des complications et la rapidité des changements.

Le rapport élaboré par la CSMD est le fruit d'idées, de réflexions et de propositions imaginées et élaborées par les Marocains, avec les Marocains et pour les Marocains, étant donné que la Commission a adopté une approche basée sur l'écoute des citoyens et des forces vives de la Nation, ainsi que leur intégration dans la recherche de solutions et la proposition, ce qui incarne l'approche de l'intelligence collective adoptée par la Commission durant toutes les étapes de l'élaboration de ce rapport.

Une stratégie de financement volontariste

Le rendement attendu du nouveau modèle de développement (NMD) justifie une stratégie de financement volontariste, qui aborde les dépenses additionnelles comme des investissements dans l'avenir, a précisé le président de la Commission Spéciale sur le Modèle de Développement (CSMD), M. Chakib Benmoussa.

Cette stratégie, qui a une perspective de moyen-long terme, aborde les dépenses additionnelles comme des investissements dans l'avenir, en tenant compte de l'effet dynamique potentiellement généré par le NMD vers un cercle vertueux de croissance.

Selon le rapport, les réformes et projets proposés dans le NMD nécessiteront des financements publics additionnels de l'ordre de 4% du PIB annuellement en phase d'amorçage (2022-2025) et de l'ordre de 10% du PIB en rythme de croisière à l'horizon 2030.

La question du financement du NMD est extrêmement importante. Il s'agit d'un déterminant fondamental du succès de ce grand chantier de transformation, en particulier en ces temps de pandémie du nouveau coronavirus (Covid-19) qui a frappé de plein fouet toutes les économies du monde.

Ainsi, ce nouveau modèle de développement, qui requiert la mobilisation de ressources financières conséquentes pour son amorçage et sa mise en œuvre, s'appuie, en plus des financements publics, sur une forte mobilisation de l'investissement privé à même de réaliser ses objectifs.

Le secteur privé, à travers ses investissements, peut contribuer à une transformation sociale structurelle et à une plus grande création d'emplois.

Le recours à l'endettement à court terme devrait être utilisé pour financer de façon ciblée les projets et chantiers porteurs de développement structurel et de croissance à moyen-long terme, notamment dans le capital humain et la transformation structurelle de l'économie.

Aujourd'hui, le financement est principalement assuré par le secteur bancaire d’où l'importance de diversifier les mécanismes de financement (marché de capitaux, etc) à même de créer des conditions meilleures et propices à la croissance.

Le recours à l'endettement pourra s'appuyer également sur les opportunités offertes par les opérations de gestion active de la dette, ainsi que par les opportunités de financements concessionnels et la panoplie de mécanismes de financement disponibles dans le cadre des partenariats internationaux.

Une fiscalité équitable et efficace doit être mobilisée comme un levier transverse au service du développement et orientée en faveur de la solidarité.

Il faut être attentif à ne pas appliquer des fiscalités trop élevées à des secteurs ouverts à la concurrence mondiale. Les secteurs les plus protégés peuvent être soumis à des fiscalités plus larges.

D’où encore l'importance des règles de transparence et de la relation de confiance à créer entre le système d'imposition et le citoyen, ajoutant que l'objectif étant d'arriver à une adhésion à l'impôt plus importante et à assurer une contribution équitable de tous les citoyens.

Le président de la CSMD a aussi insisté sur l'optimisation de l'emploi des ressources financières et leurs affectations selon les priorités, appelant à créer simultanément les conditions de soutien aux programmes sociaux et encourager les projets économiques qui participent à la transformation de l'économie.

Par ailleurs, la Commission estime que les transformations structurelles proposées par le NMD auront "un impact positif sur la croissance économique" et permettront la création de ressources supplémentaires pour financer les réformes proposées, en particulier si la priorité est donnée aux projets à impact fort et rapide, capables de collecter des revenus supplémentaires, qui à leur tour seront alloués au financement de projets à long terme nécessitant des budgets importants.

Aussi, la CSMD estime que la mise en place du NMD nécessitera d'importantes ressources financières supplémentaires. S'agissant des réformes de nature structurée, notamment celles liées au capital humain et au développement social, les fonds peuvent être mobilisés en recourant à l'endettement et en mobilisant les partenaires et donateurs internationaux.

Pour ce qui est des projets liés au développement économique et aux infrastructures, la CSMD propose de mobiliser de nouvelles ressources en encourageant et en stimulant l'investissement privé, tant au niveau national qu'international.

