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Coronavirus: les jeux et les films sur la maladie deviennent un phénomène viral
Des patients ayant des symptômes du coronavirus participent à une séance de gymnastique encadrée par du personnel médical en combinaison de protection dans un hôpital de Wuhan, le 17 février 2020
Partout dans le monde, l'épidémie du nouveau coronavirus a réveillé des peurs mais également un véritable appétit pour les films, les jeux vidéos et les séries anxiogènes sur le thème de la maladie.
Ces dernières semaines, le thriller scientifique "Contagion" de Steven Soderbergh, sorti en 2011, s'est retrouvé en tête des téléchargements sur iTunes.
Il raconte comment une femme d'affaires, incarnée par Gwyneth Paltrow, rapporte involontairement aux Etats-Unis un virus contracté via un chef cuisinier de Macao.
Le scénario présente de nombreuses similitudes avec l'épidémie de Covid-19 apparue en décembre dans la ville de Wuhan, au centre de la Chine. Comme dans le film, le virus a été transmis aux hommes par des animaux avant de se propager.
Dans "Contagion", le virus tue de manière exponentielle quelque 26 millions de personnes à travers le monde sur le seul premier mois. Des chiffres sans commune mesure avec l'actuel coronavirus.
Cette histoire cauchemardesque a cependant séduit un grand nombre de spectateurs.
La dernière semaine de janvier, "Contagion" figurait dans le top 10 du classement britannique d'iTunes.
Cette semaine, il était retombé en 55ème position en Grande-Bretagne mais demeurait en bonne place dans de nombreux pays : numéro 7 à Singapour, 20 aux Etats-Unis et 24 en Australie.
A Hong Kong, où se déroule une scène de "Contagion", il est en huitième position.
Ces derniers semaines, l'ex-colonie britannique - où deux personnes sont décédées du virus - a été le théâtre de scènes similaires à celles du long-métrage: des habitants paniqués se sont rués dans les commerces pour constituer des stocks de papier toilette, de riz ou de produits ménagers.
Soulager le "stress"
La population de la mégapole demeure traumatisée par l'épidémie de Srars, qui avait fait 299 morts en 2002-03, et dont le réalisateur s'est inspiré.
Si les Hongkongais sont inquiets, le reste de la planète est curieuse de voir, à travers le cinéma hollywoodien, à quoi pourrait ressembler une pandémie mondiale.
"Ce soudain intérêt pour tout ce qui est lié aux épidémies et aux virus est un moyen pour les gens de mieux gérer ce qui se passe", a expliqué à l'AFP Robert Bartholomew, un sociologue médical qui étudie le phénomène d'hystérie collective.
"Le fait de parler des événements traumatisants peut aider les gens à +se libérer+ et à soulager leur stress", a-t-il rappelé.
Mais ce film n'est pas le seul à rencontrer du succès.
Depuis sa sortie il y a huit ans, le jeu "Plague Inc", dans lequel un virus se répand à travers la planète, est très populaire.
Et, à chaque apparition d'épidémies comme le Covid-19 ou Ebola, le nombre de téléchargements grimpe, selon Ndemic Creations, la société créatrice du jeu.
"A chaque épidémie, nous constatons une augmentation du nombre de joueurs, car les gens cherchent à connaître la façon dont les maladies se propagent et à comprendre les aspects complexes des épidémies", a expliqué la société dans un communiqué, qui rappelle "que +Plague Inc+ est un jeu et non un modèle scientifique.
"S'en sortir ensemble"
L'an dernier, Extra Credits, une chaîne éducative de YouTube, a réalisé une série de films d'animation pour le centième anniversaire de la grippe dite "espagnole" qui, en 1918, avait fait des millions de morts.
Le nombre de vues s'est envolé, notamment en Asie du Sud-Est, depuis l'apparition du nouveau coronavirus, a affirmé Robert Rath, l'auteur du script de cette série qui vit à Hong Kong.
De son côté, Netflix ne pouvait rêver d'un meilleur calendrier pour la sortie en janvier de sa série documentaire "Pandémie" qui pointe le manque de préparation, sur le plan international, face à un nouveau virus.
"Les gens ont souligné que +Pandémie+ est sortie au parfait moment", a écrit sur Twitter Sheri Fink, une journaliste et médecin qui est la producteur déléguée de la série.
"Mais, en réalité, nous l'avons réalisé, parce que certains d'entre nous (...) connaissaient les points faibles du système et nous espérions informer avant, et non après, l'apparition d'un autre pathogène dangereux", a-t-elle indiqué.
Dans le monde entier, les recherches sur Google concernant cette série, le jeu "Plague" et le film "Contagion" ont explosé au cours du mois dernier.
Pour M. Bartholomew, l'information en continue pousse les gens à aller sur internet afin de donner du sens à leurs angoisses.
"Dans le passé, les gens allaient à l'église et priaient, alors qu'aujourd'hui, à une époque plus laïque, ils vont en ligne et discutent de leurs peurs c'est une façon de s'en sortir ensemble", a-t-il souligné.