Attentat Nice : la famille en Tunisie de l'assaillant présumé sous le choc

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Mohammed le père (d), Aïda une des sœurs et la mère Kmar (c) de l'assaillant de Nice répondent aux journalistes chez eux à Sfax, le 30 octobre 2020

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La famille en Tunisie de l'auteur présumé de l'attentat meurtrier de Nice en France le décrit comme un jeune homme qui s'est isolé et tourné vers la religion depuis deux ans, mais peine à croire qu'il a tué trois personnes dans une église.

"Ce n'est pas normal", répète vendredi à l'AFP son frère Yassine, disant ne pas comprendre comment Brahim Issaoui, âgé d'à peine 21 ans, pourrait en être arrivé là.

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La mère de l'assaillant de Nice entourée de proches chez elle à Sfax (Tunisie), le 30 octobre 2020 au lendemain de l'attentat perpétré par son fils Brahim Issaoui.

Né dans une famille modeste comptant huit filles et trois fils, Brahim Issaoui habitait avec ses parents dans une maison simple, sur une rue défoncée d'un quartier populaire à la périphérie de la ville côtière de Sfax, dans le centre de la Tunisie.

Selon les autorités tunisiennes, le jeune homme n'était pas fiché pour terrorisme. Mais il "a des antécédents judiciaires de droit commun, de violence et de drogue", selon Mohsen Dali, substitut du procureur général au tribunal de première instance de Tunis. "Il a quitté le pays clandestinement le 14 septembre".

Brahim Issaoui a appelé sa famille mercredi soir en leur annonçant qu'il venait d'arriver en France, en provenance d'Italie, où il a travaillé à la récolte des olives avec un cousina, après une traversée en Méditerranée il y a un mois et demi.

"Il a dit que la France c'est mieux pour le travail et en Italie il y a trop de monde", dit Yassine.

Sa mère, Gamra, en pleurs, tient dans les mains la photo de son fils en sweat à capuche blanc.

"Quelqu'un derrière" 

Elle raconte qu'il avait décroché de l'école en première année de collège, puis "il a travaillé dans la réparation des motos".

Après avoir mis de l'argent de côté, il avait lancé un petit débit d'essence informel, comme on en trouve dans de nombreuses localités de Tunisie.

"Je lui ai dit de louer une petite échoppe avec ces 1.100 à 1.200 dinars (environ 400 euros) afin de pouvoir travailler. Il m'a dit qu'il voulait faire un cabanon pour vendre de l'essence".

"Depuis près deux ans" il s'est isolé et avait commencé "à faire la prière", ajoute-t-elle. "Il allait du travail à la maison, ne sortait pas et ne se mélangeait pas avec les autres."

Avant cela, il rentrait souvent ivre le soir. "Il buvait de l'alcool et consommait de la drogue. Je lui disais « nous sommes nécessiteux, et toi tu gaspilles de l'argent? » Il répondait « si Dieu le veut, il va m'orienter vers le bon chemin, ça me regarde »."

Mais ce changement n'explique pas qu'il ait pu devenir un meurtrier, souligne sa sœur, Aïda, incrédule.

"Nous sommes une famille modeste, mais notre frère ne tue pas, ce n'est pas un terroriste, ce n'est pas un extrémiste, nous voulons que vous nous aidiez à découvrir la vérité", dit-elle en s'adressant "aux familles des victimes". 

"Si vraiment c'est lui qui a fait ça, c'est qu'il y a quelqu'un derrière lui", ajoute-t-elle.

"Tous contre le terrorisme" 

"Toute la famille est choquée ! Nous sommes tous contre le terrorisme et nous nous sentons déshonorés par ces actes!", martèle un cousin, Kaies Issaoui.  

Brahim Issaoui avait déjà tenté la traversée périlleuse de la Méditerranée pour l'Italie, en vain. Il n'avait pas prévenu ses proches de son dernier départ, selon son frère.

Le jeune homme est soupçonné d'avoir tué avec un couteau trois personnes jeudi dans une église à Nice (sud-est), et a été grièvement blessé et hospitalisé, selon la justice française. 

Tunis a condamné l'attentat et lancé une enquête.

Les départs de Tunisie vers l'Italie se sont accélérés sous l'effet conjugué de la pandémie de Covid-19, qui a fait flamber le chômage, et de la crise politique.

La Tunisie, où la dictature avait strictement contrôlé la pratique de l'islam, a fait face à une montée de l'islam radical après la révolution de 2011 et à une vague d'attentats jihadistes en 2015. Mais la situation sécuritaire s'est nettement améliorée.

Un débat animé sur la liberté d'expression, valeur ancrée en Tunisie depuis 2011, s'est engagé récemment dans le pays après les déclarations du président français Emmanuel Macron défendant les caricatures du prophète Mahomet, des propos dénoncés par des manifestants dans plusieurs pays arabes et musulmans.