Ce que l'on sait de la guerre entre Israël et Gaza après l'attaque du Hamas

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L'objectif est la "liquidation" des hauts dirigeants militaires et gouvernementaux du Hamas, dit Israël … (Photo AFP)

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Israël a ordonné vendredi l'évacuation de "tous les civils" de la ville de Gaza "pour leur propre sécurité et protection", alors que l'Etat israélien continue de pilonner le territoire palestinien au septième jour de sa guerre contre Gaza.

Les affrontements ont déjà fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés.

Voici ce que l'on sait du conflit:

L'attaque 

Le Hamas, mouvement au pouvoir dans la bande de Gaza depuis 2007, a lancé son attaque le 7 octobre à l'aube, 50 ans et un jour après le début de la guerre israélo-arabe de 1973.

Les Brigades Al-Qassam, la branche militaire du Hamas, ont déclenché l'opération "déluge d'Al-Aqsa" pour "mettre fin aux crimes de l'occupation", en référence à l'occupation depuis 1967 par Israël de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, où se trouve l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam qui abrite la mosquée Al-Aqsa.

Le mouvement islamiste palestinien a tiré des milliers de roquettes sur Israël, se frayant un passage à coup d'explosifs et bulldozers à travers la barrière séparant Gaza du territoire israélien, pour attaquer positions militaires et civils.

Les combattants du Hamas, passés aussi par la mer et les airs, se sont emparés d'équipements militaires, s'infiltrant dans des zones urbaines d'Israël et des kibboutz (villages agricoles collectivistes), jusqu'à une vingtaine de kilomètres de la bande de Gaza, un territoire pauvre peuplé de 2,4 millions d'habitants et soumis à un blocus israélien depuis plus de 15 ans.

La vengeance d'Israël 

Engagé dans l'opération "Sabre de fer", Israël a multiplié les bombardements sur la bande de Gaza en représailles.

Le pays a mobilisé 300.000 réservistes et déployé des dizaines de milliers de soldats autour du territoire palestinien. Il dit avoir frappé Gaza avec 4.000 tonnes d'explosifs depuis le début de la guerre.

L'objectif est la "liquidation" des hauts dirigeants militaires et gouvernementaux du Hamas, selon l'armée, qui dit se préparer à une possible offensive terrestre.

L'armée israélienne a notamment donné vendredi un ordre de "relocalisation" de quelque 1,1 million d'habitants du nord de la bande de Gaza, la moitié de sa population, vers le sud. L'ONU a réclamé à ce que l'ordre soit annulé et le Hamas l'a rejeté.

Le Parlement israélien a également entériné la formation d'un gouvernement d'urgence et d'un cabinet de guerre.

A la tête de ce gouvernement d'urgence, composé de Benny Gantz, un leader de l'opposition, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a promis que le Hamas serait "écrasé", mais tous les observateurs s’attendent à un véritable massacre des civils.

Le chef de l'opposition israélienne, Yaïr Lapid, a pour sa part accusé le gouvernement d'un "échec impardonnable" pour ne pas être parvenu à empêcher l'attaque du Hamas.

Morts, disparus et rapatriements 

En Israël, plus de 1.300 personnes ont été tuées, parmi lesquelles de nombreux civils et au moins 258 soldats, selon les autorités.

Côté palestinien, le bilan des bombardements s'est alourdi vendredi à 1.799 morts, dont 583 enfants. Le Hamas a indiqué que deux de ses responsables avaient été tués par des frappes.

L'armée israélienne a affirmé avoir récupéré les corps de 1.500 combattants du Hamas autour de Gaza.

De nombreux ressortissants étrangers ont également péri dans les affrontements et beaucoup d'autres sont portés disparus.

Selon l'armée israélienne, environ 150 personnes, Israéliens, étrangers et binationaux, ont été enlevées par des combattants du Hamas.

Le Hamas avait menacé lundi d'exécuter des otages israéliens "chaque fois que notre peuple sera pris pour cible sans avertissement" par des frappes israéliennes.

Les Etats-Unis négocient avec Israël et l'Egypte l'ouverture du point de passage de Rafah devant les étrangers, notamment les Américains, désirant de quitter la bande de Gaza.

