Forces de dissuasion russe en état d'alerte, escalade inacceptable pour Washington, l’essentiel des dernières 24 h du conflit

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Le missile russe hypersonique Zircon

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Le président russe Vladimir Poutine a ordonné, dimanche, au ministère de la Défense de mettre les forces de dissuasion de l'armée en régime spécial d'alerte au combat.

"J'ordonne au ministre de la Défense (NDLR Sergueï Choïgou) et au chef d'état-major de mettre les forces de dissuasion de l'armée russe en régime spécial d'alerte au combat", a déclaré M. Poutine lors d'un entretien avec ses chefs militaires retransmis à la télévision.

Le président russe a justifié cette décision par les déclarations agressives de l'Otan envers son pays et par les sanctions économiques "illégales" contre Moscou.

"Comme vous pouvez le voir, non seulement les pays occidentaux prennent des mesures inamicales contre notre pays dans le domaine économique - je veux parler des sanctions illégales que tout le monde connaît très bien -, mais de hauts responsables de grands pays de l'Otan se permettent de formuler des déclarations agressives concernant notre pays", a-t-il dit.

Les forces de dissuasion russes sont un ensemble d'unités dont le but est de décourager une attaque contre la Russie, "y compris en cas de guerre impliquant l'utilisation d'armes nucléaires", selon le ministère de la Défense.

Ces forces sont équipées de missiles, de bombardiers stratégiques, de sous-marins et de navires de surface. Sur le plan défensif, elles comprennent un bouclier anti-missile, des systèmes de contrôle spatiaux, de défense antiaérienne et antisatellite.

Pour Washington c’est une escalade "inacceptable"

Washington a accusé dimanche Vladimir Poutine de se lancer dans une escalade "inacceptable" en mettant en alerte la force nucléaire russe.

L'annonce russe "signifie que le président Poutine continue l'escalade dans cette guerre, d'une manière qui est totalement inacceptable", a déclaré l'ambassadrice américaine à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield.

La mesure russe "fait clairement entrer en jeu des forces qui, s'il y a une erreur de calcul, pourraient rendre les choses beaucoup, beaucoup plus dangereuses", a dénoncé le responsable du ministère américain de la Défense.

Il a également qualifié cette mise en alerte d'"inutile", la Russie n'ayant "jamais été sous une menace de l'Ouest".

Risque de siège 

Les forces russes "restent à 30 km du centre de Kiev" et se sont rapprochées à 50 km de Marioupol, dans le sud, où des combats se poursuivent, selon les estimations du Pentagone.

Washington a aussi observé une nouvelle tactique militaire des forces russes, qui ont encerclé la ville de Chernihiv, au nord-est de Kiev, et paraissent vouloir l'assiéger.

"C'est inquiétant", a souligné le responsable du Pentagone. Un siège "accroît le risque de dommages collatéraux aux infrastructures civiles et de victimes civiles parce que le siège devient en fait un effort extrême pour prendre une ville sans égards pour les infrastructures civiles".

L'armée russe détruit le plus gros avion du monde, le cargo ukrainien Antonov-225

Le plus gros avion du monde, le cargo Antonov-225 ukrainien, a été détruit par des frappes russes sur un aéroport à proximité de Kiev au cœur de combats violents, a annoncé, dimanche, le groupe d'Etat Ukroboronprom.

"La Russie a détruit notre +Mriya+. Mais elle n'arrivera jamais à détruire notre rêve d'un Etat européen fort, libre et démocratique. Nous vaincrons", a écrit sur Twitter le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba.

Cette annonce intervient alors que l'aéroport de Gostomel est le théâtre de violents affrontements depuis le début du conflit Ukraine-Russie, jeudi.

Ukroboronprom a estimé que restaurer le "Mriya" coûterait plus de 3 milliards de dollars et durerait plus de cinq ans.

