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Craignant le retour de Trump à la Maison Blanche, les médias européens n’ont d’yeux que pour Kamala Harris
Troisième jour de la Convention nationale démocrate (DNC) au United Center à Chicago, Illinois, le 21 août 2024. La vice-présidente Kamala Harris acceptera officiellement la nomination du parti à la présidence lors de la DNC qui se déroulera du 19 au 22 août à Chicago. (Photo de MIKE SEGAR / POOL / AFP)
Le sacre de Kamala Harris par des démocrates survoltés à Chicago vient couronner un mois unique dans l'histoire politique américaine, qui pourrait avoir complètement rebattu les cartes de la campagne présidentielle. C’est ce que souhaite en tout cas les capitales européennes dont les médias ont quasiment oublié que Donald Trump est aussi en campagne, qu’ils ne couvrent que vaguement. Craignant son retour à la Maison Blanche, ils font comme si déjà Kamala Harris a remporté les élections. En voici un pototype.
21 juillet 2024, 13H46. Par une simple lettre publiée sur le réseau social X, Joe Biden annonce se retirer de la course à la Maison Blanche.
Le président démocrate cède à la pression de ses pairs qui jugent que sa candidature à un second mandat est devenue trop risquée après son débat calamiteux fin juin face au républicain Donald Trump. Sa missive provoque une onde de choc.
Au point d'éclipser la tentative d'assassinat qui a visé Donald Trump seulement une semaine plus tôt.
14H13, nouveau message de Joe Biden.
Le dirigeant de 81 ans annonce soutenir sa vice-présidente Kamala Harris, 59 ans, avec laquelle il a fait campagne en 2020, pour le remplacer comme candidat du Parti démocrate.
"Portable dans la voiture"
Depuis Washington, Kamala Harris salue immédiatement "l'acte désintéressé et patriotique" du président et promet de faire "tout ce qui est en son pouvoir" pour battre Donald Trump le 5 novembre.
Sa candidature est lancée.
Son mari Doug Emhoff participe à une séance de vélo dans une salle de sport huppée de Los Angeles quand tout ce chamboulement se produit. Il rate un déluge d'appels et de messages, y compris de sa femme.
"Je ne laisserai plus jamais mon portable dans la voiture", plaisante-t-il plus tard.
Gouverneurs, sénateurs, anciens rivaux, progressistes comme modérés: en quelques heures, l'ancienne élue de Californie décroche le soutien de quasiment l'intégralité de son parti -- ce dont les observateurs politiques la croyaient incapable.
"When we fight, we win"
Comment faire campagne en trois mois face à Donald Trump? Au lendemain de son entrée dans la course, Kamala Harris promet sans ambiguïté: "Nous allons gagner."
Par souci d'efficacité, elle commence par conserver la même équipe que Joe Biden, basée dans les mêmes locaux, avec quasiment le même logo.
Mais le message change complètement.
Face à l'ancien président républicain, condamné au pénal fin mai, Kamala Harris vante son expérience d'ancienne procureure. Elle joue aussi, parfois, la carte de l'âge - le républicain a près de 20 ans de plus qu'elle.
Habitué à présenter Joe Biden en vieillard sénile, Donald Trump se voit obligé de revoir sa campagne électorale à la va-vite.
Une situation d'autant plus délicate que l'entrée de Kamala Harris dans la course a donné un coup de fouet aux démocrates: en 48 heures, la candidate lève 100 millions de dollars en dons.
Et des dizaines de milliers de bénévoles s'inscrivent pour prêter main forte à ses équipes.
Cet enthousiasme se matérialise dans les sondages, mais aussi lors des premiers meetings de Kamala Harris. Entourée des rappeurs Quavo et Megan Thee Stallion à Atlanta, elle lance à une salle comble: "When we fight, we win!" ("Quand on se bat, on gagne!"), devenu le nouveau slogan de sa campagne.
Ancien professeur devenu gouverneur
Forte du soutien de son parti et de sa base, Kamala Harris part à la recherche d'un colistier.
Elle fait ce choix en quelques jours, alors qu'un tel processus de sélection très scrupuleux dure normalement des mois.
La candidate annonce le 6 août qu'elle sera secondée par un ancien professeur de géographie devenu gouverneur du Minnesota, Tim Walz, 60 ans.
Le duo, qui joue de sa complicité sur les réseaux sociaux, se lance à la rencontre d'électeurs, sillonnant cinq Etats décisifs en autant de jours.
Cette semaine à Chicago, leur "ticket" a été investi en fanfare par des démocrates complètement électrisés.
Kamala Harris acceptera de porter la candidature de son parti à l'élection de novembre lors d'une soirée en prime-time jeudi, point d'orgue de cette grand-messe.
La démocrate n'aura ensuite plus que deux mois pour convaincre les Américains de la solidité de sa candidature.
En face, son adversaire Donald Trump paraît certes un peu groggy mais a promis de ne retenir aucun coup, garantissant une fin de campagne tout aussi haletante. (Quid avec AFP)