Frappes sur le Liban et la Syrie 

A sa frontière nord, l'armée israélienne a bombardé mercredi des villages frontaliers dans le sud du Liban, en riposte à de nouveaux tirs de roquettes du Hezbollah pour venger la mort lundi dans un bombardement israélien de trois de ses militants.

Washington averti le Hezbollah de ne pas ouvrir un "deuxième front".

Vendredi, la formation chiite s'est dite "entièrement préparée" à intervenir contre Israël en temps voulu, lors d'une manifestation de ses partisans qui manifestaient en soutien aux Palestiniens à Beyrouth.

Les Etats-Unis "doivent contrôler Israël" s'ils veulent éviter une guerre régionale, a déclaré de son côté le chef de la diplomatie iranienne, Hossein Amir-Abdollahian, en visite à Beyrouth, affirmant que l'Iran voulait préserver la sécurité du Liban.

En outre, des frappes israéliennes ont mis hors service jeudi les aéroports de Damas et Alep en Syrie, selon la télévision d'Etat syrienne.

Mardi, l'armée israélienne, qui a pris l’habitude de bombarder la Syrie à sa guise, a prétendu avoir tiré des obus sur la Syrie à partir du plateau du Golan en riposte à des "tirs" de projectiles sur ce territoire occupé par Israël depuis 1967.

Réactions 

Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a mis en garde vendredi contre un déplacement massif de Palestiniens, qu'il a comparé à l'exil provoqué par la guerre de 1948, qui a coïncidé avec la création de l'Etat d'Israël et a provoqué la fuite de quelque 760.000 Palestiniens.

L'ordre donné par Israël aux Palestiniens de se déplacer vers le sud de la bande de Gaza est "un transfert forcé" et constitue "un crime qui dépasse l'entendement", a estimé vendredi le patron de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit.

Le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, a entamé vendredi une tournée dans six pays arabes (Jordanie, Qatar, Bahreïn, Arabie saoudite, Emirats et Egypte) pour faire pression sur le Hamas et évoquer les moyens de faire face à la crise humanitaire qui menace la bande de Gaza.

Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, en visite à Tel-Aviv, a déclaré vendredi que les combattants du Hamas avaient porté le "mal à un autre niveau" que les jihadistes du groupe Etat islamique.

Le Brésil, à la tête du Conseil de sécurité de l'ONU, a convoqué pour vendredi une nouvelle réunion de cet organisme.

L'Iran s'est placé en première ligne du soutien à l'attaque du Hamas, tout en rejetant les accusations sur son implication. Le ministre iranien des Affaires étrangères a indiqué jeudi que l'ouverture d'un "nouveau front" contre Israël au Moyen-Orient serait conditionnée aux "actions" de l'Etat israélien dans le territoire palestinien.

Situation dans la bande de Gaza 

Israël, qui a placé la bande de Gaza sous un blocus total, dénoncé par l’Onu, a exclu d'autoriser l'entrée de produits de première nécessité ou d'aide humanitaire à Gaza tant que le Hamas n'aura pas libéré les otages.

Plus de 423.000 personnes ont été contraintes de fuir leurs domiciles dans la bande de Gaza, selon l'ONU, qui a lancé un appel d'urgence aux dons à hauteur de 294 millions de dollars pour venir en aide aux habitants de Gaza et de la Cisjordanie.

Les autorités palestiniennes ont informé de leur côté l'Organisation mondiale de la santé qu'il était "impossible" d'évacuer les patients vulnérables des hôpitaux du nord de Gaza.

L'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a annoncé vendredi le transfert de son centre d'opérations et de son personnel vers le sud de la bande de Gaza, "afin de poursuivre ses opérations humanitaires et le soutien à son personnel et aux réfugiés palestiniens".

Les Nations unies ont rappelé que le siège total de la bande de Gaza par Israël est "interdit" par le droit international humanitaire.

Vendredi, un haut responsable américain a déclaré qu'Israël serait d'accord pour la création de "zones sécurisées" pour les Palestiniens à l'intérieur de la bande de Gaza.

Le porte-parole du secrétaire général de l'ONU Stéphane Dujarric a fait état d'une situation humanitaire "désastreuse qui devient chaque jour plus grave", soulignant la nécessité de livrer le plus vite possible de l'aide pour les Gazaouis. (Quid avec AFP)