Discours de Nasrallah qui s’est dédouané de l’attaque de Hamas : L’entrée en guerre du Hezbollah, ce n’est pas pour aujourd’hui

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Des partisans du mouvement chiite libanais Hezbollah regardent un discours télévisé de son chef Hassan Nasrallah dans la banlieue sud de Beyrouth, la capitale libanaise, le 3 novembre 2023. Le 3 novembre, Hassan Nasrallah a déclaré aux États-Unis que son groupe, soutenu par l'Iran, était prêt à affronter leurs navires de guerre et que le moyen d'éviter une guerre régionale était de mettre fin aux attaques à Gaza. (Photo par Ahmad AL-RUBAYE / AFP)

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Le chef du Hezbollah pro-iranien, Hassan Nasrallah, dans son discours très attendu, a surtout parlé aux américains. Il avait des messages à leur passer : les siens et ceux de Téhéran. Quand on dépouille son discours d’une heure et demi de sa rhétorique guerrière et de de ses postures sur la victoire inéluctable, on tombe sur un Nasrallah qui s’est montré plutôt rassurant vis-à-vis des Américains. Il a même tenu à préciser que ni lui ni l’Iran n’était au courant préalablement de l’attaque de Hamas le 7 octobre 2023.

Tout en menaçant de l’embrasement que court la région, il a en filigrane laissé entendre que le Hizbollah et ses parrains iraniens n’agiraient véritablement que s’ils sont frontalement attaqués. Tout en accusant Washington d’être le véritable architecte de la tragédie qui se déroule en Palestine te au Moyen Orient, Nasrallah les a sollicité pour retenir la main d’Israël avant que le nombre des massacrés devient, comme s’il ne l’était pas déjà, insupportable.

Il a ainsi estimé que la guerre entre Israël et le Hamas pourrait se transformer en conflit régional si elle ne s'arrêtait pas, faisant porter aux Etats-Unis l'entière responsabilité de la situation.

Alors que la rue arabo-musulman espérait d lui une a=entrée en guerre, le leader ciite s’est contenté de dire que "toutes les options" étaient ouvertes pour un élargissement du conflit sur le front libanais avec Israël.

Saluant la bataille "héroïque" du Hamas à Gaza, Hassan Nasrallah a accusé les Etats-Unis, dont le chef de la diplomatie Antony Blinken a effectué vendredi une visite en Israël, d'être "entièrement responsables de la guerre en cours à Gaza".

Il a estimé qu'ils devaient "arrêter rapidement l'agression à Gaza" s'ils voulaient "empêcher une guerre régionale".

Depuis le lendemain du 7 octobre, le Hezbollah est engagé dans des échanges de tirs quotidiens, mais limités, à la frontière avec Israël, en solidarité avec son allié palestinien, le Hamas.

Les violences ont déjà fait 72 morts au Liban, dont 54 combattants du Hezbollah, selon un décompte de l'AFP, et au moins six soldats et un civil côté israélien, d'après les autorités.

"Juste milieu" 

Le chef du Hezbollah a tenu à souligner que le Hamas avait pris seul la décision de déclencher la guerre contre Israël, et n'en avait pas informé le Hezbollah ou l'Iran.

Mais il a indiqué que son mouvement avait ouvert le front libanais "pour soutenir Gaza" et qu'il "mobilisait le tiers de l'armée israélienne".

Pesant ses mots, il a estimé que "la possibilité que ce front connaisse une escalade additionnelle ou une guerre totale (...) est réaliste, et peut arriver, et l'ennemi doit s'y préparer" [sic].

Le chef du Hezbollah a souligné que les alliés de l'Iran s'étaient également mobilisés à travers la région pour soutenir le Hamas, saluant les formations irakiennes et yéménites "entrées dans cette bataille bénie" en revendiquant des tirs sur Israël.

Pour l'analyste Maha Yahya, directrice du Carnegie Middle East Center basé à Beyrouth, le chef du Hezbollah a su "trouver un juste milieu".

Il était pris entre ceux qui critiquent sa formation pour "ne pas être entrée dans le conflit avec toute ses capacités" et la volonté du Hezbollah, ainsi que celle de l'Iran, "d'éviter un conflit régional", explique-t-elle.

"Inimaginable" 

Washington a réagi en avertissant le Hezbollah qu'il ne devait pas "chercher à profiter" de la guerre entre Israël et le Hamas.

"Les Etats-Unis ne veulent pas que le conflit s'étende au Liban. La dévastation qui s'en suivrait pour le Liban et sa population serait inimaginable, et peut être évitée", a déclaré le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.

Une guerre destructrice a déjà opposé en 2006 le Hezbollah à Israël. Elle avait ravagé les infrastructures et fait plus de 1.200 morts côté libanais, en majorité des civils. Côté israélien, 160 personnes avaient été tuées, essentiellement des militaires.

Le Hezbollah a renforcé depuis son important arsenal militaire, qui comprend notamment des missiles de haute précision, mais s'est gardé pour le moment de les utiliser.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a mis en garde le Hezbollah après ces menaces, dans un discours télévisé.

"Je répète à nos ennemis, ne vous trompez pas à notre sujet. Une telle erreur serait très coûteuse, vous payeriez un prix inimaginable", a-t-il martelé. (Quid avec AFP)

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