Les chiffres clés du rapport général

Les chiffres clés du rapport général de la Commission Spéciale sur le modèle de développement (CSMD), présenté lors d'une cérémonie présidée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, mardi au Palais Royal de Fès:

- Les réformes et projets proposés dans le nouveau modèle de développement (NMD) nécessiteront des financements publics additionnels de 4% du PIB annuellement en phase d'amorçage (2022-2025) et de 10% du PIB en rythme de croisière à l'horizon 2030.

- Les chantiers principaux du NMD, du fait de leur portée transformationnelle, favoriseraient la transition vers un nouveau palier de croissance annuelle du PIB pouvant s'établir à 6% en moyenne à partir de 2025 et à 7% à partir de 2030.

- La résorption des inégalités hommes-femmes, notamment en matière d'accès à l'emploi, générerait un supplément annuel de croissance du PIB entre 0,2% et 1,95%.

- La cible à atteindre à l'horizon 2035 pour les indicateurs de résultat du NMD :

Economie :

• PIB par habitant (en dollars parité pouvoir d'achat – PPA): 16.000

• La part de l'investissement privé dans l'investissement total: 65%

• Le nombre des entreprises exportatrices: 12.000

• Le nombre de jeunes entreprises à croissance rapide: 3.000

• Le nombre de brevets déposés annuellement: 1.000

• Coût de l'énergie pour les industries énergivores: 0,5 DH/KWh

• Le nombre de sociétés cotées en Bourse: 300

• La contribution de l'économie sociale à la valeur ajoutée: 8%

• Valeur ajoutée industrielle de moyenne ou haute technologie: 50%

• Indice de participation aux chaînes de valeur mondiales (2 sous-indicateurs, amont et aval): 60%

Capital humain:

• Indice de capital humain: 0,75

• La part des élèves inscrits en première année du primaire qui achèvent leur scolarité obligatoire et obtiennent un diplôme d'enseignement général ou professionnel: 90%

• Elèves de 15 ans atteignant le niveau minimum de compétence (niveau 2 de l'échelle PISA) en lecture, en mathématiques et en sciences: 75%

• Augmenter la part de la population couverte par les soins de santé essentiels: 100% à horizon 2025

• Densité de personnel soignant par 1.000 habitants (ODD): 4,5

• Dépenses directes de Santé supportées par les ménages: 30%

• Budget annuel de la culture: 1%

Inclusion :

• Part des NEET (ni étudiant, ni employé, ni stagiaire) parmi les jeunes: 15%

• Zéro fille de moins de 15 ans qui travaillent, Zéro de filles de moins de 15 ans qui ne vont pas à l'école, Zéro mariage de mineures.

• Taux d'activité des femmes: 45%

• Femmes nommées par décret aux postes d'emploi supérieur: 35%

• Part de l'informel dans l'emploi salarié: 20%

• Part de l'emploi formel dans l'emploi total: 80%

Durabilité et cadre de vie :

• Part de l'eau dessalé et des eaux usées épurées dans la consommation totale d'eau (2 sous-indicateurs, dessalée et épurée): 15%

• Indice de développement local multidimensionnel (IDLM): 0,85

• Taux de recyclage des déchets ménagers: 50%

• Espaces verts: Minimum 10 m2 par habitant

• Taux moyen de déplacement entre lieu de résidence et lieu de travail en ville: 30 minutes

• Part du renouvelable dans la consommation totale d'énergie: 30 à 40%

Gouvernance et administration :

• Governement effectiveness index: 1

• Indice mondial des données ouvertes: La position 30/122

• Digitalisation l'ensemble des procédures administratives au citoyen et à l'entreprise

• 80% des autorisations administratives supprimées et remplacées par des cahiers de charge

• Taux de satisfaction des citoyens vis-à-vis des services publics: 80%

Numérique :

• Zéro zone blanche numérique et une connexion à un débit permettant d'assurer l'enseignement à distance dans tous les territoires d'ici 2025

• Part du numérique dans le PIB: 5% à horizon 2030

• Investissements directs étrangers investis dans le numérique: 10% du total des IDE à horizon 2030

• Compétences formées au numérique: 50.000 par an, toutes spécialités et niveaux confondus

• Online service index: 0,9

- Plus de 9.700 personnes ont été en interaction directe avec la Commission, 1.600 à travers les auditions et séances d'écoutes et 8.000 à travers les dispositifs de consultation élargis.

- La Commission a en outre reçu plus de 6.600 contributions écrites, dont 270 transmises physiquement, 2.530 sur la plateforme en ligne, et 3.800 issues de l'appel à contribution auprès des étudiants, lycéens et de la population pénitentiaire.

 

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