La solution est de pr?parer une transition politique pour les Syriens. Il ne faut surtout pas d?truire ce qui reste de l?Etat Nation. C?est possible, en assurant ? la famille al-Assad une porte de sortie et en sauvegardant un r?le pour la nomenklatura dans la p?riode de transition, sinon, on reproduira les erreurs commises en Irak et en Lybie
La crise des r?fugi?s a impact? la diplomatie internationale et est en train de faire bouger les lignes de mani?re extraordinaire. Combattre Daech n?est plus un imp?ratif s?curitaire, ou un engagement moral, mais surtout une n?cessit? g?ostrat?gique. Seulement, les frappes a?riennes ont leurs limites et le seul moyen d?y arriver, c?est d?int?grer la Russie, l?Iran et les pays du Golfe dans une large coalition. Moscou est d?j? engag?e militairement, l?Iran l??tait auparavant. Le probl?me, c?est le cas d?al-Assad. Poutine est revenu au centre du jeu et il soutient mordicus le r?gime en place. Les USA et la France maintiennent leur position ; pas de place pour al-Assad dans la transition.
Mais la question est : quelle serait alors l?alternative ? L?opposition, dite la?que ou d?mocratique, n?a pas de forte position sur le terrain. Al-Nosra et Ahrar al-sham sont des filiales d?Al-Qa?da. L?arm?e Libre Syrienne ne ma?trise que quelques villages et doit combattre l?arm?e officielle et Daech. Pire, l?issue politique est difficile ? imaginer. La confessionnalisation des conflits est une r?alit? incontournable. Les atrocit?s, l??puration ethnique, sont pratiqu?es par toutes les parties en conflit, sans exception, y compris les Kurdes. Les enjeux des pays de la r?gion sont loin d??tre uniformes. Entre ceux qui ont soutenu les groupes islamistes, les groupes dits mod?r?s et ceux qui ont pr?f?r? la neutralit?, il y a de vraies divergences.
Aujourd?hui, c?est toute la r?gion qui est en danger de d?flagration. Le Liban est au bord de l??clatement et la crise syrienne y est pour beaucoup au travers de l?implication du Hezbollah et du flot des r?fugi?s. Ce pays a connu une guerre civile confessionnelle qui est dans toutes les m?moires. La Jordanie est hautement d?stabilis?e, le Bahre?n ne tient que gr?ce ? la pr?sence saoudienne. L?Irak ne se porte pas mieux que la Syrie, puisque son Etat central ne contr?le qu?une infime partie de son territoire. L? aussi, la guerre est confessionnelle. Dans ce contexte, au vu de ce que devient ce paysage, la raison veut que l?Iran et la Russie soient reconnus comme acteurs qu?il serait pu?ril de traiter en ennemis, personne n??tant capable de leur faire la guerre. Il faut donc n?gocier.
Sur la question syrienne, les voies diplomatiques emprunt?es jusqu?ici ont ?t? une impasse, justement parce qu?elles n?associaient pas des acteurs principaux, au nom du refus de traiter avec al-Assad, dont on pr?voyait une chute imminente. La donne a chang?, non pas parce que le tyran syrien est devenu fr?quentable, mais parce qu?une coalition avec ses alli?s est la seule issue raisonnable. La solution, c?est une conf?rence internationale sur la Syrie qui permettrait de se donner les moyens de combattre, d??radiquer Daech et ses semblables, mais aussi de pr?parer une transition politique pour les Syriens.
Il ne faut surtout pas d?truire ce qui reste de l?Etat Nation. C?est possible, en assurant ? la famille al-Assad une porte de sortie et en sauvegardant un r?le pour la nomenklatura dans la p?riode de transition, sinon, on reproduira les erreurs commises en Irak et en Lybie. Il faut que la communaut? internationale ?tablisse une feuille de route cons?quente, mais surtout lisible, ce qui n?est pas le cas aujourd?hui. Or, dans cette guerre, il faut convaincre les diff?rentes opinions publiques, parce qu?elle sera longue, co?teuse et d?terminante pour la r?gion, mais aussi pour la s?curit? internationale.