Chine-USA: La Lune, terrain de rivalité plus que d’entente - Par Al Mustapha Sguenfle

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Les récentes prouesses technologiques chinoises témoignent de sa détermination. La mission Chang’e-6, couronnée de succès cette année, a marqué l’histoire de l’exploration spatiale

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Par Al Mustapha Sguenfle  (MAP)

Beijing - La course vers la Lune, autrefois théâtre de la rivalité américano-soviétique, connaît un renouveau depuis deux décennies avec l’émergence de la Chine comme acteur majeur.

Depuis son premier vol habité en 2003, Beijing a mis les bouchées doubles dans sa quête vers l’astre de la nuit, mobilisant des investissements colossaux et nourrissant l’ambition d’y envoyer des astronautes d’ici 2030.

Les récentes prouesses technologiques chinoises témoignent de cette détermination. La mission Chang’e-6, couronnée de succès cette année, a marqué l’histoire de l’exploration spatiale en rapportant, en juin dernier, les premiers échantillons de la face cachée de la Lune.

Les missions Chang’e 7 et 8, prévues respectivement pour 2026 et 2028, visent à explorer le pôle sud lunaire à la recherche de ressources telles que la glace d’eau, et à tester des technologies pour l’utilisation de ces ressources in situ.

Ces missions s’inscrivent dans le cadre du Programme spatial national à long terme de la Chine, qui vise à ériger la nation asiatique en "puissance mondiale en sciences spatiales".

Dévoilé en septembre, ce programme prévoit notamment une mission lunaire habitée et l’installation d’une station internationale de recherche lunaire (ILRS) entre 2028 et 2035.

Outre-Pacifique, la National Aeronautics and Space Administration (NASA) prépare le retour des Américains sur la Lune avec la mission Artemis III, une première depuis Apollo 17 en 1972.

À l’instar des missions chinoises Chang’e 7 et 8, Artemis III cible le pôle sud lunaire en raison notamment de la présence potentielle de glace d’eau. Initialement prévue pour 2025, elle a finalement été reprogrammée pour septembre 2026.

La course sino-américaine vers la Lune comporte donc des enjeux économiques et stratégiques considérables qui soulèvent des interrogations quant à la capacité des deux superpuissances à coopérer dans l’espace.

Une situation qui ne date pas d’hier, des observateurs estimant que l’exclusion de la Chine de la Station spatiale internationale en 1998 aurait été le véritable catalyseur du développement de ses propres capacités en la matière (1).

Autre pomme de discorde, l’amendement Wolf, adopté en 2011 par les États-Unis, restreint la coopération spatiale entre les deux nations. Alors que Washington s’inquiète des ambitions chinoises, craignant des "revendications territoriales lunaires", Beijing dénonce une "campagne de diffamation américaine" ciblant son programme spatial.

Malgré ce climat de méfiance, des canaux de communication subsistent bel et bien. Les médias ont récemment rapporté des pourparlers entre la NASA et les autorités chinoises concernant l’accès des scientifiques américains aux échantillons lunaires de Chang’e-6.

La proposition de la Chine de partager les matériaux collectés sur la Lune avec la communauté scientifique internationale a suscité un vif intérêt parmi les chercheurs américains, notamment suite à la découverte, dans ces fragments, d’hélium 3, rare sur Terre et potentiel carburant pour la fusion nucléaire.

L’administrateur de la NASA, Bill Nelson, a confirmé que ces discussions portent sur les termes d’un accord de prêt de ces échantillons du sol lunaire.

Cette ouverture laisse entrevoir une possible coopération scientifique spatiale transcendant les antagonismes terrestres existant entre les deux pays. Cependant, plusieurs experts jugent qu’il serait prématuré d’affirmer que cette dynamique perdurera, eu égard à la rivalité profonde et multidimensionnelle opposant l’Oncle Sam à l’Empire du Milieu.

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  • NDLR : La Chine a été écartée de la Station spatiale internationale (ISS) en 1998 principalement pour des raisons politiques et de sécurité américaines. À l’époque déjà, les relations entre la Chine et les États-Unis étaient tendues, et les États-Unis, qui dirigeaient le projet de l’ISS en collaboration avec des partenaires comme la Russie, l’Europe, le Canada et le Japon, n’étaient pas prêts à inclure la Chine pour des raisons de rivalité stratégique. Washington craignait que la participation de la Chine permette le transfert de technologies spatiales sensibles, qui pourraient aider la Chine à supplanter les Etats-Unis. Les Américains avançaient que l’inclusion de la Chine mettrait en danger la sécurité nationale des États-Unis. À la fin des années 1990, la Chine développait son propre programme spatial, et les États-Unis préféraient limiter l’accès de la Chine aux technologies avancées et aux connaissances de pointe disponibles dans le cadre du programme de l’ISS. Peine perdue. Car, depuis, la Chine a développé son propre programme spatial indépendant comme expliqué dans cet article, y compris la construction de sa propre station spatiale.