Bombardements sur la bande de Gaza, des milliers de Palestiniens fuient dans le sud, cinq Palestiniens tués en Cisjordanie

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Sami, le père de la petite fille palestinienne Hour Sami Dawood Abu al-Rous, 4 ans, hurle sa douleur alors qu'un parent porte son corps après qu'elle ait été tuée dans une frappe israélienne sur une maison à Nuseirat, à l'hôpital des Martyrs d'Al-Aqsa à Deir al-Balah dans le centre de la bande de Gaza, le 3 juillet 2024, dans le cadre du conflit actuel entre Israël et le mouvement palestinien Hamas. (Photo par Bashar TALEB / AFP)

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Cinq Palestiniens ont été tués dans deux opérations de l'armée israélienne en Cisjordanie occupée, ont indiqué mercredi des sources israéliennes et palestiniennes, tandis que l'armée israélienne a bombardé mercredi la bande de Gaza, où le carnage se poursuit notamment dans le nord pendant que des milliers de Palestiniens fuient dans le sud, après un ordre d'évacuation qui fait craindre une nouvelle opération militaire d'envergure.

Quatre Palestiniens ont péri dans une opération nocturne menée dans le camp de réfugiés de Nour Shams près de la ville de Tulkarem, a indiqué le ministère de la Santé de l'Autorité palestinienne dans un communiqué.

Selon l'agence de presse officielle palestinienne Wafa, quatre hommes, âgés de 20 à 25 ans, ont été tués par une frappe de drone israélien sur ce camp situé dans le nord de la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.

"Un appareil aérien des forces israéliennes a frappé une cellule terroriste dans la région de Nour Shams alors que ses membres préparaient un engin explosif", a indiqué l'armée dans un communiqué, en confirmant quatre morts.

Une deuxième opération militaire israélienne menée mercredi à Jénine, également dans le nord de la Cisjordanie, a coûté la vie un Palestinien de 23 ans, Nidal Ziad al-Amer, a indiqué le ministère palestinien. "Il a été tué par les balles de l'occupation", selon lui.

Un responsable de la sécurité israélienne a déclaré à l'AFP que le Palestinien avait été tué alors que des soldats tentaient de l'arrêter car il avait "commis un acte terroriste".

Les opérations israéliennes et les violences se multiplient depuis des mois dans le camp de Nour Shams. Lundi, un enfant et une femme y ont été tués lors d'une incursion israélienne. En avril, un raid israélien à Nour Shams a fait 14 morts en deux jours selon le Croissant-rouge palestinien.

Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, les tueries se sont intensifiées en Cisjordanie.

Au moins 560 Palestiniens ont été tués par l'armée ou des colons israéliens depuis le 7 octobre en Cisjordanie.

Au moins 15 Israéliens y ont été tués dans des attaques, dont des soldats, au cours de la même période, selon des chiffres officiels israéliens.

Bombardements sur la bande de Gaza, des milliers de Palestiniens fuient dans le sud

L'armée israélienne a bombardé mercredi la bande de Gaza, où les carnages se poursuivent notamment dans le nord pendant que des milliers de Palestiniens fuient dans le sud, après un ordre d'évacuation qui fait craindre une nouvelle opération militaire d'envergure.

Après avoir annoncé le 23 juin que la fin de la phase "intense" de la guerre était proche, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réaffirmé mardi que celle-ci ne s'achèverait qu'une fois "atteints" ses objectifs, dont "la destruction du Hamas et la libération de tous’’ détenus israéliens le 7 octobre, lors de l'attaque menée par le mouvement palestinien contre Israël.

Il s'agit "d'une campagne longue", a reconnu le chef d'état-major, le général Herzi Halevi dont l’objectif mal caché est le nettoyage ethnique pour vider la Palestine de ses habitants.

Dans le sud de la bande de Gaza, dévastée par près de neuf mois de guerre, des milliers de familles ont fui depuis lundi des secteurs de l'est de Rafah et de Khan Younès, contraintes de repartir en quête d'eau, de nourriture et d'abris.

Par des températures proches de 30 degrés, les déplacés fuyaient à pied ou entassés sur des remorques surchargées, au milieu des ruines poussiéreuses de Khan Younès, la plus grande ville du sud de la bande de Gaza d'où l'armée israélienne s'était retirée début avril après une bataille de plusieurs mois.

Environ 250.000 personnes, selon l'ONU, sont visées par l'ordre d'évacuation émis lundi après des tirs de roquettes vers Israël.

Cet appel qui concerne un territoire de 117 kilomètres carrés, soit un tiers de la bande de Gaza, est "le plus important depuis octobre, quand les habitants du nord de Gaza avaient reçu l'ordre d'évacuer" aux premiers jours de la guerre, a souligné mardi le bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha).

"Sans nourriture, sans eau" 

Abdallah Mouhareb, un Palestinien de 25 ans, raconte avoir déjà pris la route, d'un endroit à l'autre, lorsque les forces israéliennes ont visé Khan Younès, en décembre.

Au retrait de l'armée, il est rentré chez lui avec sa famille, avant de repartir, sans savoir où aller. "Nous avons dormi dans la rue sans abri, sans nourriture, sans eau. Il y avait des bombardements autour de nous", dit le jeune homme.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé mercredi que presque tous les patients de deux hôpitaux du sud du territoire palestinien, l'Hôpital européen et l'hôpital de campagne du Comité international de la Croix-Rouge, avaient décidé de fuir.

Israël n'a pas indiqué s'il y aurait une nouvelle opération d'envergure dans le sud, mais ses ordres d'évacuation sont généralement un préambule à d'intenses combats.

Après avoir progressé depuis le nord, appelant à évacuer les zones qu'elle visait, l'armée a lancé le 7 mai une opération terrestre à Rafah, une ville frontalière avec l'Egypte, alors présentée comme l'ultime étape de la guerre.

Mais ces dernières semaines, les combats ont repris avec intensité dans plusieurs régions que l'armée avait dit contrôler, notamment dans le nord où elle a lancé le 27 juin une opération terrestre à Choujaïya, un quartier est de la ville de Gaza.

Les combats et les bombardements dans ce secteur ont entraîné le déplacement de 60.000 à 80.000 personnes, selon l'ONU.

Mercredi, l'armée a annoncé poursuivre ses opérations à Choujaïya où elle dit avoir "éliminé des terroristes" et frappé "plus de 50 infrastructures terroristes". Elle a ajouté que ses opérations continuaient également à Rafah et dans le centre de la bande de Gaza.

Selon un correspondant de l'AFP, des frappes aériennes et des tirs d'artillerie ont visé mercredi plusieurs secteurs de la ville de Gaza, dont celui de Choujaïya, où une source du Hamas a fait état de combats au sol.

Sept tués ont été retrouvés sous les décombres d'une maison bombardée dans le nord de la ville, selon la Défense civile.

Des témoins ont signalé des tirs d'artillerie sur le centre de la bande de Gaza, notamment le camp de réfugiés de Nousseirat. Dans le sud, des bombardements ont visé le centre et l'ouest de Rafah, selon les autorités du Hamas.

Un abîme de souffrance

La guerre a provoqué un désastre humanitaire dans le territoire assiégé, où l'eau et la nourriture manquent, où l'aide arrive en quantité insuffisante, où 1,9 million d'habitants, soit 80% de la population, sont à présent déplacés selon l'ONU.

"Les civils palestiniens de Gaza sont plongés dans un abîme de souffrance. Leur vie est brisée", a souligné mardi la coordinatrice humanitaire de l'ONU pour le territoire, Sigrid Kaag. (Quid avec AFP)

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