Déjà vu à Gaza : des dizaines de milliers de personnes fuient au Liban les frappes israéliennes, soutien iranien à reculons 

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Un enfant, blessé lors d'une frappe israélienne sur son village, reçoit des soins dans le village de Saksakiyeh, dans le sud du Liban, le 24 septembre 2024.(Photo par Mahmoud ZAYYAT / AFP)

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Les Nations unies ont indiqué mardi être "extrêmement alarmées" par "la brusque escalade des hostilités entre Israël et le Hezbollah" au Liban, où "des dizaines de milliers" de personnes ont fui les violences cette semaine.

"Nous sommes gravement préoccupés par la grave escalade des attaques (...). Des dizaines de milliers de personnes ont été forcées de quitter leurs maisons hier et cette nuit, et leur nombre ne cesse d'augmenter", a déclaré un porte-parole de l'agence de l'ONU pour les réfugiés (HCR), Matthew Saltmarsh, lors d'un point de presse à Genève des agences onusiennes.

"Ces nouveaux déplacements viennent s'ajouter aux 112.000 personnes déplacées depuis octobre" dernier, a observé la représentante adjointe du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) au Liban, Ettie Higgins, depuis Beyrouth.

Israël a mené mardi de nouvelles frappes contre des cibles du Hezbollah au Liban, après les bombardements qui ont fait plus de 558 morts la veille, dont au moins 50 enfants et 94 femmes,

 et font redouter un embrasement de la région près d'un an après le début de la guerre d’extermination des Palestiniens à Gaza.

Au moins quatre travailleurs de la santé ont été tués et seize ambulanciers blessés, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

"Nous sommes extrêmement alarmés par la brusque escalade des hostilités entre Israël et le Hezbollah et nous appelons toutes les parties à cesser immédiatement la violence et à assurer la protection des civils", a déclaré de son côté une porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, Ravina Shamdasani, lors du point de presse.

"Désescalade immédiate" 

Depuis la semaine dernière, près de 6.400 personnes ont été blessées au Liban, selon l'OMS.

Depuis Beyrouth, le représentant de l'OMS au Liban, le Dr Abdinasir Abubakar, a expliqué que plus de 90% des blessures lors des explosions de bipeurs "se situent au niveau du visage et des membres, en particulier des mains".

Les frappes israéliennes sur le Liban sont les plus meurtrières depuis la dernière guerre entre le Hezbollah et Israël en 2006, qui a duré un peu plus d'un mois.

L'Unicef appelle "de toute urgence à une désescalade immédiate" et à ce que toutes les parties respectent leurs obligations en vertu du droit humanitaire international afin de garantir la protection des infrastructures civiles et des civils, y compris les enfants, les travailleurs humanitaires et le personnel médical.

"La journée d'hier a été la pire que le Liban ait connue depuis 18 ans. Cette violence doit cesser immédiatement", a affirmé la représentante d'Unicef.

Plusieurs agences humanitaires de l'ONU ont annoncé qu'elles augmentent leur aide au Liban pour faire face à une situation qui était déjà désastreuse avant l'escalade.

"La situation est extrêmement alarmante. C'est très chaotique et nous faisons tout ce que nous pouvons pour soutenir le gouvernement", a indiqué le porte-parole du HCR.

"Il s'agit d'une région qui a déjà été dévastée par la guerre et d'un pays qui ne connaît que trop bien la souffrance", a-t-il dit.

Fermeture des écoles et universités

Le Liban a prolongé mardi la fermeture des crèches, des écoles et des universités jusqu'à la fin de la semaine, en raison des intenses raids israéliens qui visent le sud et l'est du Liban ainsi que la banlieue sud de Beyrouth.

Dans un communiqué, le ministre de l'Education libanais, Abbas Halabi, a décrété "la prolongation de la fermeture des écoles publiques et privées", dont les lycées et les universités "jusqu'à la fin de cette semaine". Le ministre de la Santé, Firass Abiad, a pour sa part annoncé "la fermeture des crèches jusqu'à la fin de la semaine".

Téhéran un soutien au Hezbollah à reculons 

Le président iranien, Massoud Pezeshkian, a affirmé mardi que son allié, le Hezbollah libanais, ne pouvait "pas rester seul" face à Israël, qui a mené des bombardements contre lui ayant fait plus de 550 morts lundi au Liban.

"Le Hezbollah ne peut pas s'opposer seul à un pays qui est défendu, soutenu et approvisionné par les pays occidentaux, les pays européens et les Etats-Unis", a déclaré M. Pezeshkian dans un entretien sur la chaîne américaine CNN, traduit du persan à l'anglais.

Il a appelé la communauté internationale à "ne pas permettre que le Liban devienne un autre Gaza", où Israël mène une offensive aérienne et terrestre.

"La paix au Liban ne tient qu'à un fil", pouvait-on lire mardi dans le journal réformiste iranien Etemad. "La région est au bord d'une explosion massive", écrivait de son côté le quotidien gouvernemental.

Un soutien iranien à reculons 

Après sa rencontre avec le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, il a affirmé mardi sur X "que l'inaction de l'ONU face aux crimes du régime d'occupation était insensée et incompréhensible".

Il a également dit avoir "exprimé" sa "profonde inquiétude quant à l'extension du conflit à l'ensemble du Moyen-Orient".

Lundi, M. Pezeshkian a accusé Israël de vouloir "élargir" le conflit à la région, soulignant que cela ne "bénéficierait à personne" et insistant sur le fait que Téhéran ne cherchait pas à "déstabiliser" la région.

Lors d'une table ronde avec des journalistes, il n'a pas répondu directement à la question de savoir si l'Iran, qui visiblement apporte un soutien à reculons à son allié, était prêt à riposter contre Israël.

Comme pour se justifier, il a jouté que l'Iran n'a "jamais déclenché de guerre au cours des cent dernières années", et cherche pas aujourd’hui "à créer d'insécurité".

Mais ne s’intéressant qu’à la sécurité de son propre pays, il insisté que l'Iran "ne permettra jamais à un pays" de "menacer (sa) sécurité et (sa) intégrité territoriale".

L'Iran a menacé de représailles Israël après l'assassinat imputé à ce pays du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh, à Téhéran le 31 juillet, sans aucune suite.

Selon le commentateur politique Mohammad Reza Manafi, "le chemin est encore long avant une éventuelle implication directe de l'Iran dans la guerre". (Quid avec AFP)