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A Johannesburg, l’eau, une denrée rare
La sécheresse et la crise de l’électricité qui sévit dans le pays sont venues, dernièrement, s’ajouter à la mauvaise gouvernance et au manque de planification pour répondre à la demande croissante en eau
Par Ilias Khalafi (Bureau de la MAP à Johannesburg)
Johannesburg - Johannesburg, le cœur battant de l’économie sud-africaine, est actuellement aux prises avec une crise d’eau qui ne cesse de s’aggraver.
Les pénuries d’eau persistent depuis des années, mais elles ont atteint des niveaux alarmants durant les derniers mois, une situation entrainée par plus d’une décennie de mauvaise gestion, de corruption et de sous-investissement dans les infrastructures hydrauliques.
La sécheresse et la crise de l’électricité qui sévit dans le pays sont venues, dernièrement, s’ajouter à la mauvaise gouvernance et au manque de planification pour répondre à la demande croissante en eau, contribuant à l’effondrement progressif des systèmes de traitement et d’approvisionnement dans la métropole.
La crise de l’eau dans ce pays d’Afrique australe est en effet étroitement liée à la crise énergétique. Les coupures fréquentes d’électricité ont eu un impact dévastateur sur les infrastructures hydrauliques, entraînant des pannes d’approvisionnement en eau et une dégradation des performances des stations de traitement des eaux usées.
En effet, les réseaux de traitement et de distribution de l’eau nécessitent de l’électricité pour pomper l’eau vers les châteaux d’eau et les réservoirs, puis vers les consommateurs. Mais les coupures de courant prolongées interrompent ce processus.
Il en va de même pour les stations d’épuration des eaux usées. Les délestages électriques, appelés localement «loadshedding» peuvent provoquer des déversements d’eaux usées si aucune pompe de secours fonctionnelle n’est en place.
Le pays souffre également d’une demande en eau excessive alors que les quantités disponibles sont insuffisantes pour répondre aux besoins des différents secteurs économiques et des consommateurs.
Anja du Plessis, professeure agrégée et experte en gestion de l’eau à l’Université d’Afrique du Sud, a déclaré que la ville de Johannesburg fait face à une pression accrue sur la quantité d’eau douce disponible, ainsi qu’une distribution inégale dans ses différentes zones.
Elle a expliqué que «les conseils élus de la métropole sont de parfaits exemples de la mauvaise gouvernance, de la gestion déficiente de l’eau, ainsi que de l’absence de volonté politique au cours des deux dernières décennies».
«Le manque de planification et de gestion de la demande croissante en eau due à l’augmentation de la population, à la migration et à l’expansion des zones urbaines est l’une des causes majeures de la situation actuelle », a-t-elle poursuivi.
Par ailleurs, elle a signalé qu’à Johannesburg, au moins 41 % de l’eau potable traitée est perdue avant même d’atteindre le consommateur. «L’eau est principalement perdue à cause de fuites et l’éclatements de canalisations, attribués à un mauvais fonctionnement et à un mauvais entretien», a-t-elle dit.
Face à cette multitude de problèmes qui ont un impact direct sur le quotidien des Joburgers, le ministère de l’Eau et de l’Assainissement a annoncé récemment une nouvelle initiative baptisée "water-shifting" (déplacement de l’eau). Ce plan vise à répartir l’impact des coupures d’eau en déplaçant l’eau depuis les zones moins touchées vers celles éprouvant un manque d’approvisionnement.
Cependant, cette mesure est conçue comme une solution temporaire. Son implémentation ne résoudra pas les problèmes sous-jacents tels que les infrastructures en délabrement, les pertes d’eau considérables et la demande en eau non durable.
Pour remédier à cette crise aux multiples dimensions, une volonté politique conjuguée à des compétences techniques et managériales sont des conditions sine qua non. Il est impératif que les autorités s’attaquent aux causes profondes de la pénurie d’eau plutôt qu’aux symptômes.