économie
Mettre l’INDH au diapason du nouveau modèle de développement
Les 1ères Assises Nationales du Développement Humain se tiennent depuis ce jeudi à Skhirart, pour traiter du développement de la petite enfance, comme un engagement envers l'avenir. L’année dernière, l’INDH entrait dans sa troisième phase qui s’est donnée pour objectif la consolidation des acquis des phases antérieures de l'INDH et la focalisation des programmes de l’étape actuelle sur le développement du capital humain des générations montantes et l’intégration économique des jeunes.
Ces assises devront s’inscrire dans le vaste chantier annoncé par le Roi Mohammed VI dans ses discours du Trône et du 20 août qui a pour ambition de remettre sur les rails le modèle de développement économique dans la perspective d’un Maroc plus équitable, du partage et du vrai vivre ensemble.
Les travaux de cette édition inaugurale consacrée au développement de la petite enfance, thématique centrale du Programme 4 de la phase III de l’INDH, s'articulent autour de trois panels traitant des projets et des outils innovants au service du développement cognitif et social des enfants ainsi que de la santé et de la nutrition de la mère et de l'enfant.
L’INDH a identifié trois priorités dans le domaine de la petite enfance : l’amélioration de la santé et de la nutrition de la mère et de l’enfant, et la généralisation de l’accès à un enseignement préscolaire de qualité en milieu rural.
L’objectif principal escompté de ces Assises est de sensibiliser l’ensemble des parties prenantes aux enjeux liés au développement de la petite enfance et partager ainsi la vision et la démarche de l’INDH dans ce domaine. Il s’agit de mettre en exergue l’apport décisif de l’investissement dans la petite enfance au développement du capital humain et à la préparation des générations futures.
Plus de 500 participants concernés par le domaine - institutions et pouvoirs publics, organisations internationales, société civile, collectivités territoriales, secteur privé, experts et enseignants-chercheurs… – ainsi que des personnalités étrangères prennent part à cet événement.
Deux espaces d’exposition sont également prévus. Le premier est ouvert aux partenaires de l’INDH ; le second présente les projets portés par les lauréats des étapes régionales du Hackathon du développement humain (compétition d’idées de projets sur la petite enfance organisée du 09 juillet au 08 août 2019).
La séance d’ouverture a vu la lecture par le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, d’un message du souverain aux participants dans lequel le Roi les a invités à une évaluation rigoureuse et globale des phases I et II de l’Initiative nationale pour le Développement humain (INDH), en vue de consolider les acquis et de réorienter les programmes. Voici par ailleurs le texte du message royal.
Lancement d’une nouvelle génération d’initiatives
« Il Nous plait d’adresser ce message aux participants aux premières Assises nationales du Développement humain. Nous avons tenu à conférer Notre Haut Patronage à cette manifestation, eu égard à l’intérêt particulier que Nous accordons à ce chantier social singulier, depuis que Nous avons procédé à son lancement en 2015.
Cette sollicitude procède de Notre intime conviction que ce chantier poursuit des objectifs nobles, en s’attachant à placer le citoyen marocain au cœur du processus de développement, et en faisant de lui la finalité essentielle des politiques publiques ; la visée ultime étant de faire prévaloir la dignité humaine.
Les droits politiques et civils ne prendront tout leur sens pratique dans la vie des citoyens, que s’ils s’articulent en complémentarité avec les droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux.
De ce fait, après une évaluation rigoureuse et globale des phases I et II de l’Initiative nationale pour le Développement humain (INDH), Nous avons donné le coup d’envoi de la phase III, qui aura pour objectif de consolider les acquis et de réorienter les programmes.
A cet effet, afin de promouvoir le capital humain en général et les générations montantes, en particulier, Nous avons mis en place une nouvelle architecture susceptible de lever, de manière proactive et directe, les principaux obstacles entravant le plein épanouissement de l’individu, tout au long de sa vie. Ce dispositif intègre également l’appui aux catégories en situation difficile, le lancement d’une nouvelle génération d’initiatives pourvoyeuses d’emplois, le développement des activités génératrices de revenus.
Nous saluons l’initiative louable d’organiser cet événement et le choix judicieux du thème retenu : « Développer la petite enfance, un engagement envers l’avenir », et Nous formons le souhait que ces assises permettent d’en approfondir l’examen et l’analyse.
Nous avons constamment attaché une importance singulière à ce thème plus que jamais d’actualité, en accordant une attention particulière à la promotion des conditions de l’enfance ; celle-ci constitue en effet le pilier de la société, la force motrice qui lui permet de se projeter dans un avenir porteur d’un essor économique et social, global et inclusif.
Cette manifestation fait partie des efforts de promotion du capital humain, qui s’inscrivent dans le cadre des grandes réformes que connaît notre pays en général, et le système de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique, en particulier.
La petite enfance, un axe majeur pour le Maroc de demain
« Vous n’ignorez pas qu’investir dans les aspects immatériels du développement humain, dont la petite enfance est un axe majeur, constitue la condition nécessaire pour l’édification du Maroc de demain. Cette action représente en outre un défi que Nous entendons relever, car elle ouvre des perspectives prometteuses aux générations montantes, en leur offrant de nouvelles opportunités.
