Agressions sexuelles des prêtres : le pape lève le secret pontifical

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Le pape François a fait mardi un pas de plus dans la lutte contre les agressions sexuelles dans l'Eglise catholique en levant le secret pontifical sur ces délits, tout en maintenant un minimum de confidentialité.

Le pape argentin a fait de la lutte contre le fléau des agressions sexuelles dans l'Eglise catholique une des priorités de son pontificat.

L'Eglise est depuis plusieurs années en pleine tourmente avec les révélations successives sur des scandales massifs d'agressions pédophiles commises pendant des décennies par des prêtres ou des religieux et souvent couverts par leur hiérarchie dans plusieurs pays, notamment aux Etats-Unis, au Chili ou en Allemagne.

En France, le cardinal Philippe Barbarin est jugé en appel à Lyon (centre-est) pour ne pas avoir dénoncé les abus sexuels d'un prêtre du diocèse.

Hasard du calendrier ou signal du pape, le même jour où François a décidé la levée du secret pontifical il a également accepté la démission, officiellement pour "limite d'âge", de l'ambassadeur du Vatican en France, Mgr Luigi Ventura, qui fait l'objet d'une enquête pour agressions sexuelles à Paris. 

Les +instructions+ signées par le pape mardi ont pour objectif "de préciser le degré de confidentialité avec lequel il faut gérer les informations et les plaintes concernant les agressions sexuelles" commises par des religieux, explique Mgr Juan Ignacio Arrieta, membre du Conseil pontifical pour les textes législatifs, cité dans un communiqué du Vatican.

Plus direct, l'ex-président du Tribunal de l'Etat de la Cité du Vatican, Giuseppe Dalla Torre, affirme que "le pape François abolit le secret pontifical pour les affaires d'agressions sexuelles", selon le même communiqué.

Le secret pontifical, également appelé parfois secret du pape, est une règle de confidentialité protégeant les informations sensibles relatives à la gouvernance de l'Église universelle, selon la définition du site Le forum catholique.

"En substance, les raisons qui avaient conduit le législateur ecclésiastique à introduire, parmi les matières sujettes au secret pontifical, les délits les plus graves" comme les agressions sexuelles "cèdent le pas face à des valeurs qui sont considérées aujourd'hui comme plus élevées et dignes d'une protection particulière", comme "la primauté de la personne humaine blessée", ajoute M. Dalla Torre.

Même s'il lève le secret pontifical, le pape argentin impose cependant un minimum d'attention, exigeant que "les informations" sur ces affaires soient "traitées de manière à garantir la sécurité, l'intégrité et la confidentialité (...) afin de protéger la bonne réputation, l'image et la vie privée de toutes les personnes concernées".

- Pas de censure religieuse -

Ceci ne veut pas dire censure, souligne le pape dans un communiqué du Vatican: "aucune obligation de silence concernant les faits en cause ne peut être imposée à ceux qui les dénoncent, à la personne qui affirme en être la victime et aux témoins".

Les +instructions+ du pape en elles-mêmes sont lapidaires: "ne sont pas couverts par le secret pontifical les plaintes, les procès et les décisions concernant les délits" mentionnés par deux articles de loi de deux documents ecclésiastiques mais qui couvrent pratiquement tous les cas d'agressions sexuelles.

Le journaliste italien Andrea Tornielli, directeur éditorial du "dicastère" (ministère) de la Communication du Vatican, déchiffre la porté de cette décision.

Cela signifie concrètement que "les plaintes, les témoignages et les documents des procès concernant les agressions" sexuelles et qui faisaient jusqu'à présent l'objet du secret pontifical pourront désormais être livrés aux magistrats de la justice civile des divers pays", dit-il.

"Un signe d'ouverture, de disponibilité, de transparence, de collaboration avec les autorités civiles", estime M. Tornielli, qualifiant cette décision d'"historique".

Le pape a également décidé que la détention de matériel pédopornographique impliquant des mineurs de moins de 18 ans était désormais considérée comme un grave délit, alors qu'auparavant la limite d'âge était de 14 ans.

Le souverain pontife a néanmoins affirmé à maintes reprises qu'il existait une limite impossible à dépasser: le secret de la confession demeure absolu, ce qui exclut donc une dénonciation de faits rapportés par un fidèle dans le confessionnal.