Désignation de Sinaour chef du Hamas, entre critiques et inquiétudes et optimisme. En Palestine occupée

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Montage montrant l’ancien chef en exil du bureau politique du Hamas, Khaled Meshaal, à Doha le 1er mai 2017, le chef de l'aile politique du mouvement Hamas dans la bande de Gaza, Yahya Sinwar, désigné à la tête du mouvement après l’assassinat de Heniyeh, , le chef adjoint du bureau politique du Hamas dans la bande de Gaza, Khalil al-Hayya, , le responsable du Hamas Abdel Hakim Hanini à Doha et le haut responsable du bureau politique du Hamas, Musa Abu Marzuk, à Doha le 2 août 2024. (Photo AFP)

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Un "homme têtu", un choix "pas approprié", le "sommet de l'incertitude": des habitants de la bande de Gaza, pas tous, interrogés par l'AFP critiquent le choix de Yahya Sinouar à la tête du Hamas, un « radical » offrant peu d'espoir de cessez-le-feu après dix mois de guerre avec Israël.

"La nomination de Yahya Sinouar à la tête du Hamas n'était pas appropriée à ce stade critique. Cela pourrait avoir des conséquences négatives à plusieurs niveaux, notamment l'arrêt des négociations" indirectes avec Israël en vue d'un cessez-le-feu dans le territoire palestinien, dit Ibrahim Abou Daqa, 35 ans.

Un autre habitant de Gaza, Bachir Qarqaz, se montre encore plus pessimiste: "La guerre ne se terminera pas dans un avenir proche parce qu'Israël rejette Sinouar (...), un homme têtu qui ne peut pas céder", dit-il.

"C'est un combattant, comment des négociations pourront-elles avoir lieu?", renchérit Mohammed al-Charif. "Nous sommes maintenant au sommet de l'incertitude et nous ne voulons rien d'autre que la fin de la guerre", insiste ce Gazaoui de 29 ans.

Yahya Sinouar, qui était le chef du Hamas à Gaza, a été désigné mardi soir à la tête du mouvement islamiste palestinien pour succéder à Ismaïl Haniyeh, tué la semaine dernière en Iran, pays qui accuse Israël, son ennemi juré, de l'avoir assassiné.

Sinouar est l'un des hommes les plus recherchés par Israël qui dit ouvertement vouloir l'éliminer, comme l'a répété mardi soir le ministre des Affaires étrangères, Israël Katz.

Israël le considère comme l'un des cerveaux de l'attaque d'une ampleur inédite du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.

Abou Dawa, originaire de Rafah, ville du sud du petit territoire palestinien, déplacé à Deir el-Balah (centre), est lui aussi inquiet: "l'occupation (Israël) a tué le négociateur Ismaïl Haniyeh. Que va-t-il se passer avec le combattant Sinouar?", se demande-t-il.

Un responsable du Hamas a déclaré mardi que la désignation de Sinouar envoyait un "message fort" à Israël indiquant que le mouvement "restait sur la voie de la résistance".

Optimisme en Cisjordanie-

Un autre Gazaoui, Hani al-Qano, dit que "personne ne s'attendait à ce que Sinouar remplace Ismaïl Haniyeh", et lui pense que "cela va accélérer la fin de la guerre".

Sinouar "pourrait avoir un impact positif sur les négociations et représenter un défi pour Israël, étant donné qu'il vit à l'intérieur de la bande de Gaza parmi la population assiégée. Il est différent de Haniyeh qui a vécu à l'étranger", dit-il. Haniyeh dirigeait l'organisation depuis Doha au Qatar.

Cet optimisme est davantage partagé en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967 et administré par l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, dont le parti Fatah est un rival du Hamas. Ce dernier a chassé le Fatah de la bande de Gaza et y a pris le pouvoir en 2007.

Le nouveau chef du Hamas? "Une excellente décision, car Sinouar vit au cœur de la bataille et sait donc exactement ce qu'il négocie, plutôt que quelqu'un qui est assis à l'extérieur du pays", estime Farah Qassem, un habitant de Ramallah, en référence à Ismaïl Haniyeh.

"Sinouar a payé et continue de payer un lourd tribut à la guerre, de sorte que ses décisions découleront des souffrances endurées par la population de Gaza", ajoute cet homme de 54 ans, en référence aux conditions catastrophiques pour les habitants qui manquent de tout dans ce territoire ravagé par dix mois de guerre.

Même sentiment pour Emad Abou Fokheidah, qui vit dans un village près de Ramallah: "le choix de Sinouar était une sage décision et un message à l'occupation selon lequel la solution politique, qu'Israël a rejetée en assassinant Haniyeh, ne viendra que par les armes".

"On sait que toutes les guerres se terminent par des négociations, et aujourd'hui, c'est le négociateur qui mènera la bataille", dit cet homme de 57 ans. (Quid avec AFP)