Face à l'Occident, Poutine, qui écarte tout élargissement pour l’instant, affiche son entente avec les Brics

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Le président russe Vladimir Poutine et le président chinois Xi Jinping à la cérémonie d'accueil des participants au sommet des BRICS à Kazan, le 22 octobre 2024. (Photo / POOL / AFP)

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Face à l'Occident qui veut l'isoler depuis l'offensive en Ukraine, le président russe Vladimir Poutine a affiché mardi son entente avec les pays des Brics, lors du sommet de ce groupe auquel appartiennent notamment la Chine et l'Inde.

M. Poutine a multiplié les rencontres tout au long de la journée à Kazan, s'entretenant tour à tour avec les dirigeants indien, sud-africain ou encore avec son grand partenaire asiatique, le président chinois Xi Jinping.

"La coopération russo-chinoise sur la scène internationale est l'un des facteurs de stabilité mondiale", a estimé Vladimir Poutine au début de cette rencontre avec Xi Jinping.

En retour, le dirigeant chinois l'a assuré que dans un contexte international "chaotique", "l'amitié profonde qui unit la Chine et la Russie de génération en génération ne changera pas".

Selon le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, le conflit en Ukraine et les relations avec les Occidentaux ont été abordées.

"Une fois de plus, il y a eu une convergence significative des positions et des approches sur ce qui se passe dans le monde", a indiqué M. Peskov, précisant que "beaucoup de temps a été consacré à l'Ukraine" lors de cette rencontre de près d'une heure.

Illustrant son ambition de mettre fin à "l'hégémonie" occidentale dans les relations internationales, Vladimir Poutine avait auparavant loué, devant l'Indien Narendra Modi, l'excellence des relations entre leurs pays, tant diplomatiques que commerciales.

"Nous croyons que les conflits ont vocation à être résolus uniquement pacifiquement. Nous soutenons totalement les efforts pour restaurer rapidement la paix et la stabilité", a déclaré le dirigeant indien, qui, comme la Chine, n'a jamais condamné l'offensive russe en Ukraine.

"Ami précieux" 

Ce sommet, qui réunit autour de M. Poutine plus d’une vingtaine de dirigeants, vise à démontrer l'échec de la stratégie occidentale d'isolement du président russe.

Le sommet se tient au moment où Moscou gagne militairement du terrain en Ukraine et a forgé des alliances étroites avec les plus grands adversaires ou concurrents des Etats-Unis : Chine, Iran, Corée du Nord.

Les Occidentaux critiquent l'Inde pour ses achats de grandes quantités de pétrole russe depuis 2022, et la Chine pour son soutien économique crucial à la Russie dans un contexte de lourdes sanctions occidentales.

Dans ce marathon diplomatique de la Russie en direction des pays dits du "Sud global", le président sud-africain Cyril Ramaphosa a donné un motif de satisfaction à Vladimir Poutine, en qualifiant la Russie "d'allié" et d'"ami précieux".

M. Poutine lui a répondu vouloir encore "renforcer les relations avec les pays du continent africain", où Moscou avance ses pions depuis plusieurs années.

Sur le plan du commerce international aussi, Vladimir Poutine entend aussi peser.

Lors d'un entretien avec la présidente brésilienne de la Nouvelle banque de développement, Dilma Rousseff, il a répété son souhait d'une augmentation des "règlements en monnaies nationales" entre les pays Brics.

En butte aux sanctions économiques occidentales et avec ses principales banques exclues de la plateforme de paiement international Swift, la Russie plaide pour la mise en place d'un système alternatif pour faire pièce à l'hégémonie du dollar.

"Monde multipolaire" 

Le chef de l'Etat russe s'entretiendra mercredi avec le président turc Recep Tayyip Erdogan - dont le pays, membre de l'Otan, a demandé à rejoindre les Brics - et avec le président iranien Massoud Pezeshkian.

Visé par un mandat d'arrêt émis par la Cour pénale internationale en mars 2023 en raison d’une présumée « déportation d'enfants ukrainiens » dont Kiev accuse Moscou qui rejette ces accusations, Vladimir Poutine est limité dans ses déplacements à l'étranger.

Pour ce grand raout diplomatique, le Kremlin juge "crucial" de démontrer qu'"il y a une alternative aux pressions occidentales (...) et que le monde multipolaire est une réalité", relève l'analyste politique russe Konstantin Kalatchev.

Moscou présente son assaut contre l'Ukraine non comme une guerre de conquête, mais comme un conflit provoqué par l'hégémonisme américain.

Pour les Occidentaux et le président ukrainien Volodymyr Zelensky, la Russie est au contraire dans une logique de domination de ses voisins.

L'Ukraine sera également au menu du sommet jeudi avec une rencontre annoncée par le Kremlin entre Vladimir Poutine et Antonio Guterres, le secrétaire général de l'ONU.

L'ONU n'a toutefois pas confirmé cette rencontre, la première en Russie entre les deux hommes depuis avril 2022.

Comptant quatre membres (Brésil, Russie, Inde, Chine) à sa création en 2009, le bloc des Brics a intégré l'Afrique du Sud en 2010, tirant ainsi son nom des initiales de ces Etats en anglais. Il a été rejoint cette année par quatre pays (Ethiopie, Iran, Egypte et Emirats arabes unis).  D’autres candidats à l’adhésion attendent de. Pouvoir accéder aux Brics+, mais la Russie a écarté mardi un élargissement du groupe, invoquant des divergences entre les pays membres.

"La question de l’élargissement n’est pas à l’ordre du jour. Il y a des points de vue divergents", a indiqué le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov en marge du sommet. Le cas du. Venezuela est dans la conjoncture actuelle le plus emblématique de ces divergences, le Brésil ayant déclaré par la voix de son président Lula Da Silva, absent du sommet pour raison médicale, qu’il s’y opposait fermement. (Quid avec AFP)