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Brexit : les députés britanniques votent aujourd’hui
Les députés britanniques se prononcent mardi sur l'accord de Brexit négocié Theresa May avec Bruxelles. Un texte qui ne satisfait ni les europhiles, partisans de liens plus étroits avec l'Union européenne, ni les eurosceptiques, désireux d'une rupture plus nette, ce qui est de mauvais augure pour la Première ministre conservatrice.
Voici les principaux scénarios possibles après ce vote crucial:
-Si l'accord est voté au Parlement, scénario qui semble peu probable, une sortie ordonnée s'ensuivra. S'ouvrira une période de transition post-Brexit prévue pour durer jusqu'à fin 2020 pendant laquelle presque rien ne changera.
L'accord règle la question de la facture que devra régler Londres à l'UE pour honorer ses engagements et définit les droits des citoyens expatriés.
Le point le plus controversé concerne le "backstop", une disposition destinée à éviter le retour d'une frontière physique entre l'Irlande et la province britannique d'Irlande du Nord pour préserver l'accord de paix sur l'île.
Ce "filet de sécurité" prévoit la création d'un "territoire douanier unique" englobant l'UE et le Royaume-Uni, avec un alignement plus poussé pour l'Irlande du Nord, qui s'appliquerait en cas d'échec des négociations à venir sur la future relation commerciale entre Londres et les 27.
-Si le texte est rejeté par la chambre des Communes, l'un des scénarios envisageables est celui d'un Brexit sans accord, particulièrement redouté par les milieux économiques, avec le spectre d'un effondrement de la livre et d'une montée en flèche du chômage.
Quid des perspectives ?
Les relations économiques entre le Royaume-Uni et l'UE seraient alors régies par les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), et une multitude de contrôles douaniers et réglementaires devraient être mis en place en urgence.
Pénuries de médicaments, embouteillages monstres aux abords des ports, avions cloués au sol, perte de croissance... Ces perspectives sont balayées par les Brexiters les plus acharnés, pour qui "une absence d'accord vaut mieux qu'un mauvais accord", et qui veulent une politique commerciale indépendante.
Cependant, la menace d'un "no deal" semble avoir été contrecarrée la semaine dernière par les députés, avec l'adoption d'un amendement obligeant l'exécutif à présenter sous trois jours, en cas de rejet de l'accord, un "plan B" amendable.
La possibilité d'un second référendum, jusqu'ici exclue par Theresa May, est réclamée par les europhiles dans l'espoir qu'il inverse le résultat de la consultation du 23 juin 2016 et certains responsables politiques pour débloquer la situation.
Reste à définir les questions posées: maintien dans l'UE ou plan de Theresa May? Ou sortie sans accord? Sans garantie que la consultation donnerait un résultat différent de celui de juin 2016.
Le Parti travailliste, principale formation d'opposition, se rangerait à cette option s'il n'obtenait pas les élections anticipées qu'il souhaite.
Elles devraient être précédées d'une motion de censure, que compte déposer le Labour si Mme May perd le vote de mardi.
Toutefois, si une bonne centaine de députés tories ont essayé de renverser Theresa May en décembre, il n'est pas dit qu'ils s'allient à l'opposition travailliste pour une manoeuvre qui pourrait leur faire perdre le pouvoir.
Si les travaillistes l'emportent, ils comptent négocier un nouvel accord avec Bruxelles mais il leur faudrait du temps, a déclaré Jeremy Corbyn, évoquant un probable report de la date de sortie de l'UE.
Reporter le Brexit via une extension de l'article 50 du Traité de l'UE, qui régit le départ d'un État membre, apparaît de plus en plus comme une éventualité crédible, y compris si Theresa May emporte le vote au Parlement car il ne lui resterait que peu de temps pour faire passer la législation nécessaire avant la sortie de l'UE, le 29 mars.
L'organisation d'un second référendum ou d'élections législatives anticipées nécessiterait aussi de repousser la date du Brexit.
Une centaine de députés européens de différents bords politiques se sont engagés lundi à soutenir une demande de report de Londres. Mais dans ce cas, quid des élections européennes, qui se dérouleront entre le 23 et le 26 mai? Selon une source diplomatique, "une prolongation après le 29 mars est possible mais pas au-delà du 30 juin car le nouveau Parlement européen sera constitué". De son côté, Theresa May a estimé lundi que la date du Brexit ne devrait pas être reportée.