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L'UMA: 27 ans mais quel gâchis !
Vingt-sept ans se sont ?coul?s depuis la cr?ation de l'Union du Maghreb arabe (UMA), le 17 f?vrier 1989. Le bilan reste mitig?: ? peine une cinquantaine de conventions sign?es int?ressant principalement les domaines ?conomique, social et culturel, et six Sommets, en tout et pour tout, tenus pendant les cinq premi?res ann?es de la vie de l'UMA. A partir de 1994, date de la tenue du dernier sommet maghr?bin, les r?alisations et le rayonnement de cet ensemble r?gional sont rest?s en de?? des aspirations des peuples maghr?bins, sinon quasiment absentes.
On est loin de l?euphorie qui avait accompagn? le premier sommet constitutif de l?Union maghr?bine en 1989.On a cru, on ?tait m?me s?r que cette entit? r?gionale serait ?vou?e ? un avenir florissant tant que les atouts pour la r?ussite pour une communit? maghr?bine ?taient l?gions: la proximit?, voire la promiscuit?, entre les cinq Etats du grand Maghreb Arabe, une identit? historique, culturelle et civilisationnelle et linguiste exclusive, une compl?mentarit? des ressources naturelles et ?conomiques, une population jeune, une ?lite politique et intellectuelle avis?e et dynamique, une appartenance bien ancr?e ? la Oumma arabo-islamique. Mais surtout une position g?ostrat?gique ? cheval entre l?Europe, l?Afrique et le monde arabo-musulman auquel appartiennent les cinq pays. Tant d'opportunit?s avilies pour des consid?rations politico-politiciennes qui font qu'aujourd'hui, 27 ans apr?s la signature ? Marrakech du Trait? constitutif de l'UMA, les fronti?res maroco-alg?riennes demeurent ferm?es, obstruant la voie ? tous les efforts de r?animation de l'UMA et renvoyant aux calendes grecques le projet de (re)construction de ce Grand Maghreb tant esp?r?.
L?int?r?t de la r?gion au-dessus des int?r?ts particuliers
La responsabilit? du pouvoir alg?rien dans la persistance de ce statu quo est un secret de Polichinelle. Outre les fronti?res, l'Alg?rie ferme les canaux de dialogue et multiplie d?sesp?r?ment provocations et manigances ? l'encontre du Royaume et de son int?grit? territoriale, faisant fi des appels, provenant de l'int?rieur comme de l'ext?rieur, ? faire pr?valoir l'int?r?t des pays et des peuples de la r?gion aux int?r?ts ?triqu?s d'un r?gime ou d'une classe dirigeante blas?e et ?go?ste. Selon El Hassan Boukantar, professeur des relations internationales ? l'Universit? Mohammed V de Rabat, la relance de l'Union du Maghreb arabe reste largement tributaire de "la prise de conscience, par toutes les parties prenantes, de la n?cessit? de placer l'int?r?t g?n?ral de la r?gion au-dessus des int?r?ts particuliers", a affirm? "Etant donn? que le blocage politique constitue la pierre d'achoppement aux efforts de reconstruction d'un grand Maghreb fort et uni, le seul espoir reste que les responsables des pays de l'Union prennent conscience de la n?cessit? de d?passer ce statu quo qui tient en otage les peuples de la r?gion", a expliqu? M. Boukantar dans un entretien ? la MAP. Pour le professeur des relations internationales, le blocage s'?ternise ? cause, en grande partie, des agissements de la partie alg?rienne et de sa politique hostile au Maroc, notamment sur la question de l'int?grit? territoriale, rel?ve M. Boukantar, qualifiant d'"absurde" et d'"anachronique" la fermeture par l'Alg?rie de ses fronti?res avec le Royaume depuis 22 ans, une mesure extr?me ? laquelle les Etats recourent rarement. "Dans toute construction r?gionale, il faut absolument que l'ensemble des partenaires fassent montre d'une volont? politique forte et d'une disposition ? renoncer aux int?r?ts particuliers et cat?goriques au profit de l'int?r?t g?n?ral. Malheureusement, cet esprit n'a pas pr?valu jusqu'? pr?sent et cela rejaillit sur la dynamique maghr?bine", d?plore-t-il. Selon lui, l'environnement maghr?bin n'a pas ?t?, non plus, propice ? une redynamisation de cette structure, puisque les mutations survenues dans le sillage du "printemps arabe", qui ont entra?n? un "grand d?sordre" et moult difficult?s politiques et socio-?conomiques dans certains pays maghr?bins, ont conduit au report sine die du sommet maghr?bin longtemps attendu et fait que l'UMA a de plus en plus du mal ? sortir de sa l?thargie.?
Cela dit, tant que cette situation de ??non Maghreb?? perdure, le co?t devient de plus en plus insoutenable pour ?la r?gion qui souffre "un grand manque ? gagner en termes de croissance et de d?veloppement". Pour rattraper ce retard, et ? d?faut d'un "d?blocage politique", il juge judicieux de faire avancer le processus d'int?gration ?conomique entre les cinq pays membres de l'UMA, car "l'?conomie ne doit pas rester soumise aux diktats des politiques".