International
Conflit russo-occidental : Le tour d’horizon
Sans vergogne, les pays de l’OTAN veulent rendre Moscou muet et ne faire entendre que leur voix à sens unique. La liberté de la presse et de l’expression dont se targue l’Occident montre dans ce conflit toutes ses limites.
L'avancée russe vers Kiev est "au point mort", selon le Pentagone
L'avancée de l'armée russe vers Kiev est pour l'instant "au point mort", entravée par la résistance ukrainienne ainsi que par des problèmes d'approvisionnement en carburant et nourriture, a déclaré mardi un haut responsable du Pentagone.
"Nous avons le sentiment général que le mouvement de l'armée russe (...) vers Kiev est au point mort à ce stade", a-t-il affirmé à des journalistes.
"Nous pensons que c'est lié en partie à leur propre approvisionnement et à des soucis logistiques", a-t-il ajouté. "Et nous pensons aussi que, plus globalement", "les Russes sont en train de faire le point pour repenser" leur stratégie "et tenter de s'adapter aux défis qu'ils ont rencontrés", a-t-il encore dit.
Au sixième jour de l'invasion russe de l'Ukraine, ce responsable a expliqué que le convoi impressionnant de militaires russes au nord de la capitale ukrainienne était quasiment à l'arrêt. Mais les Etats-Unis pensent qu'il demeure déterminé à encercler et prendre Kiev, si besoin en mettant en place un véritable siège.
Budapest refuse le transfert d'armes vers l'Ukraine
Budapest - La Hongrie a annoncé lundi qu'elle s'opposerait au transfert d'armes par son territoire après que l'Union européenne et des Etats membres eurent décidé d'expédier de l'aide militaire à l'Ukraine.
"Nous n'autoriserons pas le transfert d'armes létales par le territoire hongrois", a écrit le ministre hongrois des Affaires étrangères Peter Szijjarto sur Facebook.
Cette décision, a-t-il soutenu, a été prise pour assurer la sécurité des Hongrois à la fois dans leur pays et à la frontière avec l'Ukraine.
"Ces livraisons peuvent facilement devenir des cibles d'attaques militaires", a ajouté le ministre.
"Notre tâche la plus importante est de garantir la sécurité du pays et de la population hongroise, par conséquent, nous ne devons pas être impliqués dans la guerre qui se déroule à côté", a-t-il affirmé.
Le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell a annoncé que l'Union européenne allait débloquer 450 millions d'euros pour financer l'achat et la livraison d'armes par les Etats membres à l'Ukraine.
Le Kremlin estime trop tôt pour donner une appréciation des négociations avec Kiev
Moscou - Le Kremlin a estimé mardi qu'il était "trop tôt pour donner une appréciation" des négociations avec Kiev, qui ont eu lieu la veille au Bélarus.
Le président Vladimir Poutine avait été informé des pourparlers, mais il était "trop tôt pour en donner une appréciation", a dit le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
"Nous devons les analyser et ensuite penser aux perspectives rapportées par ([e négociateur en chef Vladimir] Medinski", a-t-il ajouté, affirmant que "des négociations directes sont en cours entre les délégations russe et ukrainienne".
Pour sa part, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a déclaré à la télévision que "les forces armées de la fédération de Russie continueront l'opération militaire spéciale jusqu'à ce que les objectifs fixés soient atteints".
La supériorité inexploitée de l'aviation russe
La supériorité théorique de l'aviation russe sur son adversaire ukrainienne est écrasante mais tarde à se traduire dans les faits depuis le début de la guerre, un phénomène qui explique en partie la lenteur de la progression russe.
À ne regarder que les chiffres, le déséquilibre est impressionnant : 132 bombardiers à zéro, 832 chasseurs à 86, 358 avions de transports contre 63, selon les chiffres de Janes, centre de recherche britannique spécialisé dans la guerre.
Le reste est à l'avenant, à l'exception des drones. L'Ukraine en possède 66 contre 25 seulement pour les Russes. Kiev ne fait donc pas le poids, même s'il est évident que Moscou n'engage pas toute son aviation dans la guerre.
Mais ce déséquilibre criant ne se traduit pas autant qu'attendu par les experts occidentaux. "Si la Russie dispose de l'avantage des chiffres, elle n'a pas conquis le contrôle du ciel jusqu'à empêcher l'aviation ukrainienne d'opérer et d'infliger des dégâts à l'effort de guerre russe", analyse pour l'AFP Gareth Jennings, expert en aviation militaire chez Janes.
"La sous-efficacité des forces aériennes russes fait partie des éléments surprenants du conflit. On est loin, malgré l’expérience syrienne de la précision, de la souplesse et des capacités de coordination interarmées des forces aériennes occidentales", relevait sur Twitter mardi l'ancien colonel français Michel Goya.
