France: Macron gagne une semaine en conviant les chefs de parti la semaine prochaine

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Le président français Emmanuel Macron s'exprimant lors d'une interview en direct sur la chaîne de télévision française France 2, sur un plateau installé sur le toit du Musée de l'Homme au Trocadéro, avec les anneaux olympiques affichés sur la Tour Eiffel vus en arrière-plan, à Paris, le 23 juillet 2024. (Photo Ludovic MARIN / AFP)

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Le président français Emmanuel Macron réunira la semaine prochaine les chefs de parti pour tenter de sortir de l'impasse politique et doter la France d'un gouvernement, plus d'un mois après des législatives anticipées qui ont plongé le pays dans l'incertitude.

Le président recevra le 23 août les chefs de partis et de groupes parlementaires, première grande initiative présidentielle depuis le scrutin, dans une réunion à l'Elysée où la gauche se rendra avec sa candidate, la haute-fonctionnaire Lucie Castets.

Après avoir salué le succès des Jeux olympiques de Paris - "On n'a pas envie que la vie reprenne ses droits" - puis commémoré les 80 ans du débarquement en Provence, le chef de l'Etat a fixé le cadre de la rentrée politique.

Dirigeants des groupes et des partis "représentés au Parlement" sont conviés au Palais pour une "série d'échanges", six semaines après le deuxième tour des législatives, et alors même que la gauche radicale de La France insoumise (LFI), les écologistes et les communistes tiennent leurs séminaires de rentrée.

Confronté, après sa décision de dissoudre l'Assemblée nationale, à un hémicycle privé de majorité absolue, Emmanuel Macron avait d'abord invoqué une "trêve olympique", renvoyant la nomination à la "mi-août". Les discussions, très vives avant les JO, doivent impérativement reprendre.

Dans un pays rétif, historiquement, à ces coalitions au pouvoir dans de nombreux pays européens, la France devra s'accommoder pour au moins un an de trois blocs sans majorité, entre l'improbable union des gauches (Nouveau front populaire, NFP), le bloc macroniste allié à la droite républicaine et l'extrême-droite (Rassemblement national, RN).

Le rendez-vous de vendredi prochain constitue donc une date charnière. "La nomination d'un Premier ministre interviendra dans le prolongement de ces consultations", a indiqué l'Elysée.

"Les Français ont exprimé (...) une volonté de changement et de large rassemblement. Dans un esprit de responsabilité, l'ensemble des dirigeants politiques doivent travailler à mettre en œuvre cette volonté".

En dépit de législatives ratées, le camp macroniste est parvenu, avec Les Républicains (LR, droite), à mettre en échec la gauche et l'extrême droite pour la présidence de l'Assemblée, reconduisant la fidèle macroniste Yaël Braun-Pivet.

Mais la gauche, forte du plus grand nombre de sièges, prétend toujours former le gouvernement.

Voyant un "déni de démocratie" dans le refus présidentiel de s'y plier, elle maintient la pression pour désigner Lucie Castets, une haute-fonctionnaire inconnue du grand public, désignée par le NFP après de longues et âpres discussions.

Les chefs de partis du NFP lui ont proposé "de les accompagner lors de ces échanges avec le président de la République pour demander sa nomination à Matignon dès que possible. Elle sera donc présente", a indiqué l'entourage de cette femme de 37 ans.

"Le président ne s'y oppose évidemment pas si (...) les forces politiques du NFP jugent que c'est utile pour que l'échange soit constructif", a répondu l'entourage du chef de l'Etat.

Le 23 juillet, lors d'un entretien télévisé, Emmanuel Macron avait semblé écarter cette hypothèse, qui reviendrait à concéder une cohabitation après sept ans de présidence sans partage.

"La question n'est pas un nom. La question, c'est quelle majorité peut se dégager (...) pour qu'un gouvernement (...) puisse passer des réformes, un budget et faire avancer le pays", avait-il estimé.

Mais lundi, Mme Castets a envoyé un courrier aux parlementaires hors extrême-droite, expliquant vouloir "convaincre au-delà des rangs du NFP pour construire des majorités".

Et elle a admis au quotidien Le Parisien que le programme du NFP aux législatives était un "base de travail" construite "pour l'exercice du pouvoir en cas de majorité absolue".

"Maintenant on n'est pas fous, on sait bien que notre majorité est relative", a-t-elle souligné.

Souvent décrit comme un "procrastinateur", y compris par ses propres soutiens, Emmanuel Macron continue d'étendre le calendrier.

Il n'a accepté que le 16 juillet la démission du gouvernement de Gabriel Attal, resté en place pour gérer les affaires courantes. Et il vise un accord avec la droite et une partie du centre-gauche qui, souhaite-t-il, se détacherait de LFI dirigée par le très clivant Jean-Luc Mélenchon.

Circulent ainsi ces dernières semaines les noms de Xavier Bertrand, Jean-Louis Borloo et Michel Barnier (droite) ou encore Bernard Cazeneuve (centre-gauche).

Mais une alliance avec la droite, qui a montré des signes d'ouverture mais refusé la perspective d'une coalition, resterait loin de la majorité absolue.

Le tout sur fond d'incertitude sur l'adoption du budget, attendu début octobre, premier rendez-vous de cette nouvelle législature déjà fragile. (AFP)