Burkina: Damiba accepte sa destitution, tirs de lacrymogènes à l’ambassade de France attaquée

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Capture vidéo diffusée le 2 octobre 2022 par la télévision du Burkina montrant le sous-lieutenant Jean-Baptiste Kabre (C), lisant un communiqué entouré de militaires qui ont pris le pouvoir le 30 septembre 202. Dans un communiqué lu à la télévision, des militaires appellent à une "veille patriotique" et à "une mobilisation totale et constante" dans la capitale pour soutenir le putsch. (Photo Télévision du Burkina / AFP)

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Près de deux jours après la destitution annoncée par des militaires du chef de la junte au pouvoir, la tension restait vive dimanche au Burkina Faso où des manifestants hostiles ont été dispersés au gaz lacrymogène depuis l'intérieur de l'ambassade de France à Ouagadougou.

Mais Le chef de la junte qui était au pouvoir au Burkina Faso, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, qui refusait sa destitution annoncée par un jeune capitaine, a finalement accepté de démissionner dimanche après deux jours de tensions marquées par des manifestations antifrançaises.

Son départ était réclamé à Ouagadougou par des centaines de manifestants favorables au capitaine Ibrahim Traoré, 34 ans, qui avait annoncé sa destitution vendredi soir.

A la suite d'une médiation menée entre les deux rivaux par des chefs religieux et communautaires, "le Président Paul-Henri Sandaogo Damiba a proposé lui-même sa démission afin d’éviter des affrontements aux conséquences humaines et matérielles graves", indique un communiqué de ces chefs très influents au Burkina Faso.

M. Damiba, qui se trouvait dimanche à Lomé, selon des sources diplomatiques régionales, a posé comme condition à sa démission sa sécurité et celle de ses soutiens, ainsi que le respect des engagements à l'égard de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) pour un retour du pouvoir aux civils d'ici deux ans.

Une situation toujours sus tension

Des dizaines de manifestants soutenant le meneur du putsh Ibrahim Traoré, se sont rassemblés devant l'ambassade, mettant le feu à des barrières de protection et jetant des pierres à l'intérieur du bâtiment, sur le toit duquel étaient positionnés des soldats français, quand les gaz ont été tirés, a constaté un journaliste de l'AFP.

D'autres manifestants ont également été vus arracher des barbelés pour tenter d'escalader le mur d'enceinte du bâtiment diplomatique.

Samedi en fin d'après-midi, deux institutions françaises avaient déjà été prises pour cible par des manifestants: un incendie s'était déclaré devant l'ambassade de France à Ouagadougou et un autre devant l'Institut français à Bobo-Dioulasso.

Dans un communiqué lu dimanche par l'un de ses proches à la télévision nationale, le capitaine Traoré, qui se trouvait à ses côtés, a appelé les manifestants à "se départir de tout acte de violence et de vandalisme (...) notamment ceux qui pourraient être perpétrés contre l'ambassade de la France ou la base militaire française" à Ouagadougou. Il a appelé "au calme et à la retenue".

A Paris, le ministère français des Affaires étrangère avait condamné "les violences contre notre ambassade avec la plus grande fermeté", ajoutant que "la sécurité de (ses) compatriotes" était sa "priorité".

Ces attaques "sont le fait de manifestants hostiles, manipulés par une campagne de désinformation à notre encontre", a avancé sa porte-parole Anne-Claire Legendre, en "appelant les parties prenantes à assurer la sécurité" des bâtiments diplomatiques.

Quelques heures avant l'annonce de la destitution de Damiba vendredi soir, des manifestations à Ouagadougou pour réclamer son départ, mais aussi la fin de la présence militaire française au Sahel, et une coopération militaire avec la Russie.

L'influence de Moscou ne cesse de croître dans plusieurs pays d'Afrique francophone ces dernières années, particulièrement au Mali et en Centrafrique, relève l’AFP.

Dimanche, outre l'ambassade, des manifestants se sont également rassemblés près du siège de la télévision nationale du Burkina Faso autour duquel le dispositif de blindés en place depuis vendredi, a été allégé, avec trois véhicules, au lieu d'une vingtaine.

Couvre-feu levé 

Des rassemblements ont aussi eu lieu pendant la nuit de samedi à dimanche sur plusieurs grands axes de la capitale burkinabé, survolée toute la nuit par un hélicoptère militaire.

Depuis l'annonce vendredi soir par des militaires, emmenés par le capitaine Ibrahim Traoré, de la destitution du lieutenant-colonel Paul Henri Damiba - lui-même arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en janvier - la tension ne faiblit pas.

En dépit des tensions, les militaires qui ont annoncé avoir destitué le chef de la junte, ont indiqué dans un communiqué lu dimanche à la télévision nationale que le couvre-feu instauré vendredi de 21h00 à 05h00 (locales et GMT) avait été levé.

Les frontières restent pour l'instant fermées.

Le communiqué annonce également la convocation dimanche après-midi "des secrétaires généraux des départements ministériels chargés de l'expédition des affaires courantes".

Tout en remerciant la population "pour son comportement citoyen, dans son élan de soutien au changement qualitatif engagé" le capitaine Traoré "appelle à se départir des actes de pillage et de vandalisme".

Le colonel Damiba était arrivé au pouvoir en janvier par un coup d'Etat ayant renversé le président Roch Marc Christian Kaboré, accusé d'inefficacité dans la lutte contre les violences jihadistes.

Mais ces derniers mois, des attaques frappant des dizaines de civils et de soldats se sont multipliées dans le Nord et l'Est du Burkina Faso, où des villes sont désormais soumises à un blocus des jihadistes.

Depuis 2015, les attaques régulières de mouvements armés affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique (EI) ont fait des milliers de morts et provoqué le déplacement de quelque deux millions de personnes. (Quid avec AFP)