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En Afrique de l'Ouest, Blinken cherche à renforcer les positions de son pays et à pallier les défaillances françaises militaire
Le Secrétaire d'Etat américain Antony Blinken (G) et le Président de la Côte d'Ivoire Alassane Ouattara (D) se serrent la main après leur rencontre à la Résidence du Président à Abidjan le 23 janvier 2024. (Photo par ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / POOL / AFP)
En tournée africaine, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a cherché à s’assurer de la permanence du dispositif militaire américain menacé en Afrique de l’ouest et appelé depuis Abuja au Nigéria à lutter contre l'extrémisme au-delà d'une approche strictement militaire, avant de poursuivre sa tournée africaine en Angola.
Washington qui doit faire face à une montée de la contestation de sa suprématie par les pays du « Sud global » comme jamais auparavant depuis l’implosion de l’empire soviétique, entend raffermir ses postions face aux avancées dans le continent de la Chine et de la Russie et plus généralement des pays des BRICS+
A Abuja, M. Blinken, dont la visite se concentre sur la façade atlantique du continent, a proposé une assistance américaine élargie en matière de sécurité mais a déclaré qu'il fallait une "approche globale", près d'un an après que l'armée a renversé le président élu du Niger, Mohamed Bazoum, et alors que la Russie et la Chine progressent dans la région.
Cet effort signifie "travailler avec les communautés locales dans un partenariat, démontrer que les forces de sécurité sont là avant tout pour les protéger et répondre à leurs besoins", a-t-il déclaré mardi dans la capitale nigériane, avant-dernière étape de sa tournée.
Les Etats-Unis sont engagés à être "un solide partenaire de sécurité pour le Nigeria", a dit M. Blinken.
L'approche ivoirienne
Plus tôt mardi, le secrétaire d'Etat américain avait salué l'approche ivoirienne dans la lutte contre le jihadisme.
"Je dois applaudir l'approche de la Côte d'Ivoire: travailler avec les communautés, les écouter, s'assurer que les forces de sécurité comprennent leurs besoins, leurs inquiétudes", a déclaré le chef de la diplomatie américaine lors d'un point presse aux côtés du président Alassane Ouattara. "Je pense que cela peut servir de modèle très fort pour les autres pays", a-t-il ajouté.
Frontalière du Mali et du Burkina, la Côte d'Ivoire a pour l'heure réussi à endiguer la menace jihadiste, en mêlant une approche sécuritaire et de développement économique. Le dernier incident lié à ces groupes armés dans le nord du pays remonte à début 2021.
Les Etats-Unis qui gardent un œil la mer Rouge, depuis sa base à Djibouti, insuffisante, ont en Niamey et Agadez au Niger un véritable « pied à terre » pour leur présence militaire dans la région, notamment ses forces aériennes pour la région allant de la Libye aux pays du Sahel et le Soudan en guerre civile.
La France étant de plus en plus en difficulté en Afrique de l’Ouest, Antony Blinken compte sur Abidjan pour pallier les défaillances françaises. Il a ainsi annoncé dans la capitale ivoirienne que la coopération américano-ivoirienne allait se renforcer notamment dans la formation de troupes. Quelque 45 millions de dollars seront ajoutés à un programme de 300 millions visant à aider les pays ouest-africains à lutter contre l'insécurité.
Alassane Ouattara a de son côté évoqué "une convergence de vues sur la situation continentale" dans une région ouest-africaine qui a "beaucoup de difficultés avec les coups d'Etat dans un certain nombre de pays voisins de la Côte d'Ivoire".
Le Nigeria et la Côte d'Ivoire se tiennent largement aux côtés des Etats-Unis – tout comme un autre partenaire clé, le Kenya – malgré le malaise d'une grande partie du continent face à la volonté occidentale d'armer l'Ukraine et, plus récemment, face au soutien américain à Israël dans sa guerre contre le Hamas.
Leur position contraste avec un autre poids lourd du continent, l'Afrique du Sud, accusé par les Etats-Unis d'autoriser les expéditions d'armes vers la Russie et qui a récemment agacé Washington en portant une accusation de génocide contre Israël devant la Cour internationale de Justice.
Le président Joe Biden avait reçu en 2022 les dirigeants africains pour manifester un regain d'attention américain pour le continent. Il avait promis de se rendre en Afrique en 2023, mais n'a pas concrétisé cet engagement.
M. Blinken a cependant repris les mots de M. Biden pour dire : "Nous mettons le paquet sur l'Afrique". C'est la première visite de M. Blinken en Afrique subsaharienne depuis mars 2023. (Quid avec AFP)