Gaz: l'Algérie menace de rompre son contrat avec l'Espagne

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Le président de l’Algérie Abdelmadjid Tebboube

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Le ministère algérien de l'Energie a menacé mercredi de rompre le contrat de fourniture de gaz à l'Espagne si cette dernière venait à l'acheminer "vers une destination tierce", dans un contexte de tensions diplomatiques avec Madrid et le Maroc autour du Sahara.

Sonatrach a fourni en 2021 plus de 40% du gaz naturel importé par l'Espagne, dont l'essentiel lui parvient à travers le gazoduc sous-marin Medgaz, d'une capacité de 10 milliards de mètres cubes par an.

Une autre partie du gaz algérien arrivait jusqu'en octobre en Espagne à travers le Gazoduc Maghreb Europe (GME) passant par le Maroc. Mais Alger l'a fermé après la rupture en août de ses relations diplomatiques avec Rabat, privant ainsi le Maroc du gaz algérien qui transitait par son territoire.

Selon un communiqué du ministère algérien de l'Energie et des mines, le ministre Mohamed Arkab a été informé "ce jour (mercredi) par message électronique, par son homologue espagnole, Mme Teresa Ribera, de la décision de l'Espagne d'autoriser le fonctionnement, en flux inverse, du Gazoduc Maghreb Europe" et que "cette opération interviendra ce jour ou demain".

Cette menace intervient après que Le chef de la diplomatie espagnole José Manuel Albares avait sèchement recadré le président algérien en affirmant lundi ne "pas vouloir alimenter des polémiques stériles", précisant que ‘’l'Espagne a pris une décision souveraine dans le cadre du droit international et il n'y a rien d’autre à ajouter". 

"De toutes ces déclarations, avait-il ajouté, ce que je retiens c'est la garantie totale de l'approvisionnement en gaz algérien à l'Espagne et le respect des contrats internationaux".

Le communiqué du ministère algérien de l'Energie n'a pas précisé le nom du pays qui bénéficierait de ce fonctionnement du pipeline en "flux inverse" mais le gouvernement espagnol avait annoncé en février qu'il allait aider Rabat à "garantir sa sécurité énergétique" en lui permettant d'acheminer du gaz à travers le GME après qu'Alger a cessé de l'alimenter.

Tout acheminement de "quantités de gaz naturel algérien livrées à l'Espagne, dont la destination n'est autre que celle prévue dans les contrats, sera considéré comme un manquement aux engagements contractuels, et par conséquent, pourrait aboutir à la rupture du contrat liant la Sonatrach à ses clients espagnols", a averti le ministère algérien.

Cette mise en garde survient dans un contexte de tensions diplomatiques entre Alger et Madrid sur la question du Sahara, ancienne colonie espagnole qui oppose depuis plus de quatre décennies l’Algérie au Maroc par l’interposition des milices du Polisario.

L'Espagne, qu’on dit très dépendante de l'Algérie pour ses approvisionnements en gaz, a tout de même fait évoluer sa position le 18 mars en apportant publiquement son soutien au projet d'autonomie marocain, suscitant l’ire d'Alger qui ne décolère pas depuis.

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