Coronavirus : Le Maroc vigilant, mais ce n’est pas encore l’alarme

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Face au risque de propagation probable au Maroc du coronavirus chinois, le ministère de la Santé juge le risque "faible", bien que "le Maroc ne soit pas à l’abri", rapporte Medias24. "En tant qu’Etat membre de l’OMS, nous sommes régis pour ce qui est de la riposte à toutes les menaces de santé publique à l’échelle internationale par le règlement sanitaire international. Nous sommes toujours attentifs à tout ce que recommande l’OMS, qui donne les directives et les recommandations à adopter", déclare encore à Médias24 le directeur de l'épidémiologie et de lutte contre les maladies, Mohammed Youbi.

En parallèle, le Centre national des opérations urgences de santé publique (CNOUSP) "est en réunion continue pour suivre la situation et faire des mises à jour quotidiennes et une réévaluation eu égard aux données qui nous parviennent de la situation en Chine", poursuit le haut fonctionnaire.

Que dit le CNOUSP? "Le centre continue de juger que le risque qu’un cas arrive chez nous n’est pas exclu, sachant que des cas ont été enregistrés dans certains pays, le monde n’étant qu’un petit village. Mais nous considérons que le risque est quand même faible."

En cas de menace réelle, le Maroc est-il bien armé pour face au coronavirus ? S’interroge Medias24. Réponse du ministère :  "Le Maroc dispose d’un plan de préparation et de riposte à des urgences de santé publique, lequel plan a été activé à plusieurs reprises, notamment lors des deux dernières menaces d'épidémie de grippe, qui est une infection qui se transmet par voie aérienne et qui ressemble à ce cas de figure. Pour faire face à une menace mondiale liée à un autre coronavirus, celui du Moyen-Orient, le même dispositif avait bien marché".

Selon Mohammed Youbi , le dispositif marocain s’articule autour de quatre axes: la veille (guetter et évaluer le risque), la détection (définir le cas, le situer, confirmer le diagnostic grâce à des équipements de laboratoires), la préparation et l’activation des unités de prise en charge et enfin la communication (quand communiquer, véhiculer une information "exacte" et "transparente" aux professionnels de la santé et à la population). "Ce plan est là mais pour le moment nous jugeons qu’il n’y a pas lieu de s’affoler", estime le directeur de l'épidémiologie et de lutte contre les maladies.

D’autant, souligne-t-il, que "ce n’est pas une maladie très mortelle". "La mortalité dans ces cas ne dépasse pas celle habituellement enregistrée pour des pneumonies", soupèse-t-il.

Ne faut-il prévoir de mesures dans les aéroports ? "Pour le moment, là aussi, le plan prévoit à quel moment déclencher le mécanisme. Pour le moment, nous jugeons qu’il n’y a pas lieu d’entreprendre une quelconque mesure au niveau des frontières. D’ailleurs on a constaté que les autorités chinoises ont bouclé la ville à l’origine du virus et fermé l’aéroport", nous répond M. Youbi, rappelant que le Maroc "dispose d’un dispositif de surveillance des infections respiratoires au Maroc". "Lorsqu’un nouveau virus circule, ce mécanisme est en mesure de le détecter".

Si un cas venait à être détecté au Maroc, le pays a-t-il un stock d’antiviraux ? "Puisqu’il s’agit d’un nouveau variant de virus, qui appartient à la famille des coronavirus, un groupe de virus qui provoque des infections respiratoires allant d’un simple rhume à une véritable pneumonie grave, c’est à l’étude. Même la séquence génétique de ce virus pour développer les kits de diagnostic est à l’étude avec précision", précise Mohammed Youbi 

"Cette étude génétique va permettre de dire à quel type d’antiviraux ce variant est sensible. Il devrait être sensible aux antiviraux habituels et, généralement dans ce genre d’infections dues à des virus, la prise en charge est plutôt symptomatique : prise en charge, lutte contre la surinfection, contre la fièvre, mesures individuelles pour ne pas contaminer d’autres personnes, évacuation des secrétions, et, si nécessaire, assistance respiratoire en milieu hospitalier assistance".

A rappeler qu’en dehors de la Chine, où plus de 500 personnes ont déjà été contaminées, des cas individuels confirmés ou suspects ont été identifiés dans d'autres pays d'Asie (Thaïlande, Japon, Corée du Sud, Taïwan, etc.). Un cas a également été signalé aux Etats-Unis tandis qu'un autre en Australie s'est révélé être une fausse alerte. 

Le virus a été repéré en décembre à Wuhan, mégapole de 11 millions d'habitants dans le centre du pays, chez des gens travaillant dans un marché de gros de fruits de mer et de poissons, et dont on ignore encore l'origine exacte ou la période d'incubation. Depuis nombre de pays ayant des liaisons aériennes directes ou indirectes avec Wuhan ont renforcé les contrôles des passagers à l'arrivée, ce que pour l’instant, le Maroc qui vient d’inaugurer une liaison directe avec Pékin n’a pas fait.

 Aujourd'hui, le nombre de mort est de 17. Ce virus, qui se transmet par les voies respiratoires, « pourrait muter et se propager plus facilement », a averti lors d'une conférence de presse le vice-ministre de la commission nationale de la Santé, Li Bin. Il a précisé que le virus avait été diagnostiqué auprès de 440 patients, alourdissant un précédent décompte d'environ 300 cas.

Lors de la précédente apparition du Sras en chine,  sur 8.096 cas, le virus avait fait 774 morts dans le monde, dont 349 en Chine continentale et 299 à Hong Kong, selon l'OMS. L'organisation internationale avait à l'époque vivement critiqué Pékin pour avoir tardé à donner l'alerte et tenté de dissimuler l'ampleur de l'épidémie.