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Carlos Ghosn devant le tribunal pour la première fois
Le PDG du constructeur automobile Renault, Carlos Ghosn est devant le tribunal pour la première fois. Lors de sa première comparution devant un juge, il s’est dit "faussement accusé et détenu de manière injuste". Cette comparution intervient après deux mois de son arrestation surprise à Tokyo.
Le magnat de l'automobile de 64 ans, qui a subi une chute brutale après être devenu un personnage tout-puissant, s'est défendu d'une voie claire et forte, sans montrer d'émotion, au cours d'une audience qui a attiré les médias du monde et de nombreux curieux.
S'exprimant en anglais, il a rappelé avoir dédié "deux décennies de sa vie à relever Nissan et bâtir l'alliance", une entreprise qu'il dit aimer.
Le dirigeant franco-libano-brésilien affirme "avoir agi avec honneur, légalement et avec la connaissance et l'approbation des dirigeants de la compagnie", selon une déclaration écrite qu'il a lue.
Il a assuré n'avoir nullement fait couvrir des pertes personnelles à Nissan et a détaillé les transactions pour lesquelles il est accusé d'abus de confiance, assurant que les sommes versées par une filiale de Nissan à un homme d'affaires saoudien l'ont été en rétribution de services rendus pour aider le groupe dans la région du Golfe.
Le juge a justifié de son côté son maintien en détention par un risque de fuite à l'étranger "où il a des bases" et d'altération de preuves. "Il y a suffisamment d'éléments pour estimer que le suspect pourrait inciter des personnes concernées à dissimuler des infractions", a argué le magistrat Yuichi Tada.
Carlos Ghosn risque de rester en détention
Carlos Ghosn, pourrait rester en détention jusqu'à son procès dans plusieurs mois, a confié mardi son avocat, promettant néanmoins de "répéter les demandes de mise en liberté sous caution".
"De manière générale, dans les cas de déni total des accusations d'abus de confiance, la libération sous caution n'est le plus souvent pas approuvée jusqu'à l'ouverture du procès", a déclaré Motonari Otsuru, précisant "avoir fait part de ses inquiétudes sur ce point à M. Ghosn qui s'est dit très ennuyé".
Et d'ajouter qu'un délai de six mois au moins pourrait être nécessaire avant d'en arriver au procès.
En revanche, l'avocat a démenti les propos du fils du PDG de Renault au Journal du Dimanche, selon lesquels la signature d'aveux en japonais, une langue qu'il ne comprend pas, serait la condition pour permettre à M. Ghosn d'être relâché.
"Il doit y avoir un malentendu lié à un manque de confiance dans la traduction, mais tous les documents présentés à M. Ghosn lors des interrogatoires lui sont traduits mot à mot et ligne par ligne en anglais, des inspecteurs anglophones sont présents et tout est enregistré et filmé sur disque optique Blu-Ray, de sorte que même s'il y a un doute sur l'interprétation cela peut être vérifié", a détaillé l'avocat.
M. Otsuru a en outre confirmé que M. Ghosn avait été déplacé dans une "pièce" plus spacieuse depuis plusieurs semaines et bénéficiait d'un lit occidental au lieu d'un futon posé sur le sol, assurant qu'il ne connaissait pas les autres conditions précises de sa détention.
"M. Ghosn est quelqu'un de très serein, rationnel qui utilise pleinement de façon efficace les quelque 2H30 que l'on passe ensemble régulièrement depuis 50 jours, il ne nous parle pas de son lit, des règles qui lui sont imposées, ni de tout cela, il se concentre sur le fond de l'affaire", a insisté M. Otsuru.
S'agissant de ce qui pourrait se produire vendredi, échéance de l'actuelle garde à vue résultant d'un troisième mandat d'arrêt, M. Otsuru a indiqué "ne pas savoir" si M. Ghosn sera inculpé ou non pour l'abus de confiance dont il est soupçonné, mais "penser qu'en toute logique, il le sera, car c'est le cas habituellement".
La possibilité qu'il fasse l'objet d'un quatrième mandat d'arrêt n'est pas exclue, selon lui: "cela relève de la décision des procureurs".
Légalement, il n'y a pas de limite au nombre de mandats d'arrêt successifs et chacun d'eux ouvre une nouvelle période de garde à vue qui peut durer jusqu'à 22 jours.
Une mise en liberté sous caution ne peut intervenir qu'à l'issue d'une garde à vue pour mettre fin à une détention provisoire.
Rappelons que Carlos Ghosn a été mis en examen le 10 décembre dernier, pour dissimulation aux autorités boursières d'une partie de ses revenus perçus chez Nissan: environ 5 milliards de yens (38 millions d'euros) sur cinq années, de 2010 à 2015.