COP22 : Le Maroc, peut porter l'enjeu du financement climatique

5437685854_d630fceaff_b-

1985
Partager :

L’IFRI vient de souligner que le Maroc, pays hôte de la COP22, a toute légitimité pour porter l'enjeu du financement climatique au nom des pays en développement

Dans  une note rendue publique mercredi, l'Institut français des relations internationales (IFRI), intitulée "De la COP21 à la COP22, comment gagner le défi climatique?", souligne que la question du financement doit impérativement être approfondie tant elle est essentielle au maintien de la confiance entre les Parties signataires de l'Accord de Paris. L’étude élaborée par Carole Matthieu, chercheur au Centre Energie de l'IFRI, note que "le Maroc, pays hôte de la COP22, a toute légitimité pour porter cet enjeu au nom des pays en développement."

La note explique que sur le volet des financements octroyés et mobilisés par les pays développés, "l'enjeu est de s’entendre sur les règles de comptabilisation, pour mettre un terme aux querelles méthodologiques et donner une vision fiable et incontestable de l’ampleur du soutien aux pays en développement". 

Il faut s'assurer du respect des engagements en matière de mise à disposition des ressources publiques et étudier tous les ressorts de l’effet de levier sur les financements privés pour que, alliée aux gains de compétitivité des solutions bas-carbone, la finance climat permette d’exclure les schémas de développement hautement carbonés, précise l'IFRI. 

Par ailleurs, relève la note réalisée dans le cadre d'un partenariat entre l'IFRI et l'OCP Policy Center, "le principe de justice climatique exige aussi que les pays qui ont faiblement contribué à l'accumulation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère soient appuyés dans leurs efforts d’adaptation face aux dérèglements climatiques".

L'auteur de la note rappelle que  le continent africain ne représente aujourd’hui que 4% des émissions globales, faisant savoir qu’il doit déjà supporter des coûts d’adaptation de l’ordre de 7 à 15 milliards de dollars par an d’ici 2020, alors même que seuls 1 à 2 milliards de dollars par an sont aujourd’hui alloués à cette problématique (PNUE, 2015). 

La protection du climat doit aussi s'affirmer en tant qu’enjeu de coopération internationale en dehors du cadre onusien, estime l'Ifri, appelant à ce que le climat devienne "un objet de coopération bilatérale". Chaque pays doit jouer de son influence sur ses partenaires pour obtenir des gages de crédibilité, soutient le think tank, faisant remarquer que "les économies étant largement interconnectées, annoncer conjointement de nouveaux engagements permet de réduire les écarts de réglementation et donc de limiter les risques de fuites de carbone." 

En somme, poursuit le document, "le véritable défi de la COP22 sera de convaincre que même si la COP21 n’a pas subitement fait émerger un nouvel ordre des choses, d’importantes transformations sont à l’œuvre à toutes les échelles et que c’est à la fois en renforçant continuellement les politiques climatiques et en cherchant à favoriser une cohérence d’ensemble que le tournant pourra s’opérer pleinement". 

A un mois de la tenue de la COP22, la note de l'Ifri propose un tour d’horizon des forces et faiblesses de la transition bas-carbone, tant du point de vue des politiques publiques que des réalités économiques. Sur la base du bilan critique de l’année écoulée, trois leviers sont identifiés pour gagner le combat climatique: miser sur la surveillance mutuelle, placer les financements climat au cœur des prochaines négociations et renforcer le dialogue et le partage d’expériences positives de transition bas-carbone.

lire aussi