La Voix unique, celle des pays de l’OTAN
Sans vergogne, les pays de l’OTAN veulent rendre Moscou muet et ne faire entendre que leur voix à sens unique. La liberté de la presse et de l’expression dont se targue l’Occident montre toutes ses limites. Après Facebook lundi, c'est au tour de YouTube de bloquer mardi en Europe les médias russes RT et Sputnik, accusés de ‘’désinformation sur la guerre’’ (sic) en Ukraine, en attendant une interdiction similaire de diffusion télévisée.
"Nous bloquons les chaînes YouTube de RT et Sputnik dans toute l'Europe, avec effet immédiat", a annoncé dans un communiqué YouTube, filiale du géant américain Google.
Lundi, les réseaux sociaux Facebook et Instagram (groupe Meta) avaient déjà décidé de bloquer, dans les pays de l'Union européenne, les contenus publiés par la chaîne RT (ex-Russia Today) et le site Sputnik, tous deux considérés comme des émanations du pouvoir russe.
"Nous avons reçu des demandes de plusieurs gouvernements et de l'Union européenne de prendre des mesures supplémentaires concernant des médias contrôlés par l'Etat russe", avait écrit Nick Clegg, vice-président de Meta, sur son compte Twitter. Il avait justifié la suspension par "la nature exceptionnelle de la situation".
Brésil : Après un entretien avec Poutine, Bolsonaro évite de condamner la Russie
Brasilia - Le président du Brésil, Jair Bolsonaro, qui s'est entretenu dimanche au téléphone avec son homologue russe, Vladimir Poutine, a affirmé lors d’une conférence de presse que son pays prône la "prudence" à l’égard du conflit en Ukraine.
"Notre position doit être assez prudente. Nous ne pouvons pas agir lorsque nous essayons de résoudre une grave situation", a déclaré le président de la première puissance sud-américaine, depuis une base militaire à Guarujá, sur la côte de Sao Paulo (sud-est).
"Personne, nulle part dans le monde, n'est favorable à la guerre, mais nous avons de très graves problèmes qui guettent toute l'humanité et notre pays en particulier, qui est également concerné par ce contexte", a déclaré Bolsonaro.
Le chef de file de l'extrême droite brésilienne n'a pas donné de détails sur le contenu de l’échange avec Poutine, à qui il a été le dernier à rendre une visite officielle controversée quelques jours avant l’éclatement du conflit militaire et qui a été critiquée par la Maison Blanche.
"Je crois qu'une solution sera trouvée. Il ne suffit pas de voir qui a raison, il faut faire en sorte que la crise ne s’aggrave pas. Je crois qu'une solution sera trouvée dans les jours ou les heures qui viennent", a-t-il estimé.
Bien que le Brésil, membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, ait voté en faveur de la condamnation de la Russie, Bolsonaro ne s'est pas prononcé contre Poutine et a même désavoué son vice-président, le général Hamilton Mourao, qui a vivement critiqué Poutine appelant à recourir à "la force" contre Moscou.
Le dirigeant brésilien a indiqué que les régions du sud de l'Ukraine "avaient voté massivement en faveur de l'indépendance lors d'un référendum, un processus similaire à celui que l'Ukraine elle-même avait emprunté".
"Ce que veut la Russie, c'est l'indépendance de ces deux zones. Je n'entrerai pas dans le débat à savoir qui a raison ou qui a tort, mais ce que nous recherchons, c'est la paix en ce moment", a déclaré le président, qui a insisté sur le fait que la priorité était de continuer de retirer les citoyens brésiliens et sud-américains du territoire ukrainien.
Concernant l'impact que la guerre en Ukraine pourrait avoir sur les prix du carburant au Brésil, Bolsonaro a affirmé que le conflit affecte tous les pays. "La paix est le meilleur moyen pour nous et pour le monde entier afin d'être à l'abri d'une hausse considérable des prix du carburant", a-t-il ajouté.
De même, il a estimé que l'impact peut se faire sentir dans l'agro-industrie, puisque le Brésil, un pays à grande vocation agricole, dépend de l'importation d'engrais, l'Ukraine étant l'un des principaux fournisseurs.
"Nous avons des engrais dans tout le pays. A l'embouchure du fleuve Madère nous avons du potassium en abondance, mais c'est une réserve indigène, pourquoi ne pas l'exploiter là-bas ?", s’est interrogé Bolsonaro en allusion aux restrictions sur l’exploitation minière dans les aires protégées.
Bolsonaro (extrême droite) compte briguer un nouveau mandat lors des élections d’octobre prochain, pour lesquelles son rival de gauche, l’ancien président Lula Da Silva, connu pour sa proximité avec Moscou, part favori selon les sondages d’opinion.
Le ministère brésilien des Affaires étrangères avait appelé dans un communiqué au dialogue pour parvenir à une "solution négociée" à la crise ukrainienne, "en prenant en compte les intérêts légitimes de sécurité de la Russie et de l'Ukraine" et dans le plein respect "des principes de la Charte des Nations Unies".
Le Brésil exhorte "les parties concernées à éviter une escalade de la violence", a ajouté le communiqué.