De Berlin à Abidjan, le déconfinement en douceur, le foot fait son retour dans une arène vide en Allemagne

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L'Allemagne a retrouvé samedi son football, la France ses plages: la levée des restrictions se poursuit dans un monde paralysé par le coronavirus, qui a fait plus de 307.000 morts et provoque une récession inédite. 

La Bundesliga est devenue samedi la première ligue majeure de football à retrouver les stades après des semaines de confinement. Un retour sur les terrains à huis clos, suivi de près par l'ensemble de la planète football.

Pas de poignées de main, pas d'enfants pour accompagner les joueurs, pas de vivats : c'est dans des arènes vides de tout spectateur qu'a été donné le coup d'envoi des cinq premières rencontres, dont le prestigieux derby de la Ruhr Dortmund-Schalke.

"Mieux vaut des matches à huis clos pour freiner la progression de l'épidémie qu'une catastrophe sanitaire, c'est mieux que rien", se console Nicole Bartelt, une supportice de Dortmund qui s'est résignée à suivre le match à la télé.

La France dont le PIB compte sur le tourisme a pour sa part rouvert samedi plusieurs sites emblématiques, tels que le Mont Saint-Michel, la cathédrale de Chartres ou encore le Sanctuaire de Lourdes.

Mais leur accès est réservé aux visiteurs locaux: dans ce pays où la pandémie a fait plus de 27.500 morts, les déplacements restent limités à un rayon de 100 km autour du domicile.

"On est comme des drogués, on était impatients parce qu'on se baigne ici toute l'année", témoigne Gilles, un retraité allé se baigner sur sa plage préférée à Nice, sur la Méditerranée, malgré une eau frisquette.

La Grèce a de son côté rouvert ses plages privées mais à condition là aussi de respecter des règles strictes, dont l'interdiction de poser son parasol à moins de quatre mètres de son voisin. Les plages publiques avaient rouvert le 4 mai.

"C'est un peu contraignant de nettoyer à chaque fois qu'un client part", soupire Pedri Alatras, chargé de désinfecter des transats à Kavouri, près d'Athènes.

Troisième pays le plus endeuillé au monde (plus de 31.600 morts) et elle aussi très dépendante du tourisme, l'Italie espère également un retour des estivants.

La Basilique Saint-Pierre, au Vatican, doit rouvrir dès lundi et la cathédrale de Florence a prévu d'équiper les futurs visiteurs de boîtiers émettant un signal sonore s'ils s'approchent à moins de deux mètres les uns des autres, un dispositif présenté comme une première mondiale.

Rome a par ailleurs annoncé samedi rouvrir ses frontières à partir du 3 juin pour les touristes de l'UE, sans période de quarantaine.

 "On a encore peur" 

Sous forte pression pour en faire autant, l'Allemagne n'envisage pas de telle mesure avant le 15 juin. Elle a cependant rouvert samedi sa frontière avec le Luxembourg, et légèrement assoupli les conditions de passage avec l'Autriche et la Suisse.

En Afrique, les habitants d'Abidjan ont pu eux retrouver leurs célèbres "maquis", ces bars-restaurants populaires. Mais dans une ambiance en demi-teinte. "On a encore peur de la maladie", explique Hymia Solange Ouattara, venue s'amuser vendredi soir Chez Gnawa, dans un quartier animé de capitale ivoirienne.

Le virus, qui selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) pourrait "ne jamais disparaître", continue sa course mortelle. Et dans plusieurs pays, l'heure n'est pas à la fête.

Au Chili, la capitale Santiago s'est réveillée samedi en confinement total, une mesure ordonnée par le gouvernement après un bond des contaminations et un doublement du nombre de morts quotidiens en deux jours.

En Inde, la pandémie submerge le système de santé de Bombay, le poumon économique du pays: des corps traînent dans les chambres d'hôpitaux et certains patients doivent partager leur lit. "Le système est sous une pression énorme, il est en train d'exploser", constate Deepak Baid, un médecin.

 "Réponse multilatérale" 

Aux Etats-Unis, pays le plus touché avec plus de 87.500 morts, le chômage affecte près de 15% de la population active, un record.

Le président américain Donald Trump a de nouveau prédit vendredi l'arrivée d'un vaccin avant la fin de l'année, "peut-être avant".

L'agence européenne du Médicament avait évoqué jeudi un délai d'un an, selon un scénario "optimiste".

Plus de cent projets ont été lancés dans le monde et une dizaine d'essais cliniques sont en cours, dont cinq en Chine, pour tenter de trouver un remède contre le Covid-19.

Les 194 Etats membres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) doivent se réunir à distance lundi pour tenter de coordonner leur réponse à la pandémie, un rendez-vous toutefois sous la menace d'une confrontation directe entre Washington et Pékin.

Dans une tribune publiée vendredi, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a appelé Pékin et l'UE à renforcer "confiance, transparence et réciprocité". "Nous avons clairement besoin d'une réponse multilatérale dans toutes les dimensions de la crise", a-t-il insisté.

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