Coronavirus: le Conseil de sécurité de l'ONU en échec

5437685854_d630fceaff_b-

522
Partager :

Le Conseil de sécurité de l'ONU, qui ne s'est pas réuni depuis 12 jours, est profondément divisé sur un projet de déclaration lié au coronavirus comme sur des réunions "virtuelles" pour adopter des résolutions, auxquelles s'oppose Moscou.

Ce texte, "l'Afrique du Sud l'a rejeté en premier, la Russie et la Chine ont proposé des amendements mais ont aussi bloqué ensuite", a indiqué un diplomate sous couvert d'anonymat. D'autres sources ont évoqué un projet dans l'impasse. Pékin et Pretoria étaient réticents et Moscou a proposé "des amendements tueurs", a dit l'une d'elles toujours dans l’anonymat. 

Proposé depuis la fin de la semaine dernière par l'Estonie, le projet de déclaration, obtenu par l'AFP, souligne "la préoccupation croissante" des quinze membres du Conseil de sécurité face à la pandémie "qui pourrait constituer une menace à la paix et à la sécurité internationales". 

En évoquant la nécessité d'"aider les plus exposés et vulnérables au virus et les populations vivant dans des situations humanitaires catastrophiques", le texte appelle à la "coopération politique et économique", en assurant que les actions entre membres des Nations unies se déroulent en "pleine transparence", une allusion implicite à des critiques américaines récurrentes à l'égard de Pékin.

"Aucun pays ne peut réussir seul" à vaincre la pandémie, insiste aussi le projet de déclaration, qui tient en une page, en soulignant que la recherche d'un vaccin est prioritaire.

Une déclaration du Conseil de sécurité de l'ONU requiert l'unanimité de ses 15 membres pour être adoptée et publiée.

Moscou contre le "virtuel" 

En raison d'un télétravail instauré à grande échelle et même si le siège de l'ONU à New York reste officiellement ouvert, le Conseil, présidé en mars par la Chine, ne s'est pas réuni depuis le 12 mars.

Toutes les réunions de la semaine dernière ont été annulées comme celles qui étaient prévues cette semaine sur la Syrie ou la Libye.

Le programme officiel prévoit l'adoption jeudi par le Conseil de sécurité de plusieurs résolutions liées à des missions ou mandats arrivant à échéance.

Il doit ainsi renouveler pour un an le mandat des experts onusiens chargés des sanctions imposées à la Corée du Nord et prolonger pour un an aussi la mission de paix en Somalie.

Selon des diplomates, le Conseil doit aussi étendre de deux mois la mission des Casques bleus au Darfour, sans modification d'effectifs, alors qu'il devait engager leur retrait graduel pour passer à une mission d'aide politique fin octobre étendue à l'ensemble du Soudan.

Mais cette réunion se tiendra-t-elle vraiment jeudi?

Depuis dix jours, la Russie répète à ses partenaires son opposition à la tenue de réunions "virtuelles", par vidéo, pour des sessions de votes. Ses détracteurs soulignent qu'une session "physique" obligerait une cinquantaine de personnes à venir à l'ONU.

"Ce n'est pas raisonnable", lance un diplomate. "Les Russes sont idiots", s'énerve un autre, oubliant toute mansuétude diplomatique. 

"Nous sommes pour une présence physique (et) doutons que cela puisse être réalisé autrement", affirme pour sa part à l'AFP l'ambassadeur russe adjoint à l'ONU, Dmitry Polyanskiy.