Frappes en continue sur Gaza, Blinken en Israël pour ‘’appeler à épargner les civils’’

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Après une frappe aérienne israélienne sur Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 3 novembre 2023, dans le cadre des combats en cours entre Israël et les Palestiniens. Des milliers de civils, Palestiniens et Israéliens, sont morts depuis le 7 octobre 2023. (Photo par Mahmud HAMS / AFP)

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Israël a mené vendredi de nouvelles frappes dans la bande de Gaza où il poursuit ses opérations terrestres, au moment de l'arrivée à Tel-Aviv du chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, qui doit appeler à des "mesures concrètes" pour épargner les civils. Il a toutefois précisé qu’Israël avait non seulement "le droit" et "l'obligation" de se "défendre".

Ajoutant aux inquiétudes sur le sort des civils, Israël a commencé vendredi à renvoyer dans la bande de Gaza, malgré les bombardements, des milliers de travailleurs palestiniens qui étaient bloqués sur son sol depuis près d'un mois.

Le secrétaire d'Etat américain a débuté sa deuxième tournée au Proche-Orient depuis le début de la guerre, déclenchée le 7 octobre par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien contre Israël et qui suscite des craintes d'un embrasement régional.

Israël, qui a promis "d'anéantir" le Hamas, dans les faits les Palestiniens, avait annoncé jeudi soir être parvenu à encercler la ville de Gaza, où des quartiers entiers sont transformés en champs de ruines, pour y détruire le "centre" du mouvement islamiste.

En Israël, "nous allons parler de mesures concrètes qui peuvent et doivent être prises pour minimiser les dommages causés aux hommes, aux femmes et aux enfants de Gaza", avait déclaré, pince sans rire, M. Blinken avant de quitter Washington.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dit vendredi refuser "une trêve temporaire" avec le Hamas "sans la libération" des plus de 240 otages enlevés lors de l'attaque du Hamas et retenus à Gaza.

Peu avant, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, en visite en Israël, avait affirmé avoir discuté avec M. Netanyahu de la possibilité de "pauses humanitaires" pour protéger les civils palestiniens.

Il a également déclaré que "le seul moyen d'assurer une sécurité durable" à Israël était la création d'un Etat palestinien.

Depuis près de quatre semaines, les 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza, totalement assiégée, vivent sous les bombardements israéliens, dans une situation humanitaire catastrophique.

Selon un nouveau bilan publié vendredi par le Hamas, 9.227 personnes, dont 3.826 enfants et presque autant de femmes, ont été tuées dans les frappes israéliennes sur la bande de Gaza.

En Israël, au moins 1.400 personnes ont été tuées selon les autorités depuis le début de la guerre, le jour de l'attaque du Hamas d'une ampleur inédites depuis la création d'Israël en 1948. Plus de 240 personnes ont été prises en otage.

-"Pertes douloureuses" 

"Nous sommes au cœur de la campagne (militaire), nos succès sont impressionnants", s'est félicité le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, jeudi, lors d'une visite d'une base militaire près de Tel-Aviv.

Il a toutefois reconnu que l'opération était "difficile" et qu'Israël enregistrait des "pertes douloureuses".

La branche armée du Hamas avait prévenu jeudi que "Gaza constituerait une malédiction pour Israël" et que les Israéliens devaient s'attendre à voir revenir des soldats "dans des sacs noirs".

L'armée, qui fait état de 332 soldats tués depuis le 7 octobre, mène depuis une semaine des combats au sol acharnés, accompagnés de bombardements, dans le nord la bande de Gaza où se trouve la principale ville du territoire, afin d'y détruire les infrastructures du Hamas.

Hamad Hamada, un habitant de la ville de Gaza, âgé de 28 ans, a survécu à un bombardement. "Il n'y a eu aucun avertissement, la maison a été visée par une frappe directe. Elle est entièrement détruite alors qu'elle abritait plus de trois familles", a-t-il raconté vendredi à un journaliste de l'AFP.

