La fracture

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couv-benkirane-manuel-vals Au Maroc, le d?bat public, une foire ? insultes, a fini par d?gouter les Marocains. Ils ne se sentent pas?concern?s par ce flot de petites phrases Les ?lections d?partementales fran?aises ont livr? leur verdict. La?Gauche perd pied, comme cela ?tait attendu. A la r?flexion, ce?courant de pens?e est en recul partout. La Gauche gouvernementale,?celle qui veut s?accommoder des lois du march?, est lamin?e??lectoralement. Il y a un vrai d?bat dont on ne voit que les pr?mices. On se rend compte qu?une redistribution g?n?reuse est possible?en p?riode de croissance, pas en p?riode de r?cession. D?s lors, les couches?populaires se d?tournent de cette Gauche-la, parce qu?elle ne porte plus?l?aspiration ?galitaire, et recherchent d?autres voies. Ce qui est inqui?tant, ce n?est pas la d?faite de la Gauche, aussi retentissante?soit-elle. Mais que plus de la moiti? des ?lecteurs inscrits ne se sont pas?d?plac?s et que le quart de ceux qui l?ont fait ont vot? front national. Un vote ? subversif ? de rejet des partis traditionnels, qui ont altern? l?exercice du?pouvoir. C?est une vraie fracture entre les ?lites dirigeantes et le peuple, qui?s?exprime par le bulletin de vote. Il faut ?tre myope pour ne pas voir dans ces ?lections, apr?s celles de?la Gr?ce, les r?gionales en Espagne, un ph?nom?ne englobant toutes les?d?mocraties, qu?elles soient matures, ou en construction. Au Maroc, nous pr?parons des ?lections communales. Au cas o? on l?aurait?oubli?, celles-ci se situent dans un contexte, un choix de d?centralisation?pouss?e, de r?gionalisation avanc?e. Quel est le d?bat qu?on nous impose ? Qui a demand? le report des ?lections. Le Ministre de l?Int?rieur a ?t??oblig? de publier un communiqu? pour dire que les partis de l?opposition ne?sont pas ? l?origine du report, ce que le chef du gouvernement avait confirm??publiquement. Cela int?resse qui ? Pas grand monde ! Nous savons tous que les dysfonctionnements des collectivit?s locales?sont ?normes. Il y a tr?s peu de majorit?s coh?rentes et les pr?sidents sont?en n?gociation permanente durant toute leur mandature. Or, ces institutions?g?rent la vie quotidienne des gens. Aucun parti ne propose une approche de la?ville, une vision de l?urbanisme. Ils sont tous ? la recherche d?une t?te de liste?apte ? rallier les suffrages. Dans notre cas, ce n?est pas de la myopie, c?est du suicide. L?abstentionnisme, alors m?me que l?on sait que des millions d??lecteurs?potentiels ne sont pas inscrits, sera plus fort. Le d?bat public, transform??en foire ? insultes, a fini par d?gouter les Marocains. Ils ne se sentent pas concern?s par ce flot de petites phrases, dont le niveau baisse chaque jour.?Pourtant les enjeux sont ?normes. Va-t-on enfin enrayer le ph?nom?ne de la ruralisation des villes ? Va-t-on?enfin d?velopper des projets de Cit?s ? La fracture au Maroc est plus forte,?parce que les citoyens se d?sint?ressent, en majorit?, de la politique. C?est aux partis de r?agir, en orientant le d?bat public vers les projets, s?ils existent !

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