Certes, notre pays a consenti des efforts considérables pour la prise en charge de la petite enfance, en réduisant le taux de mortalité chez les femmes enceintes et les enfants, en résorbant le retard de croissance, en améliorant l’alimentation et l’accès à l’enseignement préscolaire et aux soins de santé.
Néanmoins, les faits attestent d’un déficit significatif à ce niveau, en raison d’une faible coordination de l’élaboration des politiques publiques et de l’absence de convergence, de cohérence des interventions ; cet état de fait est par ailleurs accentué par les disparités spatiales et socio-économiques.
Pour remédier à cette situation critique, l’Initiative nationale pour le Développement humain, constitue un modèle à suivre, par ses interventions transversales et son rôle de levier majeur du développement social. En effet, elle permet de mutualiser les efforts, de renforcer les mécanismes de la dynamique participative au niveau territorial, de coordonner les politiques publiques dans le cadre d’une stratégie échelonnée selon un échéancier rigoureusement défini, déployée sur plusieurs fronts, cohérente dans ses dimensions économique, sociale, éducative et culturelle.
Une bonne mise en œuvre du programme dédié à la petite enfance, étape charnière dans la vie de chaque individu, permettra de remédier aux facteurs responsables des inégalités, par un ciblage rigoureux des catégories concernées, issues de milieux pauvres et démunis.
Améliorer le système de santé, une nécessité
« Nous sommes convaincu de l’importance de la vision nouvelle qui sous-tend l’Initiative nationale pour le Développement humain. Grâce à elle, l’investissement dans le capital humain immatériel se hisse au rang de priorité absolue et constitue ainsi le fondement de toute réforme, le pilier de la construction de l’avenir. Il convient, par conséquent, de rester constamment fidèle à cet esprit lors de l’élaboration et de la mise en œuvre des politiques publiques sociales.
C’est, en effet, le moyen idoine d’apporter des solutions appropriées aux problèmes réels de la population, en choisissant les meilleures approches, en définissant les voies les plus judicieuses pour surmonter tout obstacle au développement humain global.
A ce propos, Nous mettons particulièrement en exergue la nécessité d’améliorer le système de santé, en attachant un intérêt accru à la santé maternelle et infantile, en assurant un accès équitable aux prestations sociales ; en proposant une offre cohérente dans le domaine de l’enseignement préscolaire, et en veillant à sa généralisation, notamment, dans le monde rural, pour lutter contre l’abandon scolaire.
Il importe également, de mener auprès des personnes ciblées, des campagnes de sensibilisation à l’importance de ce sujet, en insistant sur ses retombées positives pour l’enfant, la famille, la société.
Bien évidemment, ces efforts devront être déployés en accord avec les orientations énoncées dans Notre Message adressé aux participants à la Journée nationale sur l’enseignement préscolaire.
Nous attendons de votre rencontre qu’elle examine les questions de gouvernance, de financement, de formation pour que, in fine, soit améliorée la qualité des prestations sociales, que soient encouragées la libre entreprise et la créativité, que soit suscitée une prise de conscience accrue chez les catégories ciblées.
Ce sont là des préalables essentiels à l’aboutissement de cette nouvelle orientation sociale, où le développement des composantes immatérielles constitue une condition sine qua non pour gagner le pari de cette phase si importante dans l’épanouissement d’individus dotés d’une capacité à embrasser le futur. Pour cela, il doit être tenu compte des impératifs d’équilibre, de justice, d’équité, tout en écartant les obstacles induits par la pauvreté et l’exclusion sociale.
Des défis restent à relever, appelant des efforts accrus
« Beaucoup d’éléments attestent que nous avançons dans la bonne direction. Nous en voulons pour preuve les réalisations accomplies par le Maroc dans plus d’un domaine, au cours des dernières années. Pour autant, des défis restent à relever, appelant des efforts accrus de notre part.
Cet objectif ne pourra être atteint sans le déploiement d’une approche efficace de gouvernance et de gestion des politiques nationales à vocation sociale. L’accent doit être mis notamment sur l’investissement dans le capital humain et social, considéré comme un préalable à la mise en chantier d’une nouvelle génération d’actions réformatrices visant à donner de l’espoir, à poser les jalons du Maroc de demain.
Nous saluons encore une fois votre choix judicieux de la thématique de ce forum qui porte sur la petite enfance, et formons le souhait que ces assises deviennent un rendez-vous annuel pour approfondir la réflexion d’ores et déjà engagée sur ce sujet, favoriser l’échange d’opinions et enrichir le débat sur les réalisations engrangées dans ce domaine, mais aussi sur les obstacles qui empêchent la bonne marche de ce chantier. Il devrait y être également question de délibérer sur les mesures et les dispositions à prendre pour promouvoir les questions du développement humain et social dans notre pays.
Nous sommes persuadé que ces assises nationales se solderont par l’adoption d’une série de recommandations et de propositions susceptibles d’impulser des initiatives novatrices, de donner matière à la formulation de solutions pratiques aux nombreux problèmes rencontrés dans ce domaine. Ainsi se réalisera notre souhait de voir nos enfants jouir librement et dignement, de lendemains porteurs de plus de progrès et de prospérité. »