Cet appareil unique au monde, qui mesurait 84 mètres de long et pouvait transporter jusqu'à environ 250 tonnes de fret à une vitesse pouvant atteindre 850 km/h, avait été baptisé "Mriya", "Rêve" en ukrainien.

Après plusieurs années d'inactivité faute de moyens suite à la chute de l'Union soviétique, le seul exemplaire existant a effectué un vol d'essai en 2001 à Gostomel, à une vingtaine de kilomètres de Kiev.

Il est depuis exploité par la compagnie aérienne ukrainienne Antonov Airlines pour des vols cargo à la demande et a été très sollicité notamment au début de la pandémie du Covid-19.

La Russie reconnaît pour la première fois des pertes humaines en Ukraine

L'armée russe a reconnu pour la première fois dimanche enregistrer des pertes humaines durant son conflit avec l'Ukraine, sans pour autant donner de chiffres.

"Les militaires russes font preuve de courage en exécutant leurs missions de combat (...). Malheureusement, il y a des morts et des blessés. Mais nos pertes sont bien moindres" que dans le camp ukrainien, a annoncé le porte-parole du ministère de la Défense, Igor Konachenkov.

Le Kremlin est régulièrement accusé par ses opposants de passer sous silence la mort des soldats russes tués au combat pour ne pas s'attirer les foudres d'une opinion publique encore traumatisée par des conflits très meurtriers, notamment en Afghanistan dans les années 1980, puis en Tchétchénie dans les années 1990 et 2000.

Le gouvernement et les médias russes contrôlés par le pouvoir présentent l'invasion en cours de l'Ukraine comme une "opération" militaire circonscrite au Donbass (est), alors que des combats ont lieu du sud au nord, en passant par Kiev.

Samedi, l'Ukraine a affirmé qu'au moins 198 civils avaient été tués depuis le début de l'invasion russe. Kiev a aussi dit avoir tué plusieurs milliers de militaires russes, une affirmation invérifiable de source indépendante.

L'Ukraine accepte des pourparlers avec Moscou

L'Ukraine a confirmé dimanche, au quatrième jour d'une invasion russe à laquelle elle résiste avec acharnement, de premiers pourparlers, Vladimir Poutine annonçant, lui, mettre en alerte la force de dissuasion nucléaire accusant l'Occident d'être "belliqueux".

L'Union européenne a annoncé, elle, de nouvelles décisions à l'égard de Moscou, fermant l'ensemble de son espace aérien aux avions russes, finançant des livraisons d'armes à l'Ukraine et interdisant les médias russes RT et Sputnik.

La présidence ukrainienne n'a pas précisé la date des pourparlers, mais la Russie a indiqué qu'ils auraient lieu dès dimanche.

Selon Kiev, la rencontre aura lieu sans "conditions préalables" à la frontière ukraino-bélarusse, "dans la région de la rivière Pripiat", près de Tchernobyl.

Le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a prévenu que son pays ne "capitulera pas" face à Moscou.

"Je ne crois pas trop à un résultat", mais "il faut qu'on essaie", a quant à lui déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans une déclaration vidéo.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov a affirmé que la rencontre aura lieu dans la région de Gomel au Bélarus, qui est frontalière de celle de Pripiat.

Moscou a désigné pour diriger sa délégation un ex-ministre de la Culture et conseiller à la présidence, Vladimir Medinski, et non son habituel négociateur pour l'Ukraine, Dmitri Kozak.

Le dirigeant bélarusse Alexandre Loukachenko a assuré à M. Zelensky que "les avions, hélicoptères et missiles (russes) déployés sur le territoire du Bélarus resteraient au sol pendant l'arrivée, les négociations et le départ de la délégation ukrainienne", selon la présidence ukrainienne, alors que le Bélarus sert de base arrière à l'invasion russe.

L'UE a dit s'attendre à plus de 7 millions de personnes délacées.

Le pape François a appelé à l'ouverture "urgente" de couloirs humanitaires et demandé "que les armes se taisent" en Ukraine.