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Biden en Israël mercredi, par ''solidarité'' et pour ‘’débloquer’’ l'aide vers Gaza, et jeudi à Amman
Combinaison d'images créée le 16 octobre 2023 montre (de gauche à droite) le roi de Jordanie Abdullah II et le président de l’autorité palestinienne Mahmud Abbas, le président américain Joe Biden et le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi. Joe Biden se rendra d'Israël à Amman le 18 octobre 2023 pour s'entretenir avec les trois dirigeants, palestinien, égyptien et jordanien, a annoncé la Maison Blanche. (Photo / AFP)
Le président américain Joe Biden se rend ce mercredi en Israël pour une visite de "solidarité" après l'attaque sanglante du Hamas, qui viserait aussi à débloquer l'acheminement de l'aide humanitaire vers la bande de Gaza, bombardée sans répit et en état de siège total.
Alors qu'Israël se prépare à une offensive terrestre pour "anéantir" le mouvement islamiste palestinien, l'activité diplomatique s'est poursuivie mardi pour tenter d'éviter que la guerre, suite à une invasion terrestre de Gaza, n'embrase le Moyen-Orient mais aussi pour épargner les civils pris au piège.
Des milliers de personnes, pour la plupart des civils, ont été tuées dans les deux camps depuis le début de la guerre, tandis que le Hamas a enlevé 199 otages selon Israël.
Dans la bande de Gaza, pilonnée par l'armée israélienne plus d'un million de Palestiniens, selon l'ONU, ont fui leur foyer. Beaucoup se sont massés dans le sud, près de la frontière fermée avec l'Egypte, après un appel d'évacuation, par Israël, pour que les civils quittent le nord.
"Dans les magasins, les réserves (de nourriture) sont de quelques jours, peut-être quatre ou cinq jours", a averti mardi une porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM), Abeer Etefa.
Le sang est partout
Le directeur régional de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Ahmed Al-Mandhari, a dit lundi craindre une "catastrophe" humanitaire imminente.
Israël a coupé le 9 octobre les approvisionnements en eau, en électricité et en nourriture de ce micro-territoire pauvre de 362 kilomètres carrés et 2,4 millions d'habitants, soumis à un blocus terrestre, maritime et aérien d'Israël depuis 2007.
Dans le sud, le point de passage de Rafah contrôlé par l'Egypte, seule porte de la bande de Gaza sur l'extérieur qui ne soit pas contrôlée par Israël, reste fermé, tandis que des convois d'aide humanitaire stationnés en Egypte attendent sa réouverture.
"La situation est catastrophique, au-delà de l'imaginable", témoigne Jamil Abdullah, un Palestino-Suédois qui espère quitter le territoire. "Il y a des cadavres dans les rues. Les bâtiments s'effondrent sur leurs habitants. Le sang est partout. L'odeur de la mort est partout".
Des centaines de familles palestiniennes s'entassent dans les hôpitaux déjà bondés, espérant y trouver un abri aux bombardements incessants, ont constaté mardi des journalistes de l'AFP dans le sud de la bande de Gaza.
Evacuations en Israël
En Israël, où des dizaines de milliers de soldats sont déployés dans le sud, autour de la bande de Gaza, et dans le nord le long de la frontière avec le Liban, près de 500.000 personnes ont été évacuées depuis le 7 octobre afin d'éloigner les civils des zones de combat, selon armée.
Plus de 1.400 personnes ont été tuées en Israël depuis le début de la guerre. La plupart sont des civils morts le jour de l'attaque, la plus meurtrière depuis la création de l'Etat d'Israël en 1948.
Les frappes de représailles israéliennes ont tué quelque 3.000 personnes, en majorité des civils palestiniens, dont des centaines d'enfants, selon les autorités locales. Le Hamas a annoncé mardi la mort d'un de ses commandants, Ayman Nofal, dans un raid israélien.
A l'issue d'une nuit d'entretiens à Tel-Aviv avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a annoncé la visite de Joe Biden pour "réaffirmer la solidarité des Etats-Unis avec Israël".
Joe Biden espère "entendre de la part d'Israël comment il mènera ses opérations de manière à minimiser les pertes civiles et à permettre l'acheminement de l'aide humanitaire aux civils de Gaza d'une manière qui ne profite pas au Hamas", a ajouté Antony Blinken.
Menace iranienne
M. Biden doit aussi rencontrer le président égyptien, le roi de Jordanie et le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à Amman, alors que le risque d'un débordement du conflit inquiète à travers le monde.
L'Iran, présumé ennemi d'Israël, a menacé d'une possible "action préventive" contre ce pays.
Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a prévenu mardi que "personne ne pourrait arrêter" les "forces de la résistance" à Israël, désignant ainsi les alliés régionaux de l'Iran (Syrie, Hamas, Hezbollah libanais entre autres), si les Israéliens poursuivaient leur guerre contre le Hamas.
Les Etats-Unis ont annoncé mardi que 2.000 soldats américains avaient été placés en alerte pour un éventuel déploiement dans la région.
La Maison Blanche a cependant indiqué ne "pas" avoir à ce stade d'indication d'un engagement plus fort de l'Iran dans la guerre.
La tension est vive aussi à la frontière avec le Liban, où les échanges de tirs sont quotidiens entre l'armée israélienne et le Hezbollah. Le mouvement, allié du Hamas, a annoncé mardi que quatre de ses combattants avaient été tués dans le sud du Liban.
En Cisjordanie, un territoire palestinien occupé depuis 1967 par Israël, au moins 61 Palestiniens ont été tués dans des violences depuis le 7 octobre, selon les autorités locales.
Un sol truffé de tunnels
A Gaza, l'armée israélienne "commencera ses activités militaires renforcées lorsque le moment sera propice", a déclaré mardi son porte-parole, Jonathan Conricus. Il a prévenu que "si les otages sont tués, ce sera de la responsabilité du Hamas et le Hamas en paiera le prix".
Une telle opération s'annonce périlleuse sur ce terrain très densément peuplé, alors que le nord de la bande de Gaza est truffé de tunnels où le Hamas cache ses combattants et ses armes.
A l'aube du 7 octobre, des centaines de combattants du Hamas ont infiltré Israël par la terre et les airs, tuant plus d'un millier de civils et semant la terreur sous un déluge de roquettes qui ont montré les fragilités du Dome de fer, un système sophistiqué censé protéger Israël contre les missiles.
L'armée israélienne a annoncé avoir récupéré après l'attaque les corps de 1.500 combattants islamistes.
Le Hamas a enlevé 199 personnes, selon Israël. L'organisation a fait état de 22 otages tués dans les raids israéliens.
La Turquie, qui mène une médiation sur les otages, a annoncé mardi avoir reçu "des demandes de plusieurs pays" afin d'obtenir la libération de leurs citoyens, ajoutant que des discussions avaient commencé "notamment avec l'aile politique du Hamas". (Quid avec AFP)