"Trois enfants d'une même famille ont été sortis, les dégâts sont énormes et tous les autres habitants sont encore sous les décombres", a-t-il ajouté.

Plusieurs bombardements ont frappé le territoire palestinien tôt vendredi, rapporte un journaliste de l'AFP.

Le ministère de la Santé du Hamas indique que sept personnes ont été tuées dans un bombardement sur Jabaliya, un camp de réfugiés palestiniens du nord de la bande de Gaza déjà visé par des frappes meurtrières les jours précédents, et 15 autres dans le quartier de Zaytoun, dans la ville de Gaza.

Des vidéos postées par le Hamas ont montré des combattants du groupe islamiste surgissant de tunnels pour attaquer les chars israéliens, dont la progression est rendue difficile par les destructions.

Des flots de travailleurs exténués 

Vendredi, des flots de travailleurs palestiniens exténués ont commencé à traverser le poste-frontière de Karem Abou Salem (appelé Kerem Shalom du côté israélien), entre Israël et la bande de Gaza, à la pointe sud-est du petit territoire.

Certains affirment ne pas savoir s'ils y ont encore une famille ou une maison.

"Ça fait 25 jours qu'on est en prison et aujourd'hui on nous a amenés ici, on ne sait pas du tout ce qui se passe à Gaza, on n'a aucune idée de la situation", confie à un journaliste de l'AFP Nidal Abed, vêtu d'un T-shirt noir.

Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme s'est dit "profondément inquiet" du renvoi de ces travailleurs "malgré la gravité de la situation" dans le territoire palestinien.

Jeudi, selon l'ONU, 60 Palestiniens blessés ainsi que quelque 400 étrangers avaient pu quitter Gaza vers l'Egypte via le poste-frontière de Rafah, seule fenêtre sur le monde pour le territoire. Le poste-frontière devait rouvrir vendredi.

La visite de M. Blinken intervient à un moment où les craintes d'un embrasement sont au plus haut. Le secrétaire d'Etat doit se rendre aussi en Jordanie, un pays arabe signataire d'un traité de paix avec Israël mais dont les relations avec ce pays se sont tendues depuis le 7 octobre.

Le président américain Joe Biden s'était dit mercredi favorable à une "pause" dans la guerre, même si Washington ne soutient pas les appels à un cessez-le-feu.

A la frontière israélo-libanaise, les accrochages armés quotidiens ont fait 70 morts dans le sud du Liban depuis le 7 octobre, selon un décompte de l'AFP, dont 52 combattants du Hezbollah et au moins sept civils. Huit soldats et un civil ont été tués du côté israélien, selon les autorités.

La guerre a aussi exacerbé les tensions en Cisjordanie occupée, où plus de 140 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre par des tirs de soldats ou de colons israéliens, selon l'Autorité palestinienne.

Alors que de nouvelles manifestations étaient attendues après la prière du vendredi, des centaines de personnes se sont réunies à Ramallah en soutien à Gaza, devant des haut-parleurs crachant des chants nationalistes, selon des images de l'AFP.

Les hôpitaux en danger 

Depuis le 9 octobre, le "siège complet" imposé par Israël à la bande de Gaza prive la population de livraisons d'eau, de nourriture et d'électricité. Le territoire était déjà soumis à un blocus israélien terrestre, aérien et maritime depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007.

L'agence de l'ONU chargée de la coordination humanitaire (Ocha) a estimé vendredi les besoins en aide pour la population de Gaza et de Cisjordanie occupée, soit environ 2,7 millions de personnes, à 1,2 milliard de dollars jusqu'à la fin de l'année.

Quelque 370 camions d'aide humanitaire, une goutte d’eau dans un océan de misère, sont arrivés depuis le 21 octobre selon l'ONU, qui réclame une aide plus massive.

A l'hôpital Al-Shifa, le plus grand du territoire, des médecins ont plusieurs fois lancé un cri d'alarme sur le manque de carburant pour faire fonctionner les générateurs, et sont contraints de soigner des malades à la lueur de leurs téléphones portables. (Quid avec